Entré chez SAP en 1992, Robert Enslin s'est d'abord attaqué au développement du marché sud-africain. Puis, il a été le patron de SAP Japon avant de devenir celui de SAP Amérique du nord. Il est président des ventes au niveau mondial depuis 2011 et a intégré le comité directeur de SAP en 2012. Donc, dire que Bob Enslin est un pur produit SAP est un euphémisme. Voici sa vision de la mutation trépidante que connaît en ce moment sa société et à travers elle le monde des ERP tout entier.
Les bons résultats de SAP au deuxième trimestre
"Cela fait maintenant de nombreux trimestres que nous poursuivons notre croissance dans le monde entier et le deuxième trimestre 2012 a été spectaculaire, avec plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires en logiciel. En Europe, le marché est mature, surtout dans les pays scandinaves, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, dans un environnement que la plupart des gens considèrent pourtant comme instable". L'Europe a enregistré une croissance de 21 % au deuxième trimestre, ce qui est bien plus important que l'Amérique du Nord mais légèrement en retrait par rapport à l'Asie/Pacifique. "Les marchés matures sont en croissance significative, malgré l'environnement économique délétère", se félicite Bob Enslin.
Le dirigeant estime que ce qui fait la différence avec la concurrence, c'est l'innovation, dont les clients SAP comprennent vraiment les apports, qu'il s'agisse des solutions de mobilité ou analytiques, surtout HANA. "HANA s'installe sans perturbations et ses bénéfices se réalisent sur le court terme et sont très significatifs, aussi bien pour un nouveau client SAP que pour un client de longue date", estime-t-il. "Mobilité et HANA commencent déjà à représenter un chiffre d'affaires significatif pour SAP, et HANA est en train de devenir une plate-forme de développement de nouvelles applications de gestion à part entière". Par exemple, les start-up intégrées au "SAP Startup Focus Program" vont utiliser HANA pour mettre sur le marché des dizaines d'applications innovantes (cf. SAP fait appel aux start-up pour promouvoir HANA) qui seront proposées et utilisées par la base installée de SAP. "C'est une stratégie positive pour SAP, pour ses clients et pour les start-up concernées", ajoute Bob Enslin.
Les moteurs de la croissance
"La mobilité connaît actuellement une croissance à trois chiffres, mais le cloud est dans le même cas, notamment grâce à SuccessFactors. Enfin, le secteur des bases de données croît également très très vite", constate Bob Enslin. "Mais il va aussi y avoir un rajeunissement dans l'analytique, notamment grâce aux analyses prédictives ; HANA va également permettre de revigorer les environnements BW au travers de nouvelles applications construites par-dessus ce module".
Quant aux PME/PMI, Business One fonctionnant avec HANA est d'ores et déjà une réalité. "C'est un produit fantastique, avec un look superbe et qui connaît déjà un succès extraordinaire", ajoute le dirigeant.
Transformation de l'entreprise SAP, vecteur de transformation de l'économie ?
"D'un point de vue technique, l'intégration des différentes entreprises rachetées est derrière nous", estime Bob Enslin. "Nous avons fait cela pendant des années... c'est la partie facile. En revanche, l'intégration des équipes est un autre problème, qu'il s'agisse de BusinessObjects ou de Sybase. Ce dernier a été intégré progressivement en 18 mois. En revanche, l'intégration de SuccessFactors s'est faite en 6 semaines, au début de 2012, grâce au fait que toute l'activité se passe dans le cloud. Nous travaillons actuellement avec Bob Calderoni à l'intégration d'Ariba, qui se fait de manière similaire à celle de SuccessFactors. Pour ces différentes entreprises, l'accent est surtout mis sur la croissance qu'elles peuvent connaître, ayant toutes été leaders, chacune dans son domaine".
Bob Enslin, "president of sales" de SAP (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Les clients et regroupements de clients comme les clubs utilisateurs ont cependant du mal à suivre le trépidant mouvement de l'éditeur, qui a tendance à encore s'accélérer. "Il est très clair que nous avons un rôle de soutien et d'éducation des clients à jouer", admet Bob Enslin. "Une façon de les aider consiste à mettre en place des solutions de déploiement et d'intégration rapides. Nous disposons de 120 de ces solutions à l'heure actuelle. Elles permettent aux clients de consommer de l'innovation bien plus rapidement qu'auparavant. Nous formons aussi beaucoup nos partenaires aux technologies innovantes et suivons les projets des clients qui les adoptent individuellement pour qu'ils puissent utiliser ces solutions le plus rapidement possible. Mais nous avons aussi un rôle d'éducation à jouer auprès des médias, des analystes du marché et des groupes d'utilisateurs".
Dans le cloud, la rapidité est une obligation, parce que les entreprises qui s'y développent sont souvent petites et très réactives. "Il faut innover et sans cesse apporter de nouvelles solutions dans ce domaine. SAP se doit d'être le leader : nous ne pouvons pas nous permettre de laisser d'autres assumer ce rôle. Et il n'y a aucun doute dans notre esprit que nos applications métier, qu'elles soient financières, de gestion des ressources humaines ou des achats, doivent être proposées à nos clients le plus rapidement possible. Ce sont les utilisateurs qui décident de ce qui doit être utilisé dans le cloud".
Le second semestre se présente bien
"Au vu de nos derniers résultats et de notre portefeuille de commandes, nous sommes très confiants", affirme Bob Enslin. "Les chiffres réalisés par HANA et la mobilité renforcent cette confiance. Il y aura des annonces importantes lors de SAPPhire à Madrid. L'une des plus importantes se fera autour des plates-formes sociales : Jam compte d'ores et déjà quelque 5 millions d'utilisateurs. L'intégration des plates-formes sociales et des applications tournées vers les collaborateurs de SuccessFactors va constituer le nouveau défi".
Propos recueillis par Benoît Herr