Comme dans toutes les technologies émergentes, la terminologie et la classification du cloud computing sont encore fluctuantes. D'après les travaux du NIST (National Institute of Standards and Technology) cités par Markess International, le cloud computing peut se définir comme la combinaison de cinq facteurs : des ressources virtualisées, l'approvisionnement automatisé et standardisé, catalogue de services, ajustement des ressources aux besoins, des dépenses de fonctionnement plutôt que d'investissement.
La fourniture d'infrastructures et de plates-formes, facteur de progression du cloud computing
Mais que met-on réellement dans le cloud computing ? Une façon de l'aborder est de le considérer comme une évolution du SaaS, c'est-à-dire des applications fournies comme des services. Même si cet aspect reste prépondérant, le cloud computing est beaucoup plus riche car il permet aussi de fournir à la demande des ressources informatiques et des environnements de développement. Le IaaS met à la disposition des utilisateurs des environnements d'exploitation au-dessus de serveurs, de baies de stockage et de réseaux. Le PaaS fournit des environnements de développement et de test, au-dessus de bases de données, de moteurs applicatifs, de gestion d'accès et d'identité voire de processus collaboratifs.
Sur la place du PaaS et du IaaS, Markess International a recueilli les réponses de 150 décideurs des secteurs privé et public (73 % issus de l'informatique et 27 % d'autres métiers) et de 75 responsables d'offreurs de solutions. La pénétration du cloud computing dans les organisations françaises progresse mais elle est inégale selon les activités. L'informatique et les télécommunications ont été des précurseurs car ces secteurs l'utilisent pour leurs propres besoins. Le SaaS occupe une place prépondérante : 24 % des organisations l'ont adopté en 2010, 31 % devraient l'avoir fait en 2011, 35 % en 2012. Par contre, seules 2 % des organisations ont adopté le IaaS ; elles devraient être 5 % en 2011 et 10 % en 2012. Quant au PaaS, il n'a séduit que 1 % des organisations en 2010, et devrait concerner 2 % d'entre elles en 2011 et 4 % en 2012. la cible du PaaS est plus étroite que celle des deux autres volets : il séduit en particulier les éditeurs de logiciels, à qui il offre de moyens de développement et de test très souples.
Tandis que 57 % des organisations en sont au stade exploratoire pour le IaaS et le PaaS, 26 % d'entre elles ont engagé plusieurs projets de ce type et 17 % ont un engagement stratégique. Trois options s'offrent aux entreprises. Le cloud privé interne, réservé à la société et à ses filiales, est géré par des centres de données privés. Le cloud privé externe est hébergé chez un tiers mais dédié à la société. Le cloud public, géré par un prestataire externe, est accessible par Internet et ses ressources peuvent être partagées par plusieurs clients. Les personnes interrogées se déclarent souvent intéressées par deux formules, ce qui donne les réponses suivantes : 42 % retiennent ou privilégient le cloud privé interne, 54 % le cloud privé externe et 36 % le cloud public. Si le cloud privé recueille la majorité des suffrages, le cloud public intéresse surtout les petites structures. Un cloud privé interne se monte habituellement à partir d'infrastructures existantes : il s'agit donc d'une transformation souvent complexe.
Un certain nombre de freins s'opposent à une diffusion plus large de ces nouvelles technologies. Parmi ceux-ci, les responsables interrogés citent d'abord la confidentialité des données (pour 49 % d'entre elles), la localisation des données, la dépendance au réseau, le manque de retours d'expérience concrets, l'intégration à l'existant et l'interopérabilité. Ils citent aussi le manque de clarté des notions de IaaS et de PaaS. On constate donc sans surprise que les décisions sont longues à prendre pour ce type de solution. Quant aux facteurs de succès, les plus souvent cités sont la gestion des engagements de service, la maîtrise des enjeux sécuritaires et du trafic réseau, l'intégration à l'existant, la mise en place de normes et de standards. Selon l'interlocuteur, certains facteurs peuvent donc être considérés soit comme des obstacles, soit comme des catalyseurs.
Des progrès à faire dans la transparence et l'adéquation des contrats
La gestion et la compréhension des contrats posent encore de nombreux problèmes. Il y a une vraie demande de clarification, alors que le cloud computing reste opaque sur nombre d'aspects des solutions proposées, en particulier, la localisation des données, la sauvegarde, la restauration. La question de la transparence des tarifs est souvent posée. Le mode de facturation est souvent incompréhensible et surtout, il ne correspond pas ce qu'attendent les utilisateurs. Au-delà des tarifs annoncés par utilisateur et par mois, il est difficile de calculer les coûts réels. Idéalement, les sociétés aimeraient être facturées à la transaction réussie, par exemple au nombre d'entités vendues : tickets, billets, voitures...
Alors qu'en SaaS les contrats sont souvent gérés par les directions métiers, le PaaS et le IaaS voient le retour de la DSI, souvent accompagnée de la direction des achats et de la direction administrative et financière. Ce sont effectivement de gros projets de transformation qui ont un impact important au niveau de l'entreprise.
Une pléiade d'acteurs d'une grande variété
Les solutions de PaaS et de IaaS comportent de nombreuses briques et font donc intervenir de nombreux acteurs dans des domaines variés : au-dessus de la couche des processeurs, réseaux, stockage, sécurité, virtualisation, viennent les centres de données, les hébergeurs à valeur ajoutée, les SSII, les opérateurs en télécommunications et certains "pure players". Le client final est confronté à une vraie complexité quand il doit évaluer l'apport de chaque solution, dont il doit bien évaluer les caractéristiques, au-delà du discours marketing.
Le discours des grands acteurs se veut rassurant : d'après eux, le cloud permet de faire des choses que l'on ne saurait pas faire autrement, comme mobiliser des milliers d'instances d'une application pour gérer des pics d'activité ou pour faire des tests. La souplesse d'utilisation est probablement le différenciateur principal du cloud computing.
René Beretz