La manifestation réunit annuellement l'essentiel des acteurs du cloud en France, autour de sessions plénières et d'ateliers. Elle est destinée à leur fournir des informations et des contacts pour développer leur activité dans le cloud, mission centrale que s'est assignée EuroCloud France.
Monsieur Eric Besson, ministre de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, aurait dû faire une allocution lors de ces états généraux, mais l'actualité internationale du moment ne lui en a hélas pas laissé la possibilité. Il a cependant bien été destinataire des 17 propositions élaborées par EuroCloud France pour dynamiser le secteur en France (cf. 17 recommandations d'EuroCloud au ministre de l'industrie). Quelques jours auparavant, Eric Besson affirmait son soutien à ce secteur d'activité dans les colonnes du Figaro en ces termes : "Le cloud computing est un marché de 5 milliards d'euros, en croissance de 30% par an ; il est donc stratégique que la France se positionne sur ce marché. Par ailleurs, maîtriser cette technologie et posséder des infrastructures de cloud computing assurera à la France son indépendance en matière de ressources informatiques". "En prenant dès 2009 la tête de l'initiative européenne EuroCloud, présente aujourd'hui dans 25 pays, jusqu'en Russie et en Pologne, la France a déjà montré sa capacité de réaction", répond Pierre-José Billotte, président d'EuroCloud France, dans une tribune libre de la même édition du 10 mars 2011 du Figaro. Précisons que c'est lui qui, alors qu'il était président de l'ASP Forum, a eu l'initiative de la création d'EuroCloud, qui donne une dimension européenne et une vision d'ensemble à l'organisation. "Tout se joue aujourd'hui. La politique publique doit privilégier l'innovation, la rapidité d'exécution, la distribution, essentielle pour faire bénéficier les PME de cette opportunité, et les usages, en particulier publics", ajoute-t-il.
Une édition placée sous le signe de l'international
"Le cloud computing doit s'envisager d'emblée dans une dimension internationale", note Pierre-José Billotte à propos du développement des start-up qui émergent et investissent dans le cloud. De fait, EuroCloud avait non seulement invité Bill McNee, fondateur et CEO de Saugatuck Technology, cabinet spécialisé de conseil et d'expertise américain, dont l'intervention toujours très prisée ouvre traditionnellement maintenant ces états généraux, mais aussi les présidents d'EuroCloud Royaume-Uni et Allemagne.
En complétant ces différents points de vue avec ceux des analystes de Markess International et de PAC (Pierre Audouin Consultants), également présents lors des états généraux, nous aurions dû bénéficier d'une vision assez exhaustive des marchés européens. Hélas, ni l'intervention de Phil Wainewright, Président d'EuroCloud UK, ni celle de Bernd Becker, président d'EuroCloud Deutschland_eco e.V., ne nous ont permis d'avoir une vraie et solide vision des marchés de ces deux pays qui comptent en Europe. Le premier s'est en effet concentré sur son organisation, ses membres et le nombre de leurs réunions. Quant au second, après s'être livré au même genre d'exercice d'autosatisfaction, il nous a servi quelques considérations très générales sur le cloud computing et le nouveau paradigme qu'il proposait avant de se lancer dans une longue explication de la procédure d'audit des sécurités réalisée par EuroCloud Deutschland. Sans doute intéressant pour certains auditeurs, mais un peu hors sujet tout de même... Enfin, nous avons pu apprendre que Londres possédait son "Silicon Roundabound", un quartier où se regroupaient toutes les start-up du cloud computing, et que David Cameron s'y promenait de temps en temps. "Le Royaume-Uni est le marché favori du monde entier !", a déclaré Phil Wainewright. "surtout vu de Boston ou de Toronto. Mais de nombreuses entreprises européennes choisissent aussi d'implanter une tête de pont au Royaume-Uni, de même que les entreprises australiennes".
Les autres interventions ont été plus riches d'enseignements, notamment celle d'Olivier Rafal, de PAC, qui estime que "le Cloud est l'un des concepts clés de l'informatique et qu'il constituera le plus gros marché de l'IT d'ici à 2010". De son côté, Bill McNee est resté fidèle à sa vision d'une évolution par vagues successives. Il estime que nous nous trouvons aujourd'hui et pour les deux ans à venir (2011-2013) dans la période de gestation de ce que Saugatuck qualifie de "Cloud IT". Il s'agit pour lui d'une informatique entièrement gérée dans le cloud, s'appuyant sur des plates-formes d'intégration intelligentes et sur une infrastructure cloud élastique. Ce cloud IT place le SaaS au centre des SI et s'accompagne d'engagements portant sur des services composites (SaaS, IaaS et PaaS) et d'un support au niveau des business process.
Retour en France
Fidèle à sa démarche, Markess International a complété sa désormais traditionnelle étude utilisateurs, parue il y a quelques semaines (cf. Infrastructure dans le cloud : encore du chemin pour décoller, qui portait cette année sur le SaaS, mais aussi sur l'IaaS et le PaaS, de sa nom moins traditionnelle enquête auprès des acteurs de ce marché (au nombre de 75), appelée "baromètre des prestataires du cloud computing". Markess estime que le marché français des logiciels et services liés au cloud computing dans son ensemble (SaaS, PaaS et IaaS) devrait atteindre 3,3 milliards d'euros en 2013, contre 2,3 en 2011 et 1,9 en 2010. Fin 2013, il devrait représenter plus de 7% du marché français des logiciels et services informatiques et le segment IaaS devrait être le plus dynamique des trois.
Le cabinet conclut que l'édition 2011 de son baromètre des prestataires du cloud computing conforte sa conviction d'une évolution majeure en direction d'une informatique à la demande via le réseau et le glissement progressif vers les nouveaux modèles portés par le cloud computing (IaaS, PaaS et SaaS).
Qu'il s'agisse de Saugatuck, de PAC ou de Markess, les méthodologies sont différentes, mais les conclusions convergent : nous sommes bel et bien à l'aube d'une ère technologique nouvelle.
Benoît Herr