Le processus était en cours depuis le début de l'année : nous l'avions annoncé dans une dépêche. C'est aujourd'hui chose faite : la fusion entre MFP Soft et Apsylis est effective et la société résultante s'appelle Everwin. Détenue à 70 % par ses dirigeants et à 30 % par les partenaires financiers, taux similaire à la situation antérieure, la société est pilotée par ses dirigeants : Tony Pénochet, ex-PDG de MFP Soft, en est le président et Éric Angelier, ex président d'Apsylis, en est le directeur général. "Mais plus que les titres, c'est le mode de gouvernance collégial qui importe", insiste Tony Pénochet.
"Everwin est la combinaison de deux noms communs compréhensibles, qui est une marque forte dès son lancement", explique Éric Angelier : "quant au logo, tout en rondeur, il combine l'humain et la technologie, le yin et le yang en 3D, avec une couleur vers anis, volontairement différente du bleu technologique omniprésent.". La nouvelle société se contente d'un slogan simple : "solutions de gestion d'affaires". Les deux gammes de produits ont été renommées sous une marque unique : Everwin GX (Genesys de MFP Soft) et Everwin SX (ASA d'Apsylis).
Everwin aujourd'hui : une gamme de produits adaptés à un vaste marché
Tony Pénochet
Everwin se présente comme le seul éditeur proposant une gamme de logiciels de solutions de gestion d'affaires. Chaque produit a son positionnement propre : Everwin GX pour les TPE et les PME, Everwin SX pour les PME et les GME. Des solutions sectorielles ont été bâties au fil des années à partir de chacun des produits de base. Elles couvrent les besoins de plusieurs métiers : bureaux d'étude et ingénierie, SSII et intégrateurs, éditeurs de logiciels, agences de publicité et de communication, cabinets de conseil, cabinets d'architectes, géomètres experts. Les deux produits continuent à exister, en s'enrichissant l'un autre. "Cela permet d'adresser toutes les tailles d'entreprises, depuis la plus petite structure jusqu'à la plus grosse dans un secteur donné", explique Tony Pénochet.
Certains secteurs spécifiques ne sont couverts que par un seul des deux produits, entre lesquels il existe aussi quelques différences fonctionnelles et surtout technologiques. Everwin GX est basé sur une technologie client/serveur sous Windows, et s'appuie sur SQL Server. Il offre des possibilités étendues de personnalisation. Everwin SX est full Web et basé sur des technologies Java et Ajax. Il fonctionne sous Windows ou Linux. Destiné à structurer l'activité de l'entreprise, il s'appuie sur un workflow, et fournit des rôles utilisateurs encadrés.
Éric Angelier
À la question d'une éventuelle convergence des deux produits existants en un seul, Tony Pénochet répond clairement : "avoir un seul produit serait dangereux. Chaque produit répond bien à son marché. Mais les nouveaux développements devront profiter aux deux produits." Les deux équipes de recherche et développement vont continuer à travailler chacune sur leur produit, elles vont établir des passerelles entre elles, échanger des fonctions, des technologies, et les méthodes vont converger. La logique de gamme va se développer, avec des efforts communs sur l'ergonomie, le nommage, les lexiques.
Avec 75 à 80 collaborateurs et 7 millions de chiffre d'affaires en 2010, la société va probablement atteindre 8 millions de chiffre d'affaires en 2011. Chacun des deux produits contribue de manière égale au chiffre d'affaires. Disposant de 1 500 clients et 40 000 utilisateurs, la visibilité d'Everwin est importante et riche de nombreuses références. Des partenariats ont été conclus avec divers acteurs du marché comme Sage, IBM, Microsoft et Oracle. En ce qui concerne la couverture géographique, MFP Soft a apporté ses 7 agences, et Apsylis son pôle de Lyon : la couverture nationale est d'ores et déjà importante. Les agences ont chacune une expertise technique pour les deux produits.
L'objectif de résultats nets pour 2011 est de 600 à 700 000 euros, soit 9 % du CA. Ce pourcentage devrait augmenter dans l'avenir. Les ressources de la société permettent d'autofinancer intégralement la R&D. La part du revenu récurrent dépasse les 50 %, en tenant compte de la maintenance, des licences complémentaires pour les clients existants, de l'accompagnement récurrent avec prestations.
Des objectifs de croissance ambitieux s'appuyant sur une situation saine
"Même si nous sommes encore de taille moyenne, nous avons créé le plus gros acteur français du domaine avant que les acteurs internationaux ne s'installent en France.", affirme Tony Pénochet. L'ambition est forte, avec une croissance organique prévue de 20 % par an, ce qui était déjà le cas ces dernières années pour chacune des deux sociétés. "Nous voulons affirmer notre leadership sur le marché français", insiste Éric Angelier. Le marché est porteur d'une croissance importante : "à la fin de 2012, nous pensons atteindre les 10 millions d'euros de chiffre d'affaires avec un effectif de 100 collaborateurs", espère-t-il. "Et nous n'excluons pas de la croissance externe."
