Née en 2005, Idylis était une start-up spécialisée dans la gestion comptable en mode SaaS, qui jouait dans la même cour que les Ciel et autres EBP. "Notre plus gros challenge de 2010 a été le redressement d'Idylis", explique Thierry Meynlé, président du directoire de Divalto. Au moment du rachat, la start-up était en effet en difficultés, avec 1 M€ de pertes pour 650 K? de chiffre d'affaires. "Ce n'est pas une situation unique, car toutes les start-up font peu de chiffre et réalisent de gros investissements", poursuit-il. "Mais surtout, le mode de commercialisation 100% direct qu'ils avaient adopté ne convenait pas du tout."

100% indirect

Divalto est en effet connu pour s'appuyer sur un modèle de distribution 100% indirect. C'est précisément ce modèle que Thierry Meynlé cherche à reproduire pour Idylis, avec plus ou moins de bonheur pour l'instant. "Plus encore que pour Divalto, la réussite d'Idylis passe obligatoirement par le développement du réseau indirect", estime-t-il. "Il est indispensable d'être au contact des clients, qui sont des TPE, et de les accompagner dans toutes les phases du projet. D'autant plus qu'en TPE, c'est le prix qui joue avant tout." De fait, les clients d'Idylis sont surtout des start-up, des agences de communication comme Rouge Vif, par exemple, des entreprises du high-tech, mais aussi des professions libérales ou des consultants indépendants. En d'autres termes, une clientèle complètement différente de la clientèle traditionnelle de Divalto. Pour Thierry Meynlé, "l'intégration d'Idylis représente notre diversification à nous." Mais des clients de taille plus importante, comme Exco, le 1er réseau français de cabinets indépendants d'audit, d'expertise comptable et de conseil, l'utilisent aussi. Et Divalto vient de signer une affaire majeure avec un grand groupe pétrolier, qui va concerner l'utilisation d'Idylis dans son réseau de distribution, soit plusieurs centaines d'utilisateurs.

Thierry Meynlé, président du directoire de Divalto

Idylis représentait 15 personnes au départ, intégrées dans les effectifs de Divalto, qui en compte 100 aujourd'hui. "Nous avons terminé la digestion d'Idylis", commente Thierry Meynlé. "Reste à consolider le réseau des partenaires." À terme, il souhaite en effet en recruter entre 300 et 400 partenaires sur l'ensemble du territoire hexagonal, pour être en mesure de couvrir même les endroits les plus reculés de la France profonde.

L'ERP en SaaS

Thierry Meynlé croit en l'ERP en mode SaaS, tout du moins sur la frange d'entreprises concernées par Idylis. "Le logiciel possède 19 modules et une base de données unique. Techniquement, il s'agit donc bien d'un ERP, même si le terme est peu usité dans la population de ses utilisateurs. Il fonctionne vraiment en mode SaaS, c'est-à-dire en "multi-tenant" : c'est la même instance du logiciel qui est utilisée par ses 10 000 utilisateurs." Au total, ce sont 3 000 utilisateurs qui sont venus grossir les rangs des adeptes d'Idylis au cours de ses 8 mois d'existence au sein du groupe Divalto, pour 10 000 utilisateurs au total, soit 30% de croissance.

2010 : année de tous les dangers

"2010 a été une année de pressions intenses pour le Groupe Divalto", poursuit Thierry Meynlé. "Malgré cela, nos résultats devraient se classer parmi les meilleurs de notre marché. [...] L'excellence de notre réseau de distribution et son adhésion à notre offre permettent à l'écosystème Divalto de se démarquer sur le marché des ERP pour PME-PMI et TPE."

Des divergences de vues stratégiques sont en effet apparues il y a un an et demi avec Prodware, l'un des principaux partenaires de Divalto pendant plusieurs années, qui est également partenaire Microsoft et Sage. "Nous ne voulions pas travailler pour nos concurrents", explique Thierry Meynlé. La séparation a finalement pu se faire à l'amiable et l'activité de Prodware a été rachetée par Sydec, qui aligne aujourd'hui une équipe de 30 directeurs de projets, chefs de projets, consultants fonctionnels et techniques sur l'activité Divalto.

Comme tous ses concurrents, Divalto a vécu d'autres difficultés en 2010, en particulier une conjoncture économique nébuleuse et un marché atone. En ce qui concerne l'intégration d'Idylis et la mise en place du modèle de distribution indirect pour cette activité, "il s'agit d'un changement de culture radical. Pour l'accompagner, nous nous sommes adjoint les services d'un spécialiste", précise Thierry Meynlé.

Mais 2010 a aussi eu sa part de succès, avec une percée sur l'environnement IBM i, suite au portage de la solution sur cette plate-forme toujours très utilisée dans les entreprises constituant la cible principale de Divalto. "Nous avons déjà recruté des partenaires majeurs opérant sur la plate-forme, qui ont des projets en cours, comme Quadri Conseil ou CIAG. Quoi qu'on puisse en dire ici ou là, cette plate-forme est un vecteur de croissance pour nous. Ses utilisateurs y sont très attachés et ne souhaitent pas la quitter. Or, les ERP disponibles en environnement IBM i ne sont pas légion. L'arrivée de Divalto change la donne", commente Thierry Meynlé.

Des résultats satisfaisants

Le Groupe Divalto (dont Idylis), affiche malgré tout un chiffre d'affaires de 11,5 millions d'euros sur 2010, soit une croissance de 17 % par rapport à 2009. 10% de cette croissance sont purement organiques. Le résultat brut d'exploitation recule sensiblement, à 2,3 millions d'euros, un recul en rapport avec les pertes significatives issues du rachat d'Idylis. Divalto a vendu 7 500 nouvelles licences (c'est-à-dire 7 500 utilisateurs) à 350 nouvelles entreprises clientes sur l'année. Parmi celles-ci quelques gros dossiers, dont les porcelaines Deshoulières ou Dollfus-Mieg et Compagnie (DMC) à Mulhouse. Dans ce dernier cas, il s'agit d'un downsizing de SAP/R3.

Dans un contexte encore toujours morose et un marché de l'ERP que l'on dit déclinant, Thierry Meynlé prend le contre-pied et parle "d'engouement pour l'ERP". "Quand on a comme Divalto connu 9 années de croissance consécutives, je crois qu'on peut véritablement parler d'engouement !", estime-t-il. "Le marché de la PME est dynamique et celui de l'ERP Divalto sur la pente ascendante." Il reste confiant pour 2011, même s'il s'attend encore à quelques remous, et affirme que ses résultats du 1er trimestre sont très bons. Ses objectifs pour l'année sont de 13 à 14 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont plus d'un million sur Idylis. Il mentionne de nombreux projets de R&D, que ce soit sur de nouveaux produits ou sur l'ergonomie et sur l'adaptation des produits existants aux nouveaux usages.

Benoît Herr