L'histoire de cette entreprise spécialisée dans la protection des plantes et les pesticides commence en 1926 avec le négoce d'engrais en gros. Ayant évolué dans les années 60 vers la production de produits phytosanitaires et de semences, elle devient également à la même époque grossiste régional. En 1979, le décès brutal de Bernard De Sangosse, le patron de cette entreprise alors encore familiale, dont l'héritière n'est âgée que de 9 ans, ouvre une période un peu trouble, qui s'étalera sur 10 ans. Finalement, l'entreprise sera rachetée par 82 de ses 85 salariés en 1989, à hauteur de 56 % du capital, dans le but principal de préserver son indépendance. La famille De Sangosse conservera 44 % du capital.
Bénéfices du RES
Le RES (Rachat de l'Entreprise par ses Salariés, forme française particulière d'un LBO (Leveraged Buy-Out)) crée une grande cohésion et un fort sentiment d'appartenance dans les rangs des collaborateurs. Il permet également de mettre en place des principes de gestion et de partage des résultats. Priorité est néanmoins donnée au développement de l'entreprise plus qu'à la distribution de dividendes, 2/3 des résultats restant dans l'entreprise. Et elle se développe, cette entreprise : en 1992, elle commence ses activités à l'export, d'abord en Angleterre et en Allemagne, puis en 1998 en Chine. En 1995, De Sangosse comptait 120 collaborateurs et générait l'équivalent de 100 M€ de chiffre d'affaires.
Produits de De Sangosse
2002 est une date importante pour De Sangosse : c'est l'année du rachat de Liphatech, une unité de production du groupe Merck qui se spécialise dans la lutte contre les rongeurs. C'est à cette occasion qu'elle s'équipe d'un ERP, en complément des logiciels spécifiques utilisés jusqu'alors. Depuis, plusieurs acquisitions sont intervenues : Agridyne sur le marché des adjuvants, Agronutrition et Amiflor sur celui de la nutrition des plantes.
En 2009, un nouveau RES a lieu et là ce sont 86 % du capital que se répartissent 410 des salariés de l'entreprise. L'export s'est bien développé aussi, puisqu'il représente actuellement 20 % du chiffre d'affaires total du groupe et concerne une centaine de collaborateurs. Aujourd'hui, les diverses unités de production de De Sangosse fabriquent des produits dans quatre domaines : les anti-limaces, les adjuvants, les anti-rongeurs et la nutrition des plantes (cf. schéma).
Arrivée de l'ERP
L'informatique de De Sangosse repose depuis la nuit des temps sur des serveurs IBM i, autrefois connus sous le vocable "AS/400". Deux développeurs assuraient et assurent toujours la conception et la réalisation d'applications maison, comme par exemple une gestion d'entrepôt comptant rien moins que 3 000 programmes. Mais lors du rachat de Liphatech en 2002, un défi est lancé au service informatique : démarrer un système de gestion pour cette usine en 3 mois. C'est alors que De Sangosse s'oriente plutôt vers un progiciel. C'est l'ERP Minos du français Ordirope qui est retenu, "sur des critères de fiabilisation des informations, de suivi des contrôles, de possibilités de traçage, de meilleur suivi des stocks ou encore d'intégration en temps réel des commandes", explique Jean-François Judit, responsable des domaines informatiques production, logistique et R&D chez De Sangosse.
L'un des sites de De Sangosse à Pont du Casse
Une équipe de projet est alors mise en place et certains collaborateurs sont délocalisés sur la région lyonnaise, où se trouvait alors l'usine. Bien que réduite, l'équipe réussit effectivement le tour de force de démarrer le SI de Liphatech en 3 mois, au printemps 2003. Depuis, l'utilisation du progiciel a été étendue à 4 autres sites de production, dont les 3 sites de Borie Industrie, et à deux sites d'administration des ventes. Et parallèlement, l'usine lyonnaise de Liphatech a été physiquement rapatriée à Pont du Casse.
