Produire, contrôler, livrer, tracer, inventorier : gérées par des technologies adaptées, ces problématiques s'intègrent souvent dans des projets globaux. Ceux-ci doivent impliquer aussi bien les utilisateurs finaux que la direction des entreprises pour aboutir au choix des solutions les plus pertinentes.
Un projet de supply chain doit s'inscrire dans une stratégie d'entreprise
Comment mettre en ?uvre un projet de SCM (Supply Chain Management) ? Telle est la question que se sont posée les participants à la conférence introductive du salon. Un consensus se dégage sur l'importance de prendre en compte tout projet dans une stratégie globale d'entreprise car un projet isolé, uniquement porté par la DSI, a nettement moins de chances de succès. Pour Tanguy Caillet, directeur général France du cabinet de conseil J&M Management, "il faut une vision à 5 ans d'amélioration des performances de la société. Même si la perspective économique est difficile, c'est indispensable car les bénéfices d'un projet ne peuvent être obtenus qu'au bout de 3 à 5 ans."
Le cahier des charges d'un projet de SCM peut prendre des formes variées. "Mais avant tout, il doit être flexible, insiste Florian Foresti, d'OM Partners, éditeur de solutions de planification : "le client doit pouvoir bénéficier des qualités de la solution choisie sans a priori." Il faut éviter qu'un cahier des charges définisse des schémas particuliers trop précis, qui empêchent de profiter des apports de la solution. Olivier Rouvière, d'Infor, enfonce le clou : "nous avons des solutions dédiées par industrie : elles mettent en avant les bonnes pratiques." Pour mieux comprendre les concepts de la supply chain, les PME ont intérêt à consulter des modèles de cahier des charges sur Internet ou à s'adresser à des cabinets spécialisés.
Pour qu'un projet de SCM réussisse, un certain nombre de conditions doivent être réunies. Tout d'abord, la solution retenue doit être bien adaptée au métier de la société et proposer une bonne couverture fonctionnelle. Le client doit s'assurer de la pérennité de l'éditeur et de ses plans d'évolution de la solution. Et il faut bien sûr calculer le ROI pour les différents volets du projet. Par ailleurs, avant de lancer un projet, une société tirera beaucoup d'enseignements d'une visite chez un utilisateur d'une solution analogue. "Il ne faut pas oublier qu'un projet est une affaire de personnes", note Olivier Rouvière. L'intégrateur et l'équipe du projet doivent se rencontrer le plus tôt possible pour mettre en place une collaboration efficace.
"La modularité et la souplesse de la solution sont des caractéristiques importantes pour pouvoir mettre en ?uvre une solution fonction par fonction", note Florian Foresti. Ce que confirme Tanguy Caillet : ""il faut être pragmatique, commencer petit et évoluer avec la montée en expérience des équipes.". La clarté et la facilité d'utilisation de la solution sont un autre élément-clef du succès d'une solution, comme le note Tanguy Caillet : "si une solution n'est pas intuitive, si les utilisateurs ne la comprennent pas, ils vont en extraire les données et retourneront sur Excel pour les manipuler."
MES : des solutions verticalisées, ouvertes vers l'extérieur, intégrant un volet décisionnel
Ce domaine de l'exécution et du contrôle de la fabrication était représenté sur le salon par quelques acteurs majeurs. Selon Apriso, ce marché en croissance mûrit et commence à concerner les DSI, ce qui est nouveau. Les petits développements internes réalisés au sein des services de production cèdent la place à des solutions de MES matures dont l'intégration à l'ERP, au PLM et autres applications de l'entreprise progresse. Les échanges avec les ERP peuvent être soit journaliers, soit déclenchés par un événement (par exemple la consommation d'une matière) : la fréquence des échanges a donc tendance à diminuer. La solution Producim de Courbon peut ainsi s'interfacer aussi bien avec le logiciel de gestion de laboratoire (LIMS) et le contrôle/commande des équipements qu'avec l'ERP, le WMS (gestion d'entrepôts) ou un outil de BI.
