Discret, Compex Commerce est pourtant présent en France depuis plus de 5 ans. D'origine allemande, cet éditeur international se spécialise dans les métiers du commerce. Il se positionne en concurrence directe avec des Generix et autre Aldata. Né il y a plus de 25 ans, Compex Commerce est l'un des principaux acteurs de ce marché en Allemagne. Sa solution a notamment été retenue par deux des plus grands distributeurs (Rewe et Kaiser?s Tengelmann) et deux des plus grands discounters (Penny Market et Plus) du pays. Il totalise plus de 50 000 utilisateurs pour quelque 160 clients.
Créée par Christophe Loetz, un universitaire, mathématicien de formation, qui a "pris goût au métier au fur et à mesure", comme il le dit lui-même, la société propose ses solutions plus particulièrement aux secteurs de l'alimentation, des biens d'équipement, de l'électronique, de l'électroménager, de la quincaillerie, du bricolage, des matériaux de construction, du sanitaire, de la droguerie, de la parachimie, du meuble et du textile. Son chiffre d'affaires n'est pas communiqué, car outre la famille Loetz, son capital comporte un actionnaire silencieux, le Land de Bade-Wurtemberg, qui agit à la manière d'un capital-risqueur. L'intérêt de cette démarche pour la société est d'avoir la capacité d'emprunter pour financer des projets. Pour la collectivité territoriale, elle permet de rééquilibrer un peu le marché ; basée à Heidelberg, Compex Commerce n'est éloignée de Walldorf, siège de SAP, situé dans le même Land, que de 10 km ! "Mais, à périmètre égal, un projet Compex ne représente généralement que 10% d'un projet SAP, en termes de temps passé, de coûts comme de risques", tient à préciser Christophe Loetz. En Allemagne les marges de la distribution sont encore plus serrées qu'en France : 1%, contre 3 à 5% dans l'hexagone. "Il est donc nécessaire de serrer au maximum les coûts, dont les coûts logistiques", commente le patron de Compex Commerce.
La société compte une centaine de collaborateurs, dont 13 en France, basés à Poissy, dans les Yvelines. Outre l'Allemagne et la France, elle est également présente en Italie, en Espagne, au Danemark, en Belgique, en Hongrie, en République Tchèque, en Slovénie, en Croatie, en Serbie et compte même une installation aux États-Unis.
Tout est processus
Le produit Compex Commerce repose sur un modèle de référence comportant plus de 400 processus de gestion métiers, allant de l'achat à la comptabilité en passant par la logistique et la vente. Ce modèle de référence est en mesure de reproduire l'ensemble des processus commerciaux de l'entreprise et a été intégré dans le logiciel dès sa conception, au milieu des années 80, ce qui pour l'époque était assez visionnaire.
Christophe Loetz, fondateur de Compex Commerce (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
L'offre se divise en trois parties standardisées :
- Le logiciel en lui-même, développé en Java et C++. La couche d'encapsulation repose sur Python et l'architecture est JEE5. Sa base de données est le plus souvent Oracle (à 99%) et du côté de l'interface utilisateur, on trouve un client léger, qui tourne dans un navigateur ;
- Un modèle de référence, qui correspond peu ou prou à un recueil de "best practices" ;
- Une méthodologie spécifique, appelée 2BEE. "BEE" peut à la fois signifier "Best Enterprise Engineering" et "Business Engineering Environment", d'où le "2" placé devant. La partie logicielle de cet environnement permet de dessiner des processus, via Visio de Microsoft, et de personnaliser son installation logicielle, qu'il s'agisse de Compex Commerce ou d'un logiciel tiers, ou des deux. En bout de chaîne, l'outil génère un jeu de tests, ainsi que des instructions SQL ou des paramètres pour les outils de workflow. Bien entendu, les processus ainsi décrits sont évolutifs et non figés. L'éditeur appelle cela "permanent approvement process".
Cette méthodologie 2BEE est le principal facteur différenciateur de Compex Commerce. Fonctionnellement, le logiciel couvre la gestion commerciale, la comptabilité, la logistique et la Business Intelligence. "Les seuls domaines fonctionnels que nous ne couvrons pas sont les ressources humaines et la gestion des immobilisations", indique Christophe Loetz.
Caractéristiques des projets
Un projet Compex typique nécessite de 6 à 18 mois. Il faut compter 6 à 10 semaines en PME et de six mois à un an pour un projet de taille plus importante. Quant aux très grands projets, ils peuvent demander jusqu'à 2 ans de mise en ?uvre. "Mais les projets sont d'autant plus rapides que les entreprises collent au standard", explique Christophe Loetz. "Chez Plus, par exemple, qui compte tout de même 2700 magasins, nous avons réalisé les adaptations en 4 mois puis déployé le logiciel complet sur les 2700 magasins en 9 mois". Du point de vue du budget, pour une telle installation il faut compter en moyenne 2000 euros de logiciel par utilisateur, plus le service correspondant, ce qui correspond au bas mot à encore une fois 2000 euros, mais peut être encore plus.
Exemple d'écran de Compex Commerce (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Le logiciel est conçu pour répondre aussi bien aux besoins des tout petits clients comme des plus gros. "Notre plus petit client est un marchand de miel équipé d'un PC unique. Et le même logiciel est utilisé dans les grands groupes de 20 000 utilisateurs. C'est ce qui le rend intéressant", commente Christophe Loetz.
Le helpdesk de Compex compte 3 niveaux. Au 3e niveau, qui fonctionne 24h/24 et 7j/7, le temps de réaction moyen est de 15 minutes. "Nous sommes probablement parmi les meilleurs du marché dans ce domaine", ajoute Christophe Loetz, non sans une certaine fierté. "Les grands centres logistiques fonctionnent 24h/24 et une panne du système d'information ferait de gros dégâts. C'est pour cela que nous avons ce niveau d'astreinte".
Pourquoi un tel déficit de notoriété en France ?
"Selon la loi allemande, nous sommes dans l'obligation contractuelle de nous taire, de ne pas communiquer sur nos réalisations. C'est l'inverse de la France, où l'on aime bien, au contraire, faire état de ses réussites", explique le patron de Compex Commerce. "Nous communiquons donc peu, mais nous sommes en train d'évoluer". S'il s'agit là sans doute d'une des raisons du déficit de notoriété de cet éditeur, ce n'est pas la seule. Ses clients hexagonaux se comptent en effet encore sur les doigts d'une main : citons Pro&Cie (Groupe Thuillier) à Thionville et l'Union des Coopérateurs d'Alsace (COOP Alsace).
Autre facteur de ce déficit, la saturation du marché français en produits similaires, bien que Christophe Loetz s'en défende. "Nos concurrents d'envergure européenne s'appellent Aldata et SAP. Et ça s'arrête là !", affirme-t-il. "Ensuite, il y a des acteurs locaux dans chaque pays". Il considère donc les Cegid, Generix, Ordirope et autres concurrents comme des acteurs locaux. "Les petits disparaissent ou sont rachetés. Il faut une taille critique pour pouvoir répondre à des grands groupes comme Casino, par exemple", dit-il, alors même qu'on peut se demander s'il a lui-même atteint la taille critique à laquelle il fait allusion.
Exemple d'écran de Compex Commerce (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
L'objectif de Compex en France pour les 5 années à venir est de couvrir les mêmes métiers qu'en Allemagne, c'est-à-dire de trouver des clients dans les secteurs du bâtiment, de la grande distribution alimentaire ou non alimentaire et des produits bruns et blancs. Outre la prospection commerciale classique, Compex compte beaucoup sur le bouche-à-oreille pour atteindre ses objectifs. "Nous n'intégrons pas, comme SAP par exemple, de critères de vitesse, pour atteindre nos objectifs. Ce qui nous importe est que l'installation fonctionne et qu'elle fonctionne bien, explique Christophe Loetz.
Pour arriver à ses fins, Compex compte aussi sur ses facteurs différenciateurs qui, outre la méthodologie 2BEE et son "permanent approvement process" sont également un fonctionnement en workflow, qui permet de contrôler de bout en bout et d'industrialiser les process du retail et sa Business Intelligence en temps réel. Parmi ses autres facteurs différenciateurs, citons la compatibilité ascendante des versions successives, y compris pour les spécifiques réalisés par le client (moyennant finances, dans ce dernier cas), l'évolutivité sans changer de produit et la possibilité d'utiliser la solution en mode SaaS comme en on-premise.
Benoît Herr