En 2002, Microsoft rachetait Navision pour 10,8 milliards de couronnes, soit 1,45 milliard d'euros afin d'acquérir les droits sur deux ERP : Navision, aujourd'hui Microsoft Dynamics NAV, et Axapta, aujourd'hui Microsoft Dynamics AX. En 2005, la firme de Redmond a revendu les droits à sa filiale irlandaise pour un prix que le Skat juge dérisoire. L'opération a permis à Microsoft de transférer des actifs importants hors du Danemark, où le taux d'imposition est élevé, vers l'Irlande, où le fisc est plus clément. En outre, la filiale irlandaise de Microsoft réalise ses bénéfices dans des paradis fiscaux, car elle est en réalité détenue par des entreprises dont le siège se trouve aux Bermudes et dans les Îles Vierges Britanniques.
C'est la télévision publique danoise DR qui a révélé l'information. Elle précise que le Skat est actuellement en négociations avec Microsoft et les autorités fiscales américaines pour tenter de recouvrer une amende de 5 milliards de couronnes danoises, soit 670,6 millions d'euros, augmentée des intérêts courant depuis les faits, ce qui porte la somme à un total de 5,8 milliards de couronnes, soit 777,9 millions d'euros. Si l'opération porte ses fruits, le gouvernement danois serait à même de financer des projets importants pour lui, comme le futur "Silkeborgmotorvej", une autoroute reliant Herning à Aarhus, ou 15 000 enseignants en école primaire. L'affaire est à suivre, donc, bien qu'il soit assez peu probable que Microsoft accepte de payer près de 800 millions d'euros au fisc danois pour une transaction intervenue il y a plus de 10 ans. La probabilité est d'autant plus faible que ce redressement n'est pas la seule affaire de ce type à laquelle le géant de Redmond ait à faire face en ce moment : Bruxelles, pour non-respect du libre choix d'un navigateur Internet, et même le fisc français, pour des opérations analogues à celle de Navision, sont aussi de la partie.