Le CXP (Centre d'eXpertise des Progiciels) a en effet été créé en 1973 sous la forme d'une association à but non lucratif par des utilisateurs issus de grandes entreprises françaises comme Air France, Danone, EDF ou la Société Générale. Créé sous l'impulsion du ministère de l'industrie, il avait comme objectif dès le départ d'aider les entreprises dans leurs choix de progiciels. Aujourd'hui, alors qu'il est devenu une société commerciale, le CXP a conservé cette vocation et, malgré une certaine diversification, 80 % du chiffre d'affaires est encore réalisé par les publications d'aide au choix fonctionnel, notamment au choix de progiciels."C'est cet aspect 'utilisateurs pour les utilisateurs' qui nous vaut aujourd'hui encore ce succès lors de notre forum annuel", commente Laurent Calot, président du directoire. Après une valse-hésitation avec un rachat par le Giga Information Group au début des années 2000, notons que le CXP a finalement retrouvé son autonomie complète en 2004. Et il reste autonome à ce jour.
Le Forum 2011
Cette année encore, le Forum CXP fera un tour d'horizon des solutions du marché, qu'elles soient on-premise ou SaaS et donnera la parole aux utilisateurs comme aux analystes. Les sessions s'articuleront autour de thématiques BPM, ITSM (IT Services Management ou gestion de services informatiques), CRM, GRH, BI, dématérialisation et bien entendu ERP.
Laurent Calot Président du directoire du CXP
À noter une nouvelle session, animée par Dominique Dupuis, directrice de recherche, sur le PPM (Portfolio Project Management ou gestion de portefeuille de projets). Les solutions de gestion de portefeuille de projets sont des outils de pilotage permettant de sélectionner les projets (les entreprises en gèrent en moyenne 139 en parallèle, selon un baromètre publié en mars 2011 !) au travers de leur alignement avec la stratégie de l'entreprise.
Côté ERP, c'est Patrick Rahali, analyste, qui présentera et animera les deux sessions consacrées aux ERP, sur les thèmes "ERP : plus de métier et plus de service" et "Quelle place pour l'ERP en mode ASP/SaaS ?". Il fera intervenir de nombreux utilisateurs, dont Michel Caze, directeur administratif et financier de Relais d'Or Miko et Richard Laligné, DG de Sonepar Grand Public.
La session plénière, intitulée "Cloud : c'est dans l'air", sera assurée par Andrés Hoyos-Gómez, directeur associé au bureau de Paris de McKinsey & Company. La journée se terminera par trois "ateliers de décryptage" à propos du "curator" (personne qui lit et filtre un grand nombre d'informations pour proposer et partager en ligne le meilleur et le plus pertinent des contenus sur un sujet donné), des outils de mobilité et des enjeux du secteur public.
Métier : conseil aux utilisateurs
La marque de fabrique et principale activité des 80 collaborateurs (en comptant BARC. Cf. infra) du CXP demeure à l'heure actuelle le conseil aux utilisateurs. "Même lorsque nous intervenons en assistance à maîtrise d'ouvrage et en aide personnalisée au choix de logiciels, nous nous appuyons sur nos recherches afin d'être les plus pertinents possibles", commente Laurent Calot. Les effectifs ci-dessus ne tiennent pas compte des "affiliés CXP", qui sont des partenaires s'appuyant sur le CXP, notamment des cabinets en stratégie ou en organisation, qui au cours de leurs interventions en entreprises peuvent être amenés à faire un choix de solutions. Dans ce cas, ils s'adossent au CXP soit avec leurs propres ressources, soit en faisant appel à une ressource CXP. "Aujourd'hui, nous avons une dizaine de cabinets affiliés en France", précise Laurent Calot. On peut considérer ces affiliés comme des franchisés. Le CXP possède par ailleurs une filiale au Maroc et propose également une place de marché appelée "cxplace", plus particulièrement destinée aux petites entreprises.
Référencement CXP : un must pour tout éditeur
Aujourd'hui, la base de données du CXP recense 7 000 progiciels et 2 500 éditeurs. Le tout est consultable pour partie gratuitement sur le site, qui enregistre quelque 60 000 visiteurs uniques mensuels. "Les gens viennent spontanément visiter notre site et voir ce qui s'y passe", note Laurent Calot. "La base de données est mise à jour annuellement et nous référençons de plus en plus de solutions métiers, proposées par des entreprises proches des clients finaux. Ce sont des VAR, des gens porteurs de vraies solutions métiers. Par ailleurs, le cloud et le SaaS vont favoriser l'émergence de solutions de ce type. Mais, le marché du logiciel en France étant extrêmement atomisé, il peut effectivement y avoir des petits éditeurs qui passent au travers des mailles de notre filet. Je pense que nos analystes et consultants couvrent de l'ordre de 95 % des besoins fonctionnels des entreprises. Et nous couvrons certainement la totalité des logiciels renommés du marché. On trouve de tout dans nos bases, comme la gestion de cimetières et bien d'autres éditeurs ultra-spécialisés. Lors des consolidations et autres rachats, nous voyons que le réflexe des éditeurs est le référencement au CXP. Il faut dire qu'il est gratuit. C'est là que nous nous positionnons clairement comme prescripteur, ainsi que comme prescripteur des gros prescripteurs, notamment les grandes sociétés de services, qui achètent souvent tout ou partie de notre base de connaissance".
Synergie avec BARC
Le CXP a, le 31 mars dernier, racheté BARC (Business Application Research Center), un cabinet de conseil allemand ayant des orientations similaires, très réputé pour ses activités en matière de business intelligence et de gestion de contenu. BARC réalise notamment tous les ans la plus importante étude au monde sur les solutions de business intelligence (4 millions d'interviews), avec une équipe de plus de 10 personnes, ce qui représente sans doute la plus importante équipe existante d'analystes spécialisés dans la BI.
Même si la dimension de l'ensemble ainsi formé n'a aucun rapport avec celle d'un Gartner ou d'un Forrester, cette acquisition permet néanmoins au CXP de renforcer ses compétences en matière de décisionnel et d'ECM (Electronic Content Management ou gestion de contenus), l'autre spécialité de BARC. Par ailleurs, outre l'Allemagne, BARC est également présent au Royaume-Uni, ce qui permettra au CXP d'étendre son rôle et d'être présent sur les trois plus importants marchés européens. Bien entendu, il lui faudra traduire ses dossiers de choix de progiciels et autres documents. "De fait, nous aurons également une offre très large dans le domaine du décisionnel en France. Il y a une vraie complémentarité entre nos deux entreprises", précise Laurent Calot, qui estime qu'il s'agit là d'une vraie opportunité pour le CXP, compte tenu de l'état du secteur logiciel en France, qui, selon lui, manque relativement de dynamisme, malgré le satisfecit que s'octroie régulièrement la profession.
Benoît Herr