Créé pour épauler l'informatique industrielle d'Areva, Euriware est une société de services et d'ingénierie en informatique qui travaille autant pour sa maison mère que pour des clients extérieurs. Ses deux grands métiers sont l'infogérance (55 % de son chiffre d'affaires) et l'intégration de systèmes. La division intégration de systèmes travaