L'USF cherche à renforcer ses liens avec les autres associations de son propre écosystème. C'est ainsi que pas moins de huit associations professionnelles se sont succédé à la tribune pendant toute une matinée de printemps. Elle a démarré avec le Cigref, représenté par Bruno Brocheton, VP et CIO d'Euro Disney et administrateur du Cigref, qui a présenté les travaux actuellement menés en commun avec l'USF. Il s'agit en particulier d'un livre blanc traitant des bonnes pratiques dans la relation commerciale avec SAP, basé sur 14 fiches thématiques aussi diverses que le périmètre et la portée géographique des licences ou la virtualisation et SaaS. N'oublions pas l'incontournable maintenance et ses coûts, qui font toujours partie des préoccupations majeures des utilisateurs de SAP. Notons que l'éditeur participe également à la réalisation de ce document. Se sont ensuite succédé au pupitre des représentants de l'Académie des Sciences et Techniques Comptables et Financières, de l'Ae-SCM, de l'AFAI, de l'ASLOG, du CRIP, de la DFCG et de l'itSMF.
La sécurité est l'affaire de tous
Les possibilités de gestion des habilitations, des droits et des accès dans SAP sont immenses et très poussées. Pourtant, "dans 67% des cas, les installations SAP restent avec les paramètres standard de sécurité, c'est-à-dire des mots de passe à 3 caractères, d'une durée de vie illimitée", constate Jérôme Huber de l'AFAI (Association Française de l'Audit et du Conseil Informatiques) et associé chez Mazars, au terme d'une étude menée par l'association à ce sujet. "En outre, le mot de passe d'administration standard demeure souvent celui de l'installation du produit et il n'est jamais modifié. Il est accessible à tout un chacun via l'Internet." Il dénonce par ailleurs également le nombre trop important de profils utilisateurs inactifs, c'est-à-dire qui ne se sont pas connectés depuis au moins 6 mois, ou une attribution inappropriée de profils super-utilisateurs (SAP_ALL) et plus généralement une attribution trop laxiste des transactions sensibles. "Dans 96% des cas, il y a non-respect de la séparation des tâches", ajoute-t-il.
Pour Jérôme Huber, le contrôle interne est une question d'hommes et d'organisation et non de logiciel. Son objectif est de mettre en ?uvre tous les éléments pouvant concourir de manière favorable à la maîtrise des risques de l'entreprise. Il s'agit pour cela de mettre en place une organisation durable, réactive et sûre et de responsabiliser l'ensemble des acteurs, notamment métier. "La sécurité est l'affaire de tous", conclut-il.
Une expérience en demi-teinte
Le point d'orgue de la matinée aura sans doute été l'intervention de Véronique Durand-Charlot, DSI de GDF-Suez, qui a été élue "DSI de l'année 2010" par 01 Informatique. La série de chiffres vertigineux quelle nous a assénés en préambule pour décrire son groupe (220 000 collaborateurs au total dont 60 000 utilisateurs SAP au monde) n'a d'égale que l'intensité du double traumatisme de la séparation de GDF et d'EDF (avec 11 millions de clients d'un côté et 30 millions de l'autre) et de l'ouverture du marché de l'énergie.
Véronique Durand-Charlot, DSI de GDF-Suez (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Les SI dataient pour la plupart des années 70 et devaient évoluer. "Le seul choix viable dans les délais impartis était celui d'un ERP, commente Véronique Durand-Charlot. SI les premiers projets SAP de back-office ont démarré vers l'an 2000, les projets c'ur de métier se sont échelonnés entre 2004 et 2007, avec une intensification progressive de l'utilisation. "En faisant ce choix nous avons pris des risques car certains modules SAP n'étaient pas encore totalement matures, à l'époque, notamment au niveau de la chaîne de facturation et du CRM. En outre, notre projet constituait une première en termes de volumétrie".
Compte tenu des délais, nous avons dû mettre en place des processus d'escalade très courts et le moins qu'on puisse dire c'est que le parcours était un peu compliqué pour accéder à la connaissance à Walldorf et ailleurs. Il a été difficile de leur faire comprendre la rigueur et la rapidité nécessaires des escalades en France. Nous nous sommes heurtés à la situation de monopole de SAP, similaire à celle d'EDF. Mais, à la différence d'EDF, on n'y retrouvait pas forcément la notion de service public. Malgré la taille du groupe EDF-Suez, il n'a pas toujours été très simple de se faire entendre.
