2012 touche à sa fin : c'est le moment de se demander ce qui attend le monde des ERP en 2013. Voici les prédictions du Panorama Consulting Group (PCG) pour l'année prochaine. La véracité de celles-ci commencera à se vérifier dès le mois de février, lorsque le PCG publiera son désormais traditionnel "ERP Report", qui mesurera en détail les tendances et les résultats de 2012 de manière objective au travers d'une enquête de terrain.
1. Poursuite de la réorganisation et de la consolidation des principaux éditeurs
Le PCG avait déjà annoncé une accélération de la consolidation des éditeurs dans ses prédictions pour 2011 et 2012 et estime que la tendance va se poursuivre. L'économie et le volume des affaires mondiaux étant volatiles pour les plus optimistes, certaines prévisions faisant même état d'une possible récession en Europe et aux États-Unis, il est difficile de dire si le chiffre d'affaires réalisé autour de l'ERP va continuer à croître au même rythme que ces dernières années. Ces défis macro-économiques ouvriront des possibilités aux éditeurs de solutions SaaS et cloud en forte croissance : ils vont continuer à grignoter les parts de marché des éditeurs de rang I comme SAP ou Oracle, notamment sur le marché des PME et des ETI.
2. Les solutions "best-of-breed" vont continuer à écorner les ERP monolithiques
De plus en plus d'entreprises prennent de la distance avec les déploiements de gros ERP monolithiques, ce qui va favoriser le gain de parts de marché pour les ERP de niche et les solutions "best-of-breed" en 2013. Les éditeurs d'ERP vont continuer à proposer de plus en plus de solutions métier pour contrer l'essor de ces offreurs du cloud, de taille plus modeste. Des éditeurs comme Oracle ou Infor, qui ont une stratégie "best-of-breed", seront mieux positionnés pour répondre aux demandes de ce type de la part de leurs clients. Par ailleurs, cette tendance va favoriser les fusions/acquisitions car de plus en plus d'éditeurs d'ERP sont à la recherche de solutions verticales pour compléter leurs systèmes ERP centraux.
3. L'architecture de solutions et l'intégration vont devenir un sujet brûlant
L'essor des niches "best-of-breed" et ERP en mode SaaS mettra la pression à la fois sur les DSI et sur les consultants ERP pour qu'ils apportent une meilleure intégration entre les systèmes et luttent contre la formation de silos de processus et de données. En conséquence, les compétences en matière d'architecture de solutions et d'intégration deviendront de plus en plus importantes dans le cadre d'implémentations d'ERP réussies.
4. Poursuite de l'adoption des solutions mobiles et de business intelligence
Tandis que les entreprises cherchent à accroître les bénéfices retirés de leur ERP, elles seront de plus en plus nombreuses à investir dans des solutions logicielles de mobilité et de business intelligence pour générer un retour plus important sur les investissements dans leur ERP existant. Elles considèrent de plus en plus qu'un système ERP plus moderne ne les aidera pas forcément à rendre leurs données plus pertinentes ou à mieux les utiliser. Il leur faudra des outils pour favoriser l'efficacité des décisions prises par les collaborateurs comme par les managers. Qui plus est, les cadres dirigeants seront soumis à des pressions plus importantes dans le contexte économique chaotique, ce qui se soldera par une accentuation de la pression sur les collaborateurs pour qu'ils fournissent les outils de prise de décision et les tableaux de bord dont les managers ont besoin.
5. Le battage fait autour du SaaS et du cloud va se calmer
Alors que de nombreux experts du marché continuent à prédire la mort de l'ERP traditionnel et l'avènement du SaaS et du cloud, le PCG constate que ses gros clients internationaux ne se satisfont toujours pas du relatif manque de souplesse, de contrôle et de sécurité qu'offrent les solutions ERP en mode SaaS. Les PME et ETI seront toutefois plus susceptibles d'adopter le SaaS tandis que les entreprises de toutes tailles seront plus enclines à adopter des solutions spécifiques en mode SaaS, comme le CRM ou la gestion des ressources humaines, bien adaptés à une utilisation on-line. Le plus important sans doute est que le SaaS et le cloud vont tellement faire partie intégrante du modèle de distribution de la plupart des éditeurs d'ERP que leur mise en avant cessera naturellement : ils feront partie de l'ERP au quotidien.
