Le système d'information (SI) des entreprises est composé d'applications spécifiques et de progiciels de type ERP, SCM ou CRM qui forment des silos applicatifs communiquant mal entre eux. L'ensemble est peu flexible et les processus internes sont figés. Pour prendre en compte les clients, les marchés et les produits, il est nécessaire de concevoir un "business model". Mais un décalage subsiste entre la réalité et les modèles, entre l'attente de l'entreprise et le SI. D'autant plus que le monde commercial bouge souvent très vite. Par exemple, les opérateurs de télécommunications lancent souvent de nouvelles offres, que les SI ont du mal à prendre rapidement en compte.
Le rôle du BPM est d'introduire une couche intermédiaire gérant les processus et l'intégration. Software AG la présente comme une "couche d'agilité" qu'elle appelle "Business Process Excellence".
Un processus d'entreprise est une succession d'activités centrée sur le client, qui parcourt les différentes entités de l'entreprise. Diverses et hétérogènes, elles possèdent un historique. Toute la problématique consiste à les faire communiquer pour échanger des informations. Mais lorsqu'il s'agit d'exécuter les processus, deux visions s'affrontent, celle de la maîtrise d'ouvrage représentant les métiers et celle de la maîtrise d'œuvre, c'est-à-dire de l'équipe informatique. Il est donc nécessaire de faire appel à un certain nombre d'outils, d'une part pour la modélisation et d'autre part pour le pilotage des processus, en ménageant des points de synchronisation fréquents sur les processus de l'entreprise entre les deux populations.
Outils de modélisation et outils de pilotage des processus
La mise en œuvre de la stratégie de l'entreprise ou de la stratégie d'un projet suppose d'avoir une vision claire des indicateurs correspondants. Concevoir des processus consiste à répondre aux grandes questions sur l'entreprise : décrypter son fonctionnement, documenter les processus, identifier les redondances. La création d'un référentiel commun constitue une bonne approche. La plate-forme Aris est la solution de modélisation de Software AG. Elle permet de formaliser la capture des besoins métiers, ce qui facilite ensuite les échanges entre maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'œuvre. Elle assure la gestion de la documentation, s'enrichit pendant le projet et contribue à la conduite du changement. La méthode et les outils s'adaptent aux différents types de projets. La plate-forme permet de restituer automatiquement les informations sous différentes formes et dans différents formats selon les besoins. Aris dispose de modèles métiers ouverts et faciles d'accès.
Les modèles d'Aris peuvent être traduits automatiquement en BPMN, format compréhensible et utilisable par la maîtrise d'œuvre, dans le but d'automatiser les flux. C'est le format utilisé par Webmethods, fonctionnant dans l'environnement Eclipse, qui fournit le modèle informatique exécutable.
Synchronisation entre le "business model" et le modèle informatique
Les deux types de modélisation, qui ont un rendu similaire, sont synchronisés. Les modifications du modèle informatique de Webmethods peuvent être remontées dans le modèle conceptuel d'Aris, ce qui permet de prendre en compte des suppressions ou des ajouts et de valider les changements. Des points de synchronisation entre les informaticiens et les spécialistes du métier assurent le suivi et le pilotage des processus : le même modèle est appliqué d'un bout à l'autre de la chaîne.
L'exécution des processus
Pendant longtemps, les processus ont été liés de manière rigide aux applications. Aujourd'hui, la tendance est au découplage entre les processus et les applications. Ainsi, en cas de modification dans les applications, l'impact sur les processus diminue, ce qui aide à leur adoption. La couche intermédiaire, qui concrétise cette séparation, est basée sur les technologies SOA et ESB.
Les entreprises recherchent de plus en plus de souplesse, ce qui implique de faire appel à des applications de plus en plus complexes. La résolution de ces situations peut passer par la modélisation d'un processus maître faisant appel à des sous-processus. Par exemple, une gestion fine des promotions avec des tarifs et des produits spécifiques, difficilement gérée au niveau d'un ERP, peut être assurée par des processus spécifiques pilotant les processus de SAP ou d'Oracle. Cela assure une gestion de bout en bout des processus jusqu'aux clients et aux partenaires. La traçabilité peut être assurée au niveau historique et financier de manière automatisée. En outre, les informations pour développer le réseau et satisfaire les clients sont facilement disponibles. De tels processus apportent une valeur ajoutée significative à des applications qui restent très similaires dans toutes les entreprises (SAP, Salesforce).
L'intelligence des processus
Software AG veut faire de 2012 l'année de la "process intelligence" en s'appuyant sur son outil Aris PPM (Process Performance Manager). Le but est de découvrir la réalité des processus, afin de contribuer à la prise de décision. La première étape consiste à placer des sondes dans des occurrences de processus et de mettre par-dessus des KPI (indicateurs clefs de performance). L'outil reconstruit les processus à partir de la capture des processus réels du SI. Cela permet des analyses de systèmes hétérogènes de manière transversale.
Ainsi, un groupe automobile mondial a mis en œuvre cet outil avec des indicateurs présentés sous forme de feux tricolores. La couleur change en fonction de la position d'un curseur associé à des seuils. La visualisation se fait en fonction de la période choisie : trimestre, mois ou semaine. Différents types de vues sont disponibles : vue en processus ou vue sur cartes (pour visualiser les usines). En cliquant sur un processus, le détail des sous-processus s'affiche. On peut donc affiner l'analyse et se concentrer sur un élément précis.
René Beretz