"La collaboration entre IBM et SAP n'est pas récente", note Nicolas Sekkaki. "Elle a 40 ans, c'est-à-dire l'âge de SAP". Cette offre vient donc renforcer encore les liens entre les deux géants. Elle se cantonne toutefois uniquement à la France, au moins dans un premier temps. "Il est possible qu'elle soit étendue à d'autres pays ultérieurement, après un processus d'approbation", précise Nicolas Sekkaki, qui ne cache pas ses ambitions d'internationalisation et d'extension de cette offre à d'autres solutions. Il précise qu'à l'horizon 2015, 10 % des revenus de SAP devraient provenir du on-demand. "Nous avons une infrastructure de plus en plus compatible avec le cloud et devons trouver des partenaires pour la mettre en ?uvre". IBM et SAP se positionnent ainsi comme les partenaires technologiques des entreprises.
Une offre réversible
"La réversibilité est le maître-mot de cette offre", commente Philippe Jarre. En effet l'application peut être migrée d'une infrastructure on-premise vers le cloud, mais aussi dans l'autre sens. "L'infrastructure cloud d'IBM a fait l'objet d'investissements depuis des dizaines d'années", estime Philippe Jarre. "Notre offre bénéficie de fonctionnalités et d'un framework de sécurité qui sont les meilleures du marché ; 200 développeurs dans le monde entier travaillent uniquement sur le cloud d'IBM".
Concrètement, les données et les applications seront hébergées dans un datacenter IBM à Amsterdam, ce qui est de nature à résoudre les problèmes d'ordre légal liés à leur localisation. "Nous avons voulu adresser la problématique du passage d'un modèle à l'autre dans les deux sens", ajoute Nicolas Sekkaki. Parmi les autres avantages de cette offre, il faut également souligner son niveau d'intégration : il sera par exemple possible de migrer vers CRM 7.0, une solution à laquelle pourront être intégrées d'autres applications métier de la sphère CRM. Notons toutefois que la mobilité et en particulier un accès spécifique via smartphones et tablettes n'en fait pas partie. Il reste cependant toujours possible d'accéder à l'application via le navigateur d'une unité mobile.
Retour au locataire unique
Le CRM RDS (Rapid Deployment Service) de SAP est un logiciel "prêt à l'emploi", c'est-à-dire préconfiguré, à périmètre fixe et intégrant les "best practices" de SAP. Il possède les mêmes fonctionnalités que la solution CRM 7.0 et est intégré à la Business Suite ERP de SAP. IBM se fait fort de mettre en ?uvre ce logiciel rapidement, c'est-à-dire en 6 à 8 semaines, ce qui représente un autre avantage de cette solution.
Mais pour que toutes les entreprises puissent demander à IBM de personnaliser finement leur application (une prestation facturée en sus, cela va de soi), elle ne sera pas proposée en multi-tenant (multi-locataires), intrinsèque à la définition du SaaS. Il y aura une occurrence de l'application pour chaque installation : ce mode de fonctionnement ressemble fort à ce qu'on appelait il n'y a pas très longtemps encore ASP (Application Service Provider). Un retour en arrière justifié par les intervenants par une recherche de souplesse. À noter que le passage d'un cloud public à un cloud privé sera également possible, toujours chez IBM, bien sûr.
Pas pour toutes les bourses
Nicolas Sekkaki et Philippe Jarre estiment que la tarification de cette offre est "extrêmement agressive". Elle démarre à 105 euros/utilisateur/mois, mais pour un minimum de 100 utilisateurs nommés et pour un contrat de 3 ans. Bien entendu, il y aura une dégressivité au-delà, mais si le client souhaite s'engager sur une durée moindre, ce qui est assez souvent le cas dans le cloud à l'heure actuelle, les tarifs vont grimper.
La cible de clients est assez large et il n'est pas prévu de se positionner sur un secteur en particulier. Mais à 126 000 euros par an pendant trois ans, les portes vont se fermer d'elles-mêmes : cette offre ne s'adresse certainement pas à la PME du coin. "Nous prévoyons des volumes très importants et pensons que la demande est là", estime néanmoins Nicolas Sekkaki.
Entièrement indirect
La mise en ?uvre (initialisation de la solution, interfaces, paramétrage, formation...) et l'exploitation des services cloud seront entièrement prises en charge par IBM. Le contrat sera signé avec IBM, qui sera l'interlocuteur unique du client. SAP va même plus loin : "les commerciaux de SAP vendront également cette offre, toujours sur un contrat IBM", souligne Nicolas Sekkaki, qui ajoute : "la stratégie de SAP repose largement sur son écosystème. C'est le partenaire qui décide de la manière de commercialiser l'offre". Pour l'heure, aucun revendeur autre qu'IBM n'est habilité à proposer cette offre.
La migration de clients SAP existants (reprise des données, notamment) fait partie de la prestation assurée par IBM, de même que le support, qui gère la relation avec le client au quotidien, la disponibilité et les SLA.
Benoît Herr