Structure générale d'Everwin GX
Le développement à l'international est bien sûr dans toutes les têtes. Certains clients ont déjà équipé leurs filiales à l'étranger, où le produit fonctionne dans d'autres langues que le français. Déjà présent dans les pays francophones, Everwin a été contactée par des distributeurs de divers pays. "Nous visons les gros marchés comme l'Angleterre et l'Allemagne, précise Éric Angelier, "mais le développement à l'international coûte cher, et nous sommes encore en phase d'étude à ce sujet."
La société a créé une structure appelée "Club Experts" qui réunit les clients tous les six mois pour discuter de l'évolution des produits, échanger sur les bonnes pratiques et partager les expériences. Les plans de développement sont discutés avec les clients. En parallèle, l'éditeur renforce ses équipes chargées de suivre les clients sur le plan commercial et technique.
"Nous avons créé le plus gros acteur français du domaine avant que les acteurs internationaux ne s'installent en France."
Structure générale d'Everwin SX
La transition vers le mode SaaS a déjà commencé. Un partenariat a été conclu avec IBM pour Everwin SX, dans le cadre du programme Club Alliances. L'offre SaaS d'Everwin GX est encore embryonnaire mais va se développer. Encore marginal (de l'ordre de 5 à 10 %), le chiffre d'affaires de ce mode d'utilisation augmente régulièrement : il représente maintenant 25 % des nouvelles affaires. À terme, la répartition entre les offres SaaS et on-premise devrait se faire de manière égale. Everwin SX on-demand est "plus packagé" qu'Everwin SX, mais l'offre va évoluer. Conçu pour des sociétés de 10 à 50 personnes, Everwin SW on-demand est même utilisé par un client de 250 personnes. La tarification comporte un droit d'entrée de 300 ? et une redevance mensuelle de 30 ? par utilisateur. La durée moyenne du projet de mise en ?uvre est de 10 jours, la prestation correspondante étant facturée à part.
Everwin face à la concurrence
Éric Angelier distingue trois catégories d'éditeurs actifs dans le domaine de la gestion d'affaires. Une première catégorie comprend des éditeurs venant de la gestion de projets, rachetés pour la plupart par des grands éditeurs, comme Changepoint, racheté par Compuware.
Ensuite, il y a les grands et moyens ERP généralistes, qui proposent des modules spécialisés pour la gestion des affaires. Parmi les gros éditeurs d'ERP, aucun ne dépasse Everwin sur son domaine spécifique. Certains ont acheté de petits éditeurs spécialisés. Des intégrateurs ont développé des verticalisations autour d'ERP comme Microsoft Dynamics NAV ou Sage ERP X3, mais n'ont pas vraiment la capacité à promouvoir et supporter ces offres.
Enfin, il y a un certain nombre de "pure players". Souvent très petits, ils sont séduisants et réactifs mais limités. "L'édition de logiciel est un métier industriel, impliquant une forte interaction avec les clients, une structuration des activités, des méthodes adaptées. Développer un produit est une chose, devenir éditeur en est une autre", explique Éric Angelier. Mais l'accès au marché n'est pas le même pour les petits éditeurs et les éditeurs "établis". Il existe aussi quelques éditeurs plus important. "Nous étions les plus gros. Nous sommes maintenant 2 à 3 fois plus gros que les suivants.", conclut-il.
Lorsque le besoin de solutions de gestion d'affaires est apparu, il y a eu une tendance à dériver les produits ERP existants vers les services sur des bases de produits et d'articles. Mais les données et les règles de gestion des services ne sont pas celles de la production et du négoce. Il a fallu admettre qu'il s'agissait d'un marché particulier nécessitant des solutions spécifiques. Au début, ce marché n'existait pas. Par manque de réactivité des grands acteurs du marché, les éditeurs spécialisés ont eu le champ libre pour développer de telles offres. Ils les ont ensuite valorisées par un accompagnement efficace des clients, avec des consultants et divers moyens d'assistance comme des hotlines.
Enfin la concurrence n'exclut pas la coopération : la présence des solutions de gestion d'affaires dans les entreprises impose leur intégration avec les ERP déjà installés. Ainsi un client d'Everwin, branche d'un grand groupe, a-t-il interfacé son produit avec SAP.
René Beretz
Les solutions de gestion d'affaires sont-elles des ERP ?
Les solutions de gestion d'affaires peuvent être considérées comme une branche un peu particulière des ERP, exclusivement dédiée aux sociétés de service. Une solution de gestion d'affaires est un front-office opérationnel de l'entreprise, alors qu'un ERP a un spectre plus vaste. Elle comprend des modules de finances et de comptabilité, mais la partie financière est plutôt orientée vers le contrôle de gestion opérationnel. Une telle solution ne comporte pas de module de paie : Everwin a des partenariats avec Sage et Cegid sur cet aspect.