Pourtant, Véronique Durand-Charlot estime avoir beaucoup contribué à l'enrichissement des solutions métier de SAP au travers de son projet, comme par exemple avec le développement d'une offre combinée électricité et gaz, qui n'existait pas en standard. "Il est désolant de constater que nous payions quelque part le développement de "bundles" métier pour l'énergie, surtout lorsqu'on sait qu'EDF, notre concurrent direct et immédiat, allait en profiter par la suite sans payer", constate-t-elle avec amertume. "Bref, nous avions un peu le SAP Blues".
Six mois à un an de stabilisation ont été nécessaires après mise en production, mais Véronique Durand-Charlot estime que l'accompagnement réalisé par l'éditeur n'a pas été à la mesure de ses besoins. "SAP était parti sur d'autres clients...", constate-t-elle. Aujourd'hui, c'est-à-dire quatre ans après, elle estime que ce qui prime, c'est le point de vue du métier. "Celui-ci voit un énorme paquebot, qui ne le satisfait pas. Il trouve l'ergonomie du CRM trop lourde et pense que SAP est en retard dans la course au Web 2.0. Du coup, le métier est tenté de trouver des solutions alternatives et de laisser tomber le paquebot, ce qui représente un danger collectif", ajoute-t-elle.
Lorsqu'elle dresse la liste des forces et des faiblesses de SAP au quotidien, elle admet que les modules de back-office sont bien rodés et correspondent aux besoins des utilisateurs et que les experts SAP sont compétents. Elle apprécie aussi le support des utilisateurs 24h/24 et 7j/7 dans le monde entier. Au chapitre des faiblesses, elle note des solutions métier moins performantes, une écoute client peu satisfaisante, la problématique des montées de versions et un manque de lisibilité de la roadmap. Enfin, les réversibilités ne sont pas simples à mettre en ?uvre.
Et de conclure que face à la position dominante de SAP, l'existence et le travail d'un club utilisateurs indépendant comme l'USF est indispensable.
La réponse de Nicolas Sekkaki, directeur général de SAP France et Maghreb
L'USF avait confié à Nicolas Sekkaki la tâche de conclure ce printemps de l'USF non pas avec une présentation préparée à l'avance mais en réagissant à chaud aux interventions de la matinée. C'est bien entendu celle de Véronique Durand-Charlot qui l'a le plus interpellé. S'il a admis que SAP avait pu avoir quelques "retards à l'allumage, quelques tâtonnements" et avait créé une solution de toutes pièces avec GDF-Suez, il a préféré voir le verre à moitié plein que le verre à moitié vide et n'a admis qu'à demi-mot les erreurs du passé.
Mais selon lui le SAP d'aujourd'hui est à l'écoute. Il en veut pour preuve le débat qui a eu lieu à propos de l'Enterprise Support : "au début, il y avait non-écoute, puis reconnaissance de l'erreur et construction d'une solution commune", a-t-il expliqué avant de citer la réalisation du livre blanc commun entre l'USF, le Cigref et SAP comme deuxième preuve. Très rapidement, il en est cependant revenu au discours policé du moment à propos des cycles de développement raccourcis, du schéma de rupture technologique actuel qui s'appuie sur HANA et le in-memory, de la mobilité et de la co-innovation.
Benoît Herr
À la suite de l'événement s'est tenue l'assemblée générale de l'association, qui a renouvelé son conseil d'administration et accueille deux nouveaux membres issus du club Business Objects. Le conseil d'administration a aussi reconduit le mandat du président de l'USF pour Claude Molly-Mitton.
Celui-ci a ensuite nommé son comité exécutif, qui comprend désormais :
Claude Molly-Mitton (AIFE), président ;
Patrick Cilia (Bouygues Télécom), secrétaire général et trésorier adjoint ;
Patrick Geai (La Poste), vice-président "commissions" et trésorier ;
Jean-Michel Graillot (Assistance Publique), vice-président "événements" ;
Gianmaria Perancin (EDF), vice-président "international".
Nicolas Sekkaki, directeur général de SAP France (au centre), prenant des notes pour préparer sa conclusion (cliquez sur la photo pour l'agrandir) |
Après moult tergiversations, le club Business Objects France a finalement rejoint l'USF en février dernier. La décision a été prise à l'occasion de la dernière assemblée générale de ce club, le 10 février 2011. Au sein de l'USF, il continuera à vivre sous la forme d'une "commission Business Objects". Le club BO France, association de type loi 1901, existait depuis 18 ans. Il comptait 180 membres.
"Je veillerai personnellement à ce que les futurs membres de la commission BO en provenance du club BO y conservent toute la convivialité et la qualité des leurs échanges ainsi, comme pour toutes les commissions et communautés de l'USF, leur totale autonomie éditoriale", a déclaré Claude Molly-Mitton, président de l'USF.