À l'instar de nombre de ses concurrents, comme Oracle ou Qlikview, par exemple, SAP travaille sur les nouvelles technologies dites "in-memory", présentées comme étant une rupture majeure dans la manière de traiter des quantités importantes (voire colossales) de données en mémoire, sans aucun recours à des technologies de stockage classiques, comme des disques durs, aux accès plus lents d'un facteur 1000.
Une nouvelle génération d'applications
"Nous sommes heureux de présenter HANA (High-Performance Analytic Appliance) aujourd'hui, qui au delà de la technologie ouvre la voie à une nouvelle génération d'applications", a lancé Vishal Sikka lors de la conférence de presse d'hier. "Les avancées réalisées en matière de processeurs et surtout de mémoire, dont les prix ont considérablement diminué au cours de ces dix dernières années et dont la taille et la rapidité ont progressé en sens inverse, nous permettent aujourd'hui de lancer cette technologie et de d'ores et déjà proposer une application s'appuyant dessus". Et Vishal Sikka d'illustrer son propos par un exemple en citant un ensemble de requêtes exécutées sur une base de données de 45 milliards d'enregistrements (!), hébergée sur une machine composée de 10 blades. Chaque blade disposait de 500 Go de mémoire et le coût de l'ensemble s'élevait à 532 000 $, "ce qui reste très raisonnable", selon Vishal Sikka.
Un projet de co-innovation
HANA n'a pu voir le jour qu'au travers d'un programme de co-innovation impliquant, outre SAP pour le logiciel, des partenaires constructeurs, comme IBM, HP ou Fujitsu-Siemens. Il faut y ajouter Cisco, Dell et bien sûr Intel, avec qui SAP travaille depuis longtemps pour la mise au point de ce projet. Le programme a aussi impliqué de nombreux clients SAP, mis à contribution pour les tests en situation, dont Coca-Cola Hellenic, l'indien Future Group ou encore le groupe originaire du Liechtenstein Hilti, dont le patron des "PCC HR, Finance & Reporting", Christian Ritter, a apporté son témoignage lors de la conférence de presse. "Le rôle de l'écosystème a été fondamental dans ce projet", a commenté Vishal Sikka.
Celui-ci s'est déclaré "très impressionné par cette nouvelle dimension apportée au reporting", avant de relater son expérience, qui a surtout consisté à tester les interactions entre HANA et son ERP. Il a pour cela travaillé sur une base de données de 9 millions de clients et mis en ?uvre son application de gestion des contacts clients avec HANA. Sa conclusion est sans appel : "là où il nous fallait 2 à 3 heures de traitement auparavant, HANA ne nécessite que 2 à 3 secondes". Christian Ritter n'a pas tari d'éloges à propos de cette nouvelle technologie, qui est pour lui de nature à réduire la complexité de manière très simple et ouvre la voie à un reporting en temps réel et à la demande. "Nous souhaitons maintenant passer à l'étape suivante, en traitant notre reporting corporate. Je suis confiant quant aux capacités de HANA à le traiter dans des délais 'haute performance'", a-t-il conclu. Il a même rajouté qu'à moyen terme, HANA aurait sans nul doute un profond impact sur l'organisation Hilti.
Une première application
BusinessObjects Strategic Workforce Planning est le nom de l'application qui aura la primeur de cette technologie (cf. copie d'écran ci-dessous) ; elle devrait être rendue disponible dès ce mois-ci et pourra intégrer des données de différentes sources, SAP ou non-SAP. Elle est destinée à simuler des scénarios en temps réel, à analyser rapidement des relations complexes et à déterminer dans quelle mesure les changements organisationnels proposés vont impacter l'activité de l'entreprise. Elle permettra aux départements des ressources humaines de simuler des évolutions d'effectifs en utilisant une modélisation prédictive.

Les "appliances" (combinaison du matériel des différents constructeurs partenaires du projet et du logiciel) sur lesquels s'appuie HANA pour répondre à des besoins spécifiques, comme par exemple ceux de Strategic Workforce Planning, n'ont pas encore de tarif, car pour le moment la solution n'est disponible qu'en ramp-up (expression SAP pour qualifier les versions bêta).
S'il s'agit là d'une première offre, à valeur de test, "nous allons sur cette base transformer l'ensemble du portefeuille applicatif de SAP en le renouvelant et en l'enrichissant", a affirmé Vishal Sikka tout en précisant que l'un des principes fondamentaux de HANA était de n'entreprendre aucune action destructrice de produits existants, y compris BW et Explorer, même si avec le temps ces produits seront appelés à être remplacés.
Quant à la nouvelle version 4.0 des outils BO, annoncée la semaine dernière (cf. SAP BusinessObjects BI 4.0 : une version de convergence bientôt disponible), "nous avons combiné les deux technologies et BO est entièrement intégré dans la couche NetWeaver", explique le CTO.
Vishal Sikka place de grands espoirs dans la technologie HANA, qui devrait selon lui trouver des applications bien au delà des solutions décisionnelles : à terme toutes les applications SAP, y compris les solutions ERP, devraient être basées sur HANA.
Benoît Herr