6. Une aversion pour le risque et les aléas
Compte tenu du contexte macroéconomique, il est hautement probable que les DSI et directeurs financiers fuient les risques, l'an prochain. Tout comme nous l'avons observé en 2009 et 2010, les budgets informatiques seront resserrés et on demandera aux équipes de projet ERP de plus se concentrer sur des bénéfices faciles à engranger et sur des activités à forte valeur ajoutée que sur des implémentations d'ERP à grande échelle. Une exception à cette tendance : les PME qui connaissent une croissance importante vont continuer à croître, malgré le contexte économique, et devront pouvoir s'appuyer sur leur SI pour asseoir cette croissance.
7. Mise en œuvre d'ERP : il y aura des gagnants et des perdants
Pour le PCG, il est très probable que deux catégories d'entreprises vont émerger : les plus averties qui comprennent qu'il faut se baser sur une méthodologie pour mettre en œuvre leur ERP et les autres dont l'approche relève plus du système D. Les incertitudes du marché du travail conduiront certains DSI et chefs de projets managers à adopter des conduites risquées, comme se passer du concours de consultants experts. Mais les implémentations d'ERP les plus réussies sont celles où l'on a fait appel à des consultants indépendants.
8. Augmentation du nombre de projets abandonnés et des procès
Pour le PCG, qui – rappelons-le – est un cabinet américain, les projets qui échoueront ont malheureusement de grandes chances de se retrouver devant la justice. Le PCG a rencontré de nombreux cas de ce genre au cours des deux dernières années et s'attend à ce que la tendance s'accélère car de nombreuses entreprises se lancent dans des stratégies d'implémentation inconsidérées, comme le système D évoqué ci-dessus. En outre, les organisations et les projets les moins évolués et dépourvus de vision à long terme vont continuer à se focaliser sur les services techniques proposés par leur éditeur d'ERP et leur intégrateur système, ce qui va contribuer à augmenter le taux d'échec dans l'année qui vient.
9. De plus en plus d'entreprises refusent l'ERP
À cause des incertitudes économiques et du taux d'échec important des projets ERP, un nombre croissant d'entreprises hésitera à se lancer dans l'aventure de l'ERP à grande échelle. Ces entreprises chercheront plutôt à mettre en œuvre des mesures d'amélioration comme le BPM (Business Process Reengineering) et la gestion du changement. Ces activités permettent souvent aux organisations de récolter des bénéfices immédiats à des coûts moindres qu'un investissement "traditionnel" dans un ERP, tout en optimisant l'usage de l'ERP et des autres logiciels en place.
10. Retour à la recherche des avantages concurrentiels au détriment des bonnes pratiques ERP
Au cours des dernières années, marquées par la crise économique, le jeu favori de nombreux DSI et directeurs financiers s'est appelé "réduction des coûts et standardisation". Dans leur quête de diminution des dépenses, de nombreuses organisations ont essayé de mettre en œuvre des bonnes pratiques métier et, ce faisant, ont négligé de s'occuper de leurs sources d'avantage concurrentiel. L'an prochain, les entreprises vont à nouveau travailler à leurs facteurs différenciateurs via des activités de BPM et de gestion du changement conçues pour les aider à récolter des bénéfices tangibles et améliorer le ROI de leur ERP.
d'après "Top Ten Predictions for the Global ERP Industry in 2013" par Eric Kimberling, Panorama Consulting Solutions – traduction et adaptation de Benoît Herr