Intégration de Producim de Courbon avec les autres applicatifs de l'entreprise (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
En effet, la masse de données accumulées par les outils de MES fournit des informations susceptibles d'aider à contrôler, corriger, améliorer et planifier. Dans ce but, des modules décisionnels sont maintenant intégrés dans les solutions et permettent de calculer des indicateurs de performance et d'afficher des tableaux de bord. C'est le cas chez Wonderware, qui s'appuie sur sa plate-forme Achestra pour créer un référentiel de données. Courbon a intégré à Producim un outil décisionnel bâti à partir d'une base Oracle/BIRT. Celui-ci peut fonctionner en interne pour du pilotage automatique, mais il est également possible d'exporter les données vers un outil décisionnel externe, pour un traitement différé.
Créée à Saint-Nazaire en 2005, la société Productys se positionne d'emblée comme éditeur d'un MES décisionnel, qui se construit à partir d'informations de production remontées du terrain. La construction de l'application dépend de la priorité respective accordée à différents facteurs : qualité, facilité de maintenance, souplesse... Totalement paramétrable, la solution peut facilement évoluer en fonction des changements de priorité. Les différents acteurs de l'entreprise peuvent consulter l'application selon différentes vues correspondant à leur centre d'intérêt. Pour Médéric Guérin, chef de projet chez Productys, "l'amélioration de la productivité peut financer la qualité".
La RFID, technologie diversifiée, bien implantée dans de nombreuses industries
Le monde de la RFID était représenté sur le salon par des concepteurs et fabricants d'étiquettes RFID et par des intégrateurs de solutions complètes. Maintag se consacre à la conception et au développement d'étiquettes RFID durcies, c'est-à-dire adaptées à des environnements hostiles. Par exemple, les étiquettes destinées aux pièces des avions d'Airbus doivent résister à une température de 70 °C et aux fuites de liquides hydrauliques. Quant aux étiquettes destinées aux textiles, comme les draps, elles doivent résister au lavage en machine. Mais dans d'autres domaines, les étiquettes peuvent être plus simples et moins chères, comme pour le marquage d'articles destinés à la distribution de détail. La Société JMD est un autre spécialiste de conception et de fabrication d'étiquettes RFID selon des technologies variées : étiquettes laminées, injectées, embossées, enrobées ou dômées, chacune fournissant un niveau de résistance différent. Ubi Solutions et Fréquentiel étaient deux des intégrateurs présents, actifs dans des projets de conseil, étude, d'intégration et de développements spécifiques.
La technologie la plus utilisée est celle des étiquettes passives avec ses trois gammes de fréquences : BF, HF et UHF, permettant des distances de lecture allant de 50 cm à près de 10 mètres. Pour être lues, ces étiquettes nécessitent des dispositifs externes, comme des PDA durcis ou des portiques. Les étiquettes RFID actives comportent une pile qui leur permet d'être lues à une distance pouvant aller jusqu'à 100 mètres. La société Fireflies RTLS s'est spécialisée dans cette technologie qui lui permet de mettre en place des solutions de localisation d'objets équipés d'étiquettes actives baptisées "lucioles". Un réseau fixe composé de lucioles de références qui communiquent avec les lucioles mobiles permet de localiser et de surveiller les objets, grâce à une triangulation.
René Beretz
Point de vue de Jean-Christophe Lecosse, directeur général du centre national RFID
"Il y a eu une attente démesurée dans la généralisation de la technologie RFID à tous les domaines. Même si le coût des étiquettes RFID a baissé, il faut 15 ans pour qu'une technologie soit adoptée dans un secteur : c'est le temps de maturation nécessaire aux acteurs d'un domaine pour se mettre d'accord. Par exemple, dans la grande distribution, il n'est pas facile d'obtenir un consensus à cause du nombre important d'acteurs. Le succès se trouve donc dans des niches où le nombre d'acteurs est faible et où les produits sont homogènes, ce qui est le cas des enseignes textiles et des blanchisseries mais aussi des bibliothèques. Les boucles fermées sont des environnements favorables car les étiquettes sont réutilisées. Dans ce cas, le coût unitaire de l'étiquette RFID est moins important, et le ROI est plus vite atteint.
Le ROI doit prendre en compte l'ensemble du projet : par exemple le coût de fixation de l'étiquette peut être nettement plus important que le coût de l'étiquette elle-même. Un autre facteur de bon retour sur investissement est le fait qu'une étiquette RFID peut avoir de nombreuses utilités, comme ce peut être le cas par exemple dans un magasin : antivol, lecture en vrac dans le panier de l'acheteur, informations pour le réapprovisionnement (tailles manquantes pour un modèle), informations pour le consommateur."
Propos recueillis par RB