On l'a dit et répété : le modèle SaaS a un impact majeur sur l'industrie du logiciel, notamment en termes de flux de trésorerie. Generix, qui s'est lancé très tôt dans l'aventure du SaaS et y réalise aujourd'hui encore l'essentiel de ses investissements, en fait l'expérience dans le contexte d'une réorganisation importante en 2011, ayant entraîné le départ de 50 collaborateurs en début d'année. "Tous ont cependant retrouvé un emploi, que ce soit avec ou sans l'aide de Generix", assure Jean-Charles Deconninck, président du directoire. Cette réorganisation s'est faite sur la base de nouvelles méthodes de développement agile : "le SaaS nous oblige à travailler différemment sur les architectures pour répondre à la demande, qui est permanente", ajoute Jean-Charles Deconninck. La R&D a donc été entièrement restructurée et conséquemment la direction commerciale.
Les projets aussi changent de morphologie : "là où il fallait 3 mois pour démarrer un entrepôt, nous mettons désormais 3 semaines", constate le dirigeant. De ce fait, les activités de service de Generix ont baissé structurellement de 16 % sur son exercice 2011/2012, clos au 31 mars 2012. L'impact sur la rentabilité est en revanche positif : le résultat opérationnel s'est amélioré de 4,3 M€ ; grevé du coût de la réorganisation de l'entreprise, qui s'élève à 1,8 M€, il reste cependant encore négatif. Autre conséquence du passage au modèle SaaS, dont le chiffre d'affaires a crû de 8 % par rapport à l'exercice précédent : une recapitalisation de l'entreprise à hauteur de 8,3 M€ fin 2011.
Le SaaS représente désormais 18 % du chiffre d'affaires global de Generix contre 15 % en 2010/2011. Compte tenu des caractéristiques du modèle, le plus important pour Jean-Charles Deconninck est le portefeuille de contrats, qui génère du revenu récurrent à partir de l'année suivant la signature. "Je suis très confiant sur ce point car en 2011/2012 nous avons plus que doublé le nombre de contrats SaaS signés par rapport à l'année précédente".
Multi-canal et réactivité
L'autre cheval de bataille de Generix, éditeur spécialiste des métiers de la distribution, est le cross-canal. Sa plate-forme GCC (Generix Collaborative Customer) permet aux distributeurs de se connecter sur le back-office existant pour exécuter les actions de promotion, fidélisation et vente sur les applications de front-office. L'éditeur propose d'ailleurs depuis peu cette offre sur le cloud public Microsoft Azure, où elle peut s'interconnecter avec l'offre CRM Online de Microsoft.
Le groupe Kindy, PME de 200 personnes articulée autour de trois pôles d'activité (chaussette classique, chaussure haut de gamme pour enfant et la "chaussetto-thérapie" avec la marque Innov’Activ, distribuée en parapharmacie) témoignait de son utilisation de GCE (Generix Collaborative Enterprise) par la voix de sa DSI, Nathalie Seguinot, lors du récent forum CXP. Elle explique qu'au cours des années 2000 la situation a beaucoup évolué : sa société a grandi et s'est diversifiée. Elle est passée d'une production 100 % française à une production partiellement délocalisée ; de mono-marque elle est devenue multi-marques et multi-produits. Là dessus est venue se greffer la multiplication des canaux de distribution. "Il fallait être capable de réagir très vite et de s'adapter", note-t-elle.
Les fournisseurs se sont donc multipliés et disséminés (France, Chine, Turquie...) de même que les types de clients : les hypermarchés demandent beaucoup de réactivité au niveau de l'entrepôt et impliquent des modes de distribution totalement différents de ceux des détaillants, des magasins de parapharmacie ou de la vente en ligne. La mise en place du module logistique de Generix permettra à Kindy d'organiser ces modes de préparation différents pour mieux répondre à la demande.
"Au niveau du logiciel, c'est une véritable performance que d'assurer cela : toutes les solutions ne sont pas capables de s'adapter à ces contraintes métier", a souligné Patrick Rahali, analyste au CXP et animateur de la table-ronde. La diversité des fournisseurs implique par exemple d'être capable de descendre x niveaux de nomenclature pour gérer la sous-traitance et de disposer de prévisions de ventes fiables pour réduire les stocks et acheter le moins de produits possible. Plus généralement, lors d'une opération de croissance externe comme celles réalisées par Kindy, il faut pouvoir intégrer facilement la nouvelle société dans le système.
En revanche, le mode SaaS n'a pas les faveurs de Kindy : pour Nathalie Seguinot, "son intérêt dépend du secteur d'activité. En outre, ce n'est pas forcément important lorsqu'on est implanté en Picardie profonde..." Par contre, elle estime que "ce qui est essentiel, c'est la réactivité", un aspect dont elle se déclare pleinement satisfaite.
Benoît Herr