Proginov propose l'ERP éponyme, qui s'est développé autour du noyau formé par la gestion commerciale, la production, la paie et la comptabilité/finances. Depuis, de nombreuses évolutions et ajouts ont vu le jour, dans les domaines de la gestion d'affaires, de la supply chain ou du CRM. La solution se complète de modules décisionnel, d'e-commerce, de force de vente, de terminaux points de vente, de SAV et même d'une GMAO, d'une gestion de projets et d'un CMS. Une solution très complète, donc, qui s'adresse avant tout aux PME/PMI.
Du classicisme...
Proginov fait partie du gros du peloton des offreurs de solutions français. Implanté dans la banlieue sud de Nantes, il revendique son régionalisme et contribue, tout comme ses nombreux confrères implantés en régions, au développement de l'économie locale. Éditeur, l'entreprise est aussi intégrateur de ses propres solutions, une démarche très répandue parmi les éditeurs français. Son chiffre d'affaires n'a cessé d'augmenter, passant de 6,7 M€ en 2003 à 19,8 M€ en 2011 (chiffre encore provisoire). La crise de 2008 semble n'avoir eu que peu d'effet sur Proginov.
Les solutions logicielles proposées par l'éditeur sont préférentiellement développées en interne : "c'est une question de cohérence dans le temps et de capacité de production", explique Philippe Plantive, directeur général. "Ainsi avons-nous réalisé notre propre GED, notre propre CMS et notre propre configurateur, qui n'est peut-être pas aussi puissant qu'un outil spécialisé comme Caméléon, par exemple, mais reste de bonne facture tout de même et s'améliore en permanence. Notre ERP doit être utilisable en PME : c'est ce qui justifie notre démarche". En revanche, le module décisionnel repose sur QlikView, la liasse fiscale sur la solution d'Invoke, la reconnaissance vocale en entrepôt sur Aldata et l'EDI sur Ceres. Si on y ajoute la géolocalisation, elle aussi en OEM, et la base de données Progress, utilisée depuis 1993 pour développer les applications, ce sont là les seuls éléments pour lesquels Proginov s'appuie sur des partenaires. Même la pointeuse a été développée en interne et le projet CMS a bénéficié du soutien d'Oséo.
Les quelque 750 clients de l'entreprise sont essentiellement des PME, parmi lesquelles Gautier, Autodistribution Bremstar ou les magasins Biocoop, et classent Proginov parmi les 10 principaux concepteurs et éditeurs d'ERP de l'hexagone. Le plus important de ces clients ne génère que 3,08 % du chiffre d'affaires : l'indépendance de l'éditeur est donc préservée. Car là encore, à l'instar de bon nombre de ses confrères, Proginov est souvent courtisé par des éditeurs plus gros, candidats à la croissance externe. Mais un tel rachat n'est pas du tout à l'ordre du jour : "nous sommes attachés à notre indépendance et à notre modèle social novateur, qu'un tel rachat compromettrait", précise son PDG, Michel Martin.
Proginov est présent dans de nombreux pays. Mais comme bon nombre de ses concurrents, c'est le plus souvent au travers des filiales à l'étranger de ses clients français et non de par une volonté délibérée de s'y développer.
La culture de l'entreprise, où apparemment il fait bon vivre, ressemble à s'y méprendre à celle de bon nombre d'éditeurs de "province", où une devise du type "pour vivre heureux, vivons cachés" le dispute à une farouche volonté de croissance et de développement. Tiraillé entre les deux modèles, Proginov maîtrise sa croissance.
? au particularisme
Mais Proginov a aussi de nombreuses particularités, auxquelles ses dirigeants tiennent beaucoup. Cela commence par la structure même de la société : fondée en 1980 sous le nom de Progi-Ouest par Michel Martin et deux associés, elle est rebaptisée en 1996 à la suite d'une rupture. Son nom est la contraction de "progiciel" et "innovation". Aujourd'hui encore, Michel Martin est aux commandes en tant que PDG, mais depuis une dizaine d'années maintenant, il délègue beaucoup à ses quatre directeurs généraux (Dominique Sevesque, Hervé Louis, Philippe Plantive et Xavier Bossis) et prépare ainsi sa succession. "Sauf si j'ai vraiment une opposition radicale ou viscérale, à l'une de leurs décisions, je ne m'y oppose en général pas", nous a-t-il confié. Depuis cette époque, le capital de Proginov a été énormément remanié : non seulement les quatre directeurs généraux sont actionnaires de l'entreprise, mais c'est également le cas de 80 % de ses 146 collaborateurs, qui se partagent les 1,2 M€ de capital. Qui plus est, l'entreprise est propriétaire foncier : l'ensemble de ses 4000 m2 de locaux lui appartient et appartient donc aussi à ses actionnaires/salariés. "C'est là un point très important", souligne Michel Martin. "Ainsi, le collaborateur actionnaire n'est-il pas seulement copropriétaire de biens immatériels, comme les clients ou le savoir-faire de l'entreprise, mais aussi de biens extrêmement tangibles, qu'il utilise au quotidien". Et les investissements immobiliers de Proginov ne sont pas terminés : après l'importante phase d'agrandissement de 2009, l'entreprise vient d'acquérir le champ situé juste derrière ses locaux pour y construire en 2012 un nouveau centre de calcul et même un atelier pour le factotum.
Autre particularité de Proginov : le logiciel est installé in extenso chez le client. Mais si celui-ci n'en utilise qu'une partie, les fonctions non utilisées sont désactivées. Si d'aventure il souhaite élargir la couverture fonctionnelle, il suffit d'activer les fonctions correspondantes, sans supplément de prix. Proginov part en effet du principe qu'en activant ces nouvelles fonctions, le client va également mettre en face les utilisateurs correspondants. Et comme la facturation se fait au nombre d'utilisateurs, l'éditeur s'y retrouve. "Le système fonctionne en mode déclaratif, y compris pour les solutions de nos partenaires comme QlikTech", précise Philippe Plantive. "Cela ne va d'ailleurs pas toujours sans mal pour leur faire admettre ce système alors qu'ils sont habitués à un mode de facturation plus classique".
De la même façon, les solutions "métiers" de Proginov sont installées dès le départ chez tout client et potentiellement opérationnelles : tout réside dans le paramétrage. L'éditeur propose ainsi de nombreuses déclinaisons "métiers" de ses solutions, pour l'agroalimentaire, la filière bois, l'emballage, la filière BTP, la filière végétale ou encore la location, pour n'en citer que quelques-unes.
Le SaaS
S'il est une particularité majeure de Proginov, c'est bien le SaaS. Depuis 2001 ? une époque où ce terme même n'existait pas encore ? il propose en effet ses solutions en mode hébergé et se targue aujourd'hui d'être le leader de l'ERP en mode SaaS sur le marché français. Il faut dire que plus de 50 % de ses clients utilisent leur application en mode hébergé, ce qui permet à Proginov d'assurer 65 % de son chiffre d'affaires en récurrent. L'ensemble des applications est en effet proposé en mode "cloud", mais ce nuage est un peu particulier : il est physiquement situé du côté de Nantes sud...
Une baie de serveurs
Apôtre du cloud privé, Proginov a donc dû développer un troisième métier : celui d'hébergeur. C'est justement ce qui justifie la frénésie immobilière dont fait preuve l'entreprise. Tous les maillons composant la chaîne d'infrastructure sont redondants, depuis les sources d'alimentation (réseau ou groupes) jusqu'à la puissance de calcul, en passant par le stockage, les câbles ou les switchs. Même les lignes de télécommunication sont redondantes et s'appuient sur deux opérateurs différents. Proginov part en effet du principe que le réseau d'un opérateur est susceptible de connaître une défaillance générale : il a donc inventé la "ProgiBox", un dispositif permettant à l'entreprise cliente d'être raccordée au centre de calcul via plusieurs opérateurs et de disposer ainsi d'une disponibilité proche du 100 % tout en optimisant les volumes transférés. Cela peut se révéler utile, surtout si l'activité de l'entreprise dépend d'une connexion Internet, comme c'est le cas avec le mode SaaS. L'infrastructure actuelle est composée de 350 serveurs de production : elle pourra en héberger 800 lorsque la nouvelle salle, dont l'installation est prévue en 2012 dans le fond du champ récemment acquis, sera opérationnelle.
Benoît Herr