La mobilisation des acteurs de ces marchés et le florilège d'annonces autour du SaaS, des solutions de BI ou de CRM en mode ASP/SaaS ou cloud, de facture électronique, de dématérialisation fiscale, d'e-sourcing, e-procurement, e-paiement, dévoilées par les exposants, ainsi que le lancement par Microsoft de Dynamics AX2012 ont permis à l'événement de confirmer une dynamique forte, en adéquation avec la croissance constante de ces différents domaines. Les salons étaient également l'occasion pour la rédaction d'erp-infos de mettre en scène un certain nombre d'acteurs du marché sous forme de vidéos. Nous vous ferons découvrir celles-ci au cours des semaines à venir.
Les 250 sociétés exposantes ont bénéficié d'une affluence de 6 700 visiteurs qualifiés, dont bon nombre de porteurs de projets à court ou moyen termes, issus des grands comptes, PME/PMI, des administrations' Quant aux conférences et tables rondes, elles ne désemplissaient pas et ont accueilli plus de 2 900 auditeurs autour de débats animés mais aussi lors de conférences, toutes orientées "bonnes pratiques". Parmi ces conférences, deux thèmes ont particulièrement retenu notre attention : "IT On Demand/Cloud/SaaS" et les ERP Open Source.
Le cloud computing, la mobilité et les ERP
L'unique table ronde organisée sur le premier thème traitait des applications en mode SaaS et de la mobilité. Elle était plus particulièrement centrée sur les ERP, la rationalisation du système d'information et la diminution des coûts d'exploitation qu'engendre ce mode d'utilisation. Deux entreprises utilisatrices sont venues témoigner de leur expérience en la matière.
En préambule, Sylvie Chauvin, présidente du cabinet d'analyse Markess International, a replacé les ERP en mode SaaS dans un contexte plus global. Elle s'est pour cela appuyée sur la toute récente étude publiée par son cabinet à ce propos (plus de détails à ce sujet ici).
Digora est un client très classique pour Everwin, qui se spécialise dans les solutions de gestion à l'affaire. Intégrateur essentiellement Oracle comptant un peu plus de 70 collaborateurs, basé à Strasbourg et présent sur l'ensemble du territoire français, Digora "a fait le choix du SaaS 'par principe'", affirme Renaud Ritzler, gérant de la société. Le besoin d'un ERP métier s'est traduit pour Digora par une volonté de remplacer l'ensemble d'applications hétérogènes et peu communicantes qui lui tenait lieu de SI pour mettre en place une gestion par affaires, avec gestion de la production et de la planification des ressources, facturation et relances clients.
La croissance de la société rendait par ailleurs indispensables de nouvelles fonctionnalités comme le CRM, la génération et le suivi d'opportunités ou encore un suivi analytique par affaire. "Il nous fallait en outre des accès Web et nomades pour l'ensemble des utilisateurs et nous avions inclus le mode SaaS, c'est-à-dire une facturation au coût d'usage par poste, dans notre cahier des charges", précise Renaud Ritzler. "L'ERP devait en outre être ouvert sur les autres applicatifs et facile à mettre en ?uvre".
Au bilan, Digora a pu, après une phase projet de 6 mois, démarrer conformément au calendrier initial et passer de 6 applications à une seule. Les coûts sont les mêmes qu'auparavant, mais l'entreprise bénéficie de fonctionnalités supplémentaires. Renaud Ritzler insiste sur la souplesse et la réactivité : "il n'y a aucun souci d'administration d'environnement technique, un accès ubiquitaire 24/24 et des temps de réponse très satisfaisants".
Quant à Cerealog, il s'agit également d'une société de services et ingénierie informatiques présente à La Rochelle, Bordeaux, Nantes et Paris. Suite à son implémentation de Business ByDesign pour ses propres besoins, elle est même devenue partenaire SAP sur ByDesign. "Le produit est mûr depuis 2010", affirme Jérôme Burgaud, directeur général, qui se déclare particulièrement satisfait de la richesse du produit qu'il a choisi. Cerealog a des besoins similaires à ceux de Digora, avec notamment de nombreux utilisateurs nomades. Côté coûts, les constats sont les mêmes et Jérôme Burgaud insiste quant à lui sur la rapidité et la facilité de mise en ?uvre de la solution.
Les questions de la salle ont été nombreuses et ont en particulier concerné les aspects sécurité et les montées de version, toutes choses qui constituent des freins notoires à l'adoption des ERP en mode SaaS. Les deux témoins, appuyés en cela par les représentants des éditeurs correspondants, Vincent de Poret pour SAP et Eric Angelier pour Everwin, ont confirmé qu'il s'agissait là de préoccupations qu'ils ont aussi eues. Mais ils se sont tous montrés très rassurants sur les deux sujets.
Les ERP Open Source, une alternative crédible et efficace
La conférence intitulée "ERP libres, ouverts et modulables : forces, faiblesses, risques, bénéfices..." réunissait trois acteurs du monde des ERP Open Source, Pierre Bertrand, président de Datalp, Olivier Heintz, directeur de projet chez Néréide et Pierre Spilleboudt, président d'Audaxis et une représentante du monde des ERP propriétaires, Miren Lafourcade, directrice générale de Nout. Les ERP Open Source représentés étaient Compiere, OFBiz et OpenERP.
À la question de savoir si les ERP Open Source sont mûrs, les intégrateurs apportent une réponse unanime : "Les solutions existent depuis plus de 10 ans : les solutions sont matures", affirme Olivier Heintz, directeur de projet chez Néréide. Ce que confirme Pierre Spilleboudt, président d'Audaxis : "Les ERP Open Source sont des solutions qui tiennent la route. Nous avons 100 clients actifs." Pour Pierre Bertrand, président de Datalp, "les ERP Open Source sont des solutions de qualité, qui fonctionnent bien chez les clients. Mais il faut que le logiciel soit bien adapté au métier de l'entreprise utilisatrice."
Les critères de sélection d'un ERP, qu'il soit propriétaire ou Open Source, sont très semblables. L'outil proposé doit répondre au cahier des charges du client et le choix dépend donc souvent du niveau de verticalisation de la solution par rapport aux besoins de l'entreprise. Ainsi, dans certains cas, une solution propriétaire bien conçue pour un métier donné conviendra mieux qu'un ERP Open Source, autour duquel il faudrait engager des développements importants. Mais la verticalisation n'est pas l'apanage des solutions propriétaires. "Grâce à des projets réalisés pour certains clients, des produits verticalisés existent pour divers métiers", constate Olivier Heintz.
Les solutions Open Source apportent un certain nombre d'avantages par rapport aux solutions propriétaires. "Le premier est la liberté des utilisateurs, affirme Pierre Bertrand : "le client n'est captif ni de l'éditeur ni de l'intégrateur.". Pierre Spilleboudt enfonce le clou : "le client n'a aucune obligation à migrer vers une nouvelle version. Certains de nos clients n'ont jamais migré depuis le début." La position de Nout qui, rappelons-le, propose un ERP propriétaire, est forcément un peu différente. "Les clients ne sont pas obligés de migrer quand nous sortons une nouvelle version. Mais nous les y incitons pour qu'ils puissent profiter des nouvelles possibilités.", déclare Miren Lafourcade.
La question sensible du coût d'un projet ERP existe aussi avec les solutions Open Source. "Les projets ERP restent complexes et chers", rappelle Pierre Spilleboudt. Dans tous les cas, des développements spécifiques trop lourds engendrent des dépenses considérables. Mais l'origine des coûts n'est pas nécessairement la même avec les deux types de produits, comme l'explique Olivier Heintz : "avec les logiciels propriétaires, au coût des licences la première année s'ajoutent des coûts fixes de maintenance les années suivantes. Avec une solution Open Source, il n'y a pas de coût de licence et le client choisit son niveau de service. Il y a une réelle différence de prix de revient sur plusieurs années." Cet aspect prend une réelle importance même pour des grosses entreprises. Pierre Spilleboudt en donne un exemple : "pour des raisons de coûts, un distributeur avec 5 millions de clients a choisi de remplacer des modules SAP par des modules Open Source."
Mais dans certains cas, les produits avec licence peuvent être moins chers. Datalp distribue la solution propriétaire EBP Open Line, pour laquelle le temps de paramétrage est faible, et qui répond bien aux besoins des petites PME. "Mais pour des besoins plus complexes avec des structures juridiques dans plusieurs pays, Compiere est bien adapté", précise Pierre Bertrand.
La maîtrise des coûts d'un projet ERP dépend beaucoup de la manière d'en établir le budget, comme l'explique Pierre Spilleboudt. "avec une solution propriétaire, le projet démarre souvent par l'achat de licences, puis l'intégrateur vend du temps d'intervention. A contrario, avec une solution Open Source, la réalisation d'un prototype permet d'évaluer la solution et son niveau de réponse aux besoins, ce qui permet d'établir un budget réaliste".
René Beretz et Benoît Herr