La septième matinale de la performance organisée le 9 novembre dernier par Business & Decision a été l'occasion de faire le point sur l'état de l'art en matière de BI (Business Intelligence) et d'EPM (Enterprise Performance Management). Alors que la BI comprend surtout la visualisation des données, les analyses ad hoc et les tableaux de bord, l'EPM s'intéresse surtout à l'analyse prédictive, à la consolidation financière, au reporting légal et réglementaire et à l'analyse des coûts et de la rentabilité.
Un domaine dynamique qui évolue rapidement
La business intelligence a connu 13 % de croissance en 2010 : c'est un marché de 10 milliards de dollars, qui reste dynamique. L'EPM et les applications analytiques occupent 36 % de ce marché . Les cinq plus gros éditeurs (surnommés les BI(g) 5), IBM, Microsoft, Oracle, SAS et SAP, représentent 72 % du marché mais la demande pour le "best of breed" reste importante. 69 % des entreprises ont adopté des standards BI mais seules 26 % des initiatives BI sont jugées très satisfaisantes, 34 % ayant un impact conséquent sur le business. Le Data Discovery est un nouveau marché, en croissance de plus de 30 %, qui devrait atteindre 1 milliard de dollars en 2013. Très innovant, en perpétuelle recomposition, ce domaine représenté, par exemple, par QlikTech et Tableau Software, propose des alternatives souples aux requêtes ad hoc. Nous y revenons plus loin.
La profusion des données génère un besoin de cohérence et de qualité
La nécessité des référentiels d'entreprise est reconnue depuis longtemps. Traités par des systèmes centraux, ils sont alimentés par des applications transactionnelles comme les ERP. Le Web et les réseaux sociaux changent la donne. Le mode multicanal aboutit à du quasi temps réel, en particulier dans le commerce de détail. Jusqu'ici statiques, les données deviennent dynamiques, ce qui fait évoluer la BI et l'EPM. Quant à la qualité de ces données, c'est un enjeu critique pour les directions fonctionnelles et informatiques et une condition essentielle au succès de la BI : elle ne peut être atteinte que par une approche de gouvernance des données à tous les niveaux.
Au-delà de la BI, le référentiel de données apporte de la valeur à de nombreuses applications de l'entreprise. C'est un service autonome, indépendant des usages. La frontière entre le transactionnel et la décisionnel s'estompe. Les données structurées et non structurées cohabitent.
"Big data"
Jean-Michel Franco
Pour Jean-Michel Franco, directeur des solutions chez Business & Decision, le"Big Data" correspond au principe de la "longue traîne". Face à une grande masse de données, la tendance habituelle consiste à sélectionner le petit nombre de celles qui génèrent le plus grand nombre de transactions. Il s'agit maintenant de tenir compte du très grand nombre de données qui ne génère individuellement qu'un petit nombre de transactions. Ainsi, Amazon ne vendait au début qu'un petit nombre de livres, considérés comme rentables au-delà d'un certain nombre de commandes : les autres étaient sortis du catalogue. La nouvelle stratégie consiste à garder tout le catalogue en diminuant les coûts unitaires : entrepôts centraux, partenaires tiers, dématérialisation des ouvrages. Tout cela contribue à créer un gros marché sur les produits à fréquence faible, marché qui devient même plus important que celui des titres qui se vendent beaucoup.
La BI telle qu'on la connaît s'appuie sur des informations provenant des systèmes d'information internes de l'entreprise, disponibles en temps différé, et modélisées a priori. La BI telle qu'on la voudrait prend également en compte des informations externes, quasiment en temps réel, non structurées, enrichies au fil de l'eau.
Pour gérer cette masse complexe de données structurées et non structurées et pour fournir un accès rapide à tous les types d'applications, y compris les applications mobiles, de nouveaux modèles de bases de données "en mémoire" ont vu le jour. QlikTech a été précurseur dans ce domaine, et SAP met l'accent sur HANA.
