À l'heure où les entreprises font face à des enjeux de transformation sans précédent, les entreprises voient dans la transformation numérique un moyen de revaloriser le rôle du DRH comme point d'articulation entre l'ambition de l'entreprise et l'engagement des collaborateurs. Cette enquête tente de dessiner le portait robot du DRH de demain, homme clé de cette transformation, garant des changements intervenant dans l'entreprise.
Une dizaine d'entretiens ont été conduits auprès de DHR inspirants et visionnaires. De ces échanges est sorti un questionnaire qui a été partagé sur les réseaux sociaux en avril 2016 et plus de 1 300 DRH, RH ou amis des RH ont répondu.
Une fonction insuffisamment valorisée au vu de son importance
Pour 73 % des répondants, les ressources humaines sont insuffisamment valorisées au vu de l'importance de la fonction. Un manque de valorisation dont souffre la fonction au quotidien dans ses actions et dans son image auprès de l'ensemble des collaborateurs. Une fonction qui s'est aujourd'hui éloignée de son cœur de métier : l'humain. Seuls 11 % des répondants voient le DRH comme la personne au service des collaborateurs. Une fonction qui aujourd'hui apparait comme trop "loin", "absente".
Alors que le monde change à toute vitesse et que les ressources humaines doivent s'adapter, elles sont ralenties par différents décalages : entre missions réelles et mission essentielle, entre place attitrée et place méritée, entre le paraitre et le fond.
La fonction RH est appelée aujourd'hui à sortir de l'ombre, à se réinventer et à prendre la place qu'elle mérite au sein de l'entreprise
Une fonction en mutation et un nécessaire retour aux fondamentaux
Comment envisager de positionner le DRH au cœur de la stratégie de l'entreprise grâce à l'avènement du numérique en laissant de côté l'actif le plus précieux de cette même entreprise, le collaborateur ? Les individus sont le capital de l'avenir. Assumer que les hommes et les femmes sont le cœur de la fonction RH, c'est assumer qu'elle est en charge de la première richesse de l'entreprise et qu'elle est absolument stratégique. Il s'agit de donner aux RH plus de pouvoir et de temps à consacrer à leur véritable mission.
En effet, 75 % des répondants estiment que le DRH doit contribuer à la vision stratégique de l'entreprise et ne doit pas se contenter de la déployer. Si le PDG est le gardien de la vision externe, vision business et marché, le DRH apparaît comme le gardien de la vision interne. Le leader va inventer demain dans le marché d'aujourd'hui, quand le DRH devra inventer demain avec les hommes d'aujourd'hui. Le DRH a en charge l'alignement des deux visions et doit traduire les orientations stratégiques en une véritable culture managériale, afin que celles-ci soient intégrées et appropriées par les collaborateurs. De fait, les plus grands atouts du DRH pour nos répondants sont ses capacités d'anticipation pour 68 % et d'écoute pour 66 %... avant son aura (34 %) et sa générosité (31%).
Cette fonction, qui fait appel à un talent particulier, pose la question de l'apprentissage. Pour 57 % des répondants, la meilleure formation aux ressources humaines s'apprend sur le terrain quand seuls 7 % plébiscitent la formation académique. 67 % estiment que le DRH doit venir d'un poste opérationnel et non du sérail RH.
Les grands défis du DRH de demain
Trois enjeux de taille ont émergé de l'étude : l'engagement des collaborateurs, la transformation numérique et la diversité des métiers, des compétences, des profils, des talents. Le DRH doit être en mesure d'adresser demain ces enjeux vitaux pour les entreprises. Il se doit d'être le gardien des compétences dans un monde ou 50 % des compétences actuelles seront obsolètes d'ici deux ans ; le gardien du lien pour accompagner les collaborateurs dans la transformation de toute l'organisation ; le gardien du sens pour engager les collaborateurs dans cette transformation.
"Afin d'endosser une telle fonction et toutes les responsabilités qui en découlent, la/le DRH doit être animé(e) d'un désir sincère de bienveillance envers ses collaborateurs, un désir venant de sa personne et de sa personnalité et non de ses fonctions. Bien évidemment, bienveillance ne rime pas pour autant avec complaisance : la/le DRH doit savoir communiquer les décisions complexes et difficiles et savoir dire non. Cette exigence implique de placer les collaborateurs dans une relation de réciprocité dont les fondements demeurent la sincérité et la confiance, confiance sans laquelle aucune transformation ne sera possible, déclare Emmanuelle Duez, entrepreneur, The Boson Project.
Quelle que soit la dominante, le DRH sera sans aucun doute le gardien pluri-forme de toutes les richesses de l'entreprise, humaines et immatérielles (compétences, lien, sens...). Le DRH devra jongler entre un registre collectif, pour fédérer et embarquer, et un registre individuel, pour accompagner et engager personnellement. Du relief, de la profondeur, de l'épaisseur... l'homme devra être à l'image de sa fiche de poste : exceptionnel.
Des valeurs, une histoire, un caractère, un rêve collectif : tout cela contribue à doter les entreprises de personnalités. Demain, qui seront les gardiens et les garants de cette âme qui animera les entreprises ? Un DRH rock star, en capacité de faire vivre, partager et rayonner cette âme dans tout le public des collaborateurs !