Vers Java
Ecran de Minos 4.2 en mode caractère
Satisfait de son ERP et de la souplesse qu'il a apporté à l'entreprise qui lui appartient partiellement, rappelons-le, Jean-François Judit n'entend pas en rester là. Ordirope a fait évoluer son offre et propose désormais une version Java de son progiciel Minos. Mais on s'accorde à dire que 70% des projets de migration vers une plate-forme Java en environnement IBM i sont des échecs. Cela est principalement lié aux changements de culture, d'organisation et de méthodes que génèrent ces migrations. C'est pour tenter d'éviter ces travers qu'Ordirope a reproduit les méthodes et moyens de développement traditionnels de l'environnement AS/400 en proposant une plate-forme de développement dans un environnement universel Java. Couplé avec la version Java de Minos, cet outil baptisé Argoline évite de bouleverser les habitudes des développeurs.
Ecran de Minos 4.4 (version Java)
En 2009, De Sangosse a décidé d'adopter cette nouvelle version de l'ERP ainsi que la plate-forme de développement Argoline. "Les arguments en faveur de ce choix étaient principalement l'interface utilisateur plus conviviale, permettant une personnalisation des écrans et incluant des possibilités propres aux interfaces graphiques, comme la définition de favoris, l'utilisation de liens hypertextes ou encore l'association de pièces jointes", précise Jean-François Judit. "Cette version rend également l'utilisateur plus autonome pour ses exportations de données et soulage de ce fait le service informatique. Elle permet aussi d'intégrer plus rapidement les filiales, l'outil informatique étant commun alors même que les organisations sont hétérogènes. Enfin, l'ERP Minos dans sa version Java est conçu pour permettre de faire cohabiter les deux versions, la version traditionnelle, en mode caractère, et la version Java. De ce fait, aucun investissement en matériel n'est nécessaire : la version Java ne créé en effet pas de surcharge sur le système i, le serveur Java étant hébergé sur un simple PC en frontal du serveur IBM i."
L'adoption d'Argoline par les développeurs s'est faite en 2 mois et en temps masqué, si l'on en croit Jean-François Judit. Par ailleurs, la version 4.4, Java, de Minos a apporté un module d'ordonnancement, qui n'existait pas auparavant. Le déploiement de l'intégralité des modules Java de l'ERP a nécessité 9 mois et le démarrage en production est intervenu le 10 mai 2010. Aujourd'hui, toutes les usines concernées bénéficient de cette version graphique. Mais comme indiqué plus haut, dans la mesure où aucun investissement matériel n'a été ni nécessaire ni réalisé, les postes "passifs", encore très usités dans les ateliers de production, accèdent toujours à l'application en mode caractère tandis que les postes clients dits intelligents bénéficient de l'interface graphique (cf. illustration).
Benoît Herr
De Sangosse en bref
Siège à Pont du Casse (Lot et Garonne)
550 collaborateurs dont
- 200 à Pont du Casse (dont 30 personnes à la recherche & développement)
- 250 sur d'autres sites en France
- 100 à l'étranger
CA : 225 M€ en 2010 dont 41 M€ à l'export
4 familles de produits :
- anti-limaces
- adjuvants
- anti-rongeurs
- nutrition des plantes
Volumétrie annuelle des différentes unités de production concernées par Minos :
Liphatech :
2500 composants
700 références produits finis actives
1000 ordres de production
400 commandes achat
2500 commandes clients + 1900 "Myriad"
Agronutrition :
1100 composants, dont 900 étiquettes
765 références produits finis actives
2500 à 2700 ordres de production
600 à 700 commandes
2600 à 3000 ordres clients
Borie Industries (3 sites de production) :
500 composants
210 références produits finis actives
250 ordres de production
300 commandes achat
De Sangosse :
2971 références "Agricole"
5214 références "Jardin"
138077 bons de livraison
3 599 637 colis préparés :
999 898 lignes préparées
46419 tonnes
Taux de fiabilité moyen : 99,40 %