Un marché divisé en plusieurs catégories
Le marché de la BI et de l'EPM est occupé par divers types d'acteurs :
- des consolideurs comme Oracle, SAP, Microsoft, IBM ;
- des spécialistes comme Information Builders, SAS, Teradata, QlikTech, Tagetik, Tableau Software, Roambi, Informatica, MicroStrategy ;
- des perturbateurs comme Exalead, Host Analytics, GoodData, Actian (ex-Ingres), Adaptive Planning, Tidemark, Jaspersoft, Talend.
Des solutions plus souples, plus visuelles et collaboratives
De nouveaux acteurs de la BI proposent des solutions plus souples, plus rapides à mettre en ?uvre et plus faciles à utiliser. Pilotées par les utilisateurs, celles-ci sont disponibles en self-service et s'adaptent en temps réel aux problématiques des métiers. Elles se différencient des grands projets décisionnels, basés sur des entrepôts de données statiques, générant des tableaux de bord précalculés. C'est le domaine du Business Discovery, dans lequel les données sont orientées vers les applications et sont facilement réutilisées et réassemblées en quelques secondes. L'ère de la BI agile consiste à concilier enjeux globaux et enjeux locaux. Les premiers impliquent des projets longs, ce qui n'empêche pas la réalisation de prototypes dans la phase amont ; les seconds peuvent facilement être couverts par des projets plus courts et des solutions innovantes plus récentes.
Les nouvelles solutions favorisent une nouvelle répartition des rôles. Mais au-delà des prototypes et de l'engouement d'une première appropriation, ces solutions doivent être gouvernées et organisées. Pour favoriser les conditions de réussite, le service informatique doit gérer les données et mettre en place des règles de sécurité et de fonctionnement. La grande nouveauté est que les utilisateurs sont impliqués dans les processus.
Autre évolution des projets décisionnels, l'aspect collaboratif prend de plus en plus d'importance. Selon Business & Decision, d'ici 2013, 15 % des projets de BI intégreront une dimension collaborative. Les utilisateurs échangeront des données et des tableaux de bord et partageront des résultats. Une orchestration du processus décisionnel fera intervenir des groupes de travail, une organisation des échanges, du partage, avec la contribution de forums de discussion. QlikTech insiste beaucoup sur cet aspect et a créé, par exemple, une interface de son produit QlikView avec Salesforce Chatter, et une intégration dans Microsoft Sharepoint. De même, la plate-forme permet d'accéder à de multiples sources de données.
Les utilisateurs ont de plus en plus tendance à vouloir utiliser les applications décisionnelles depuis les terminaux mobiles comme les PC portables et l'iPad. QlikTech fournit une application unique pour n'importe quel type de terminal : les fonctions et l'affichage sont les mêmes partout, la sécurisation des données identique. Et la licence du produit ne dépend pas du terminal utilisé.
Visualisation sur une carte des ouragans et cyclones de 2005 en Atlantique avec Tableau : surface montrant la force du vent, passage de la souris sur un tracé affichant des informations (ici sur Katrina).
De son côté, Tableau Software, qui est arrivé en France en 2011, insiste sur la notion de requête visuelle : la qualité et la pertinence de la visualisation sont au c'ur du produit. Un travail de recherche et de développement important a abouti à une solution à la fois intuitive, très simple d'utilisation et produisant des visualisations à la fois pertinentes et faciles à interpréter. L'éditeur fournit toute une panoplie de modèles visuels élaborés, répondant chacun à un type de problématique. Toutes ont en commun l'objectif de rendre facilement perceptible une analyse objective des données analysées. L'éditeur met en avant des témoignages spectaculaires de mise en ?uvre rapide, comme la génération d'un rapport par client en 15 minutes au lieu de 8 heures auparavant. Il insiste aussi sur le tarif raisonnable, la prise en main intuitive (pas de formation initiale) et le taux de satisfaction élevé, en particulier sur la précision des analyses.
René Beretz