Dès la naissance d'erp-infos.com, en 2007, nombreux étaient déjà les Cassandre qui prédisaient la mort des ERP. Mais force est de constater que 5 ans plus tard, non seulement les ERP constituent toujours l'ossature des SI des entreprises, mais qu'ils se sont renforcés et qu'ils bénéficient aussi de solutions complémentaires de plus en plus riches et performantes, comme le CRM ou la BI. Et comme toutes les autres solutions logicielles, ils ont connu la révolution du cloud et s'y sont adaptés.
La révolution du cloud
Dès notre toute première édition, en juin 2007, nous vous parlions des ERP considérés comme des services à la demande. À l'époque, on ne parlait pas encore de SaaS (terme apparu en 2008) mais d'ASP. Alors que des éditeurs comme Cegid ou Proginov étaient déjà bien présents sur ce marché, une étude Markess International montrait néanmoins que l'adoption des ERP en mode SaaS restait en retrait.
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Au même moment, en septembre 2007, SAP lançait en fanfare son offre Business ByDesign : SAP rebaptise A1S en Business ByDesign. À l'époque peu attrayant, présentant des lacunes fonctionnelles et souffrant d'une tarification inadaptée au budget des PME, le produit n'a pas décollé. Ce n'est qu'en 2010, avec sa version 2.5, que ByDesign a séduit à une échelle plus importante (cf. SAP Business ByDesign : des témoignages, enfin). La distribution d'applications SaaS en mode indirect reste problématique en France. Et SAP cherche encore son modèle : alors que ByDesign était en principe destiné aux PME, il séduit des grands groupes qui l'installent dans leurs structures décentralisées (cf. Business ByDesign : une solution pour les grands comptes !).
Mais si SAP, avec la machine de guerre qui le caractérise, est allé à marche forcée vers le SaaS, aujourd'hui appelé on-demand, il est loin d'être le seul. Peu ou prou tous les éditeurs s'y sont mis au fil du temps. Certains éditeurs nationaux, comme Proginov, n'ont pas attendu le leader allemand et proposent leur ERP en mode on-demand depuis bien plus longtemps (cf. Proginov : un acteur aussi typiquement français qu'atypique) et aujourd'hui la moitié de ses clients utilisent la solution en mode hébergé. Même les plus réfractaires d'il y a quelques années s'y sont mis, comme Lawson (cf. Quelle est aujourd'hui la maturité du marché des ERP en SaaS ?), tandis que d'autres, comme Cegid, poussent ce modèle depuis le début et réalisent un chiffre d'affaires croissant avec le SaaS et que le monde de l'Open Source s'y met aussi, comme ITvite, un ERP Open Source pour TPE en mode SaaS.
Un "core ERP" de plus en plus stable, riche et... verticalisé
D'aucuns estiment que les éléments fonctionnels centraux de l'ERP sont maîtrisés, connus et n'évoluent plus beaucoup. Ce n'est pas tout à fait exact, mais s'il est vrai que l'on n'enregistre pas d'agitation débordante en la matière, une autre tendance, déjà ancienne, se renforce parallèlement : la montée en puissance des solutions métiers. Cet article de 2010 en atteste : les éditeurs verticalisent leurs ERP pour mieux se positionner sur le marché. Et la tendance devient aujourd'hui la règle.
La business intelligence
Domaine réservé voire secret, la business intelligence, ou BI, s'est démocratisée. Les applications décisionnelles ne sont plus des silos isolés mais elles s'intègrent dans d'autres applications : c'est ainsi qu'un ERP ne peut plus se concevoir sans module décisionnel. Les experts ne développent plus tous seuls dans leur tour d'ivoire des applications figées : ils mettent à la disposition des utilisateurs des outils souples, adaptables, conviviaux et rapides. Nous avons repéré dès 2009 un certain nombre d'éditeurs innovants, comme QlikView, un outsider de la BI. D'autres les ont rejoints, enrichissant la gamme des outils décisionnels plus efficaces à la disposition de tous. Les acteurs français ne sont pas en reste pour innover dans ce domaine porteur. C'est par exemple le cas de Report One : du décisionnel léger, rapide et efficace.
Les logiciels de CRM
Complémentaires voire concurrentes des ERP dans certains cas de figure, les solutions de gestion de la relation client ou CRM (Customer Relationship Management) ont connu un enrichissement et un élargissement considérables au fil des années, comme nous le constations déjà dans un article de 2008 : Mieux ciblé, le CRM profite des dernières technologies et atteint la maturité. Le domaine intègre rapidement les dernières innovations technologiques : l'utilisation élaborée de la BI et des réseaux sociaux augmente l'efficacité du CRM analytique. C'est probablement le type d'application le plus présent dans le cloud : nous parlions dès 2008 du leader du domaine en présentant le tentaculaire cumulonimbus de SalesForce. Des structures plus modestes tentent de mettre en œuvre une autre manière de voir le CRM.
Consolidation du marché : la tendance se poursuit
Ces cinq dernières années ont vu la poursuite d'une politique de consolidation dans de nombreux domaines. Du côté des deux leaders, la croissance externe s'est faite dans d'autres domaines que les ERP : Business Intelligence (Rachat d'Hyperion par Oracle et de Business Objects par SAP en 2007), middleware (rachat de BEA par Oracle en 2008), cloud computing et gestion des talents (rachat de SuccessFactors par SAP en 2011 et de Taleo par Oracle en 2012)...
En avril 2006, Lawson rachetait Intentia, l'un des leaders de l'ERP industriel. Depuis 2011, Lawson n'est plus, car racheté par Infor, structure faisant preuve d'une véritable boulimie de rachats (cf. Lawson Software finalement vendue à une filiale d'Infor et de Golden Gate Capital).
Du côté de Microsoft, les solutions Dynamics NAV et AX issues du rachat de Navision en 2002, ont connu de grosses évolutions. C'est pour mieux gérer la verticalisation de l'offre AX que Microsoft a racheté en 2009 des solutions développées par des intégrateurs, ainsi que nous l'a confié l'un de ses dirigeants : Microsoft verticalise AX.
Les acteurs locaux
Nous avons toujours réservé une place aux éditeurs de logiciels français de taille modeste, qui se sont imposés auprès des PME. C'est le cas de Sylob, éditeur d'ERP destiné aux PME industrielles, qui a fêté ses 20 ans en 2011, mais aussi de Qualiac, qui a plus de 30 ans d'existence et dont nous parlons dans la présente lettre : la satisfaction des clients au cœur de la stratégie de Qualiac.
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Selon un autre modèle, Divalto s'appuie sur un vaste réseau de distributeurs et se réinvente sans cesse ; 2011 a été l'année d'une refonte de sa gamme : Divalto transforme l'essai. À côté de ceux-ci, un acteur majeur se détache, avec des solutions variées destinées à de nombreux métiers, dont la distribution de détail : Cegid fait évoluer son offre pour le retail avec une nouvelle gamme à valeur ajoutée. Souvent basés en région, ces éditeurs couvrent tout le pays à partir de leurs bases situées à Albi, Aurillac, Clermont-Ferrand, Strasbourg ou encore Lyon.
Les promesses de l'open source
Nous nous posions la question dès le n° 2 : ERP Open Source : mythe ou réalité ?. Aujourd'hui, les ERP Open Source, que ce soit OpenERP, Compiere, OFBiz, OpenBravo ou d'autres, tirant parti des avancées technologiques, n'ont rien à envier aux solutions propriétaires. Le modèle économique des éditeurs et intégrateurs concernés associe le plus souvent une version communautaire gratuite à une version commerciale fonctionnellement plus riche et bénéficiant d'un support professionnel. Ce que nous avions relevé dans plusieurs articles en 2009 : "Vitalité et variété des ERP Open Source" et "Les ERP Open Source gagnent en maturité". De plus en plus, les DSI réfléchissent sur la place de l'open source dans l'entreprise, en particulier dans le cadre d'un forum Open Source élargi.
Mais encore...
Par définition, une synthèse laisse nécessairement de côté certains éléments : nous n'avons pas la place ici de faire un point sur les nombreux autres sujets que nous avons abordés, comme la dématérialisation des documents, le BPM, la supply chain, les réseaux sociaux d'entreprise, les ressources humaines... N'hésitez pas à parcourir nos pages d'archives pour les retrouver.
Benoît Herr et René Beretz