Comment voyez-vous évoluer le marché et les attentes des entreprises en cette période de reprise annoncée ?
Alexandre Arrighi. En ces temps de crise, les gens sont particulièrement sensibles à l'acquisition d'un nouveau système. C'est assez bénéfique pour nous, éditeur Open Source, car l'Open Source a la réputation d'être moins onéreux à l'acquisition et de donner plus de contrôle sur les dépenses budgétaires dans l'implémentation d'un nouveau système. C'est prometteur : nous nous appuyons beaucoup sur le Web ; il y a beaucoup de téléchargements. Notre réseau de prospects vient essentiellement du Web et on note un nombre de téléchargements croissant, que ce soit du produit ou des sollicitations de mise en contact à travers des partenaires, puisque nous travaillons uniquement via des partenaires-intégrateurs qui s'occupent de contacter les clients, d'implémenter la solution et de fournir du service par la suite.
Jean-Marie Micallef. Nous avons la même opinion : la crise a crédibilisé le système Open Source en tant que système alternatif. On s'est rendu compte avec la crise que tout ce qu'on croyait inébranlable pouvait tomber : les éditeurs peuvent avoir des problèmes dans les systèmes propriétaires. Les entreprises se sont dit : "pourquoi ne pas regarder les systèmes Open Source ?". Les budgets des grosses DSI des grands groupes ont été extrêmement resserrés. Les gens ont cherché une solution et ont envisagé l'Open Source. Le retour que j'en ai de mes clients grands comptes, c'est que là où ils s'attendaient à trouver des solutions un peu bricolées, ils se rendent compte que ce sont des solutions en fait extrêmement matures, avec des intégrateurs qui maîtrisent parfaitement leur métier. Quant aux PME, elles ont une forte demande parce que la crise conduit bien évidemment à rationaliser les processus. Et l'Open Source est pour elles une vraie alternative parce qu'elles se rendent compte qu'elles obtiennent une économie d'échelle importante et surtout, elles ont un sentiment de liberté. On peut traiter les PME comme il faut : une PME n'est jamais comme une autre, elle a une spécificité. Un éditeur propriétaire ne sait pas le faire. Un intégrateur qui s'appuie sur un éditeur Open Source sait le faire.
Quels sont vos facteurs différenciateurs et vos atouts sur le marché national et international des ERP ?
Alexandre Arrighi. Il y en a plusieurs. Au niveau du modèle, une entreprise Open Source a un mode de développement collaboratif qui permet d'aller sur le marché beaucoup plus rapidement qu'un éditeur propriétaire. Le fait d'ouvrir nos sources et de permettre aux gens de l'écosystème, que ce soit des partenaires, des clients ou des contributeurs, d'apporter leur pierre à l'édifice, nous permet de couvrir des spécificités locales ou verticales des services métiers beaucoup plus vite que ne le ferait un éditeur propriétaire, au niveau du modèle d'affaires que nous propose l'Open Source. Quant au produit, nous sommes l'un des rares produits "full web" qui permet des déploiements très rapides, ce qui est un élément différenciateur par rapport aux poids lourds du secteur du marché ERP. Le fait d'être Open Source permet aux partenaires qui intègrent la solution de la personnaliser de façon beaucoup plus avancée que ne le permettrait un logiciel propriétaire, dont le code n'est pas assez accessible. Le coût d'acquisition est moindre, on peut aller beaucoup plus loin dans le personnalisation : c'est un facteur très important pour les PME-PMI, qui ne sont pas des grands groupes et qui ont besoin d'un logiciel qui s'adapte à leurs besoins. Je pense que ce sont deux facteurs très importants sur le marché des ERP.
Jean-Marie Micallef
Jean-Marie Micallef. Notre produit innovant "full web" attire une forte demande, aussi bien de la part des PME que des grands groupes. Ne serait-ce que pour consulter les informations en dehors de l'entreprise, c'est quelque chose d'important. Un deuxième atout quand on fait de l'Open Source est la modularité. On dit souvent que la mise en ?uvre d'un ERP d'un éditeur propriétaire suit la méthode du big bang. Payer des licences coûte très cher. Vous avancez au rythme imposé par l'éditeur ou l'intégrateur, pas au rythme propre à l'entreprise. Quant à nous, nous sommes tellement modulaires que nous sommes capables, par exemple, de démarrer avec la gestion des achats et de mettre petit à petit les modules en place. Avec les systèmes ouverts, on est capable de s'interfacer avec les applications en place et d'intégrer un SI. Dans les grands groupes, nous venons combler leurs manques. Petit à petit, ils vont se rendre compte que nous sommes aussi bons qu'eux. Nous avons un bel avenir devant nous.
Quelle est votre vision de la nouvelle génération d'ERP, intégrant par exemple des technologies comme le e-commerce, les réseaux sociaux, mais aussi de nouveaux besoins tels que la distribution multi-canal ?
Alexandre Arrighi. Nous sommes déjà dans la nouvelle génération avec notre solution 100 % Web. Il y a beaucoup d'ERP qui n'y sont pas encore. Pour ce qui est de l'interfaçage avec des modules d'e-commerce, des modules faits par des intégrateurs nous permettent d'intégrer le back-office avec le front-office Web. Nous avons un module d'intégration avec Magento, qui est un module d'e-commerce Open Source. Pour ce qui est des réseaux sociaux, on n'en est pas encore à intégrer ces fonctionnalités. Mais la version 3.0, qui va sortir dans quelques mois, début 2011, intègre des éléments comme des widgets, des tableaux de bord, ce qui donne la possibilité de partager des informations avec des gens de l'entreprise en temps réel : c'est quelque chose que nous allons prendre en compte dans le futur. Quant à la distribution multi-canal, certains clients l'ont mise en ?uvre.
Jean-Marie Micallef. Je vais parler plus particulièrement de la distribution multi-canal. Pour nous, c'est une réalité, nous avons fait le salon Equipmag il y a 15 jours et OpenBravo y a rencontré un succès important. En effet, nous avons deux applications, dont OpenBravo POS, qui est la partie système d'encaissement avec des caisses à écran tactile permettant de faire beaucoup de choses et qui est très apprécié. L'ERP intègre naturellement par-derrière les données e-commerce. Il n'y a pas beaucoup d'ERP qui sont capables de présenter une architecture qui intègre des flux de vente en e-commerce du débit à l'expédition, ou du débit à la commande, selon la manière dont on traite les clients, et qui remontent aussi des informations des points de vente aux caisses. Beaucoup d'enseignes ont à la fois de la distribution de proximité et de la distribution Internet : le multi-canal est donc une réalité. OpenBravo se retrouve au milieu tout à fait naturellement. Il consolide les deux, il gère les achats, les approvisionnements, il est tout à fait opérationnel. Le multi-canal est très performant : ce n'est pas moi qui le dis, ce sont nos clients. Avec le full Web et la modularité de l'architecture technique, OpenBravo est dans la nouvelle génération d'ERP.
Propos recueillis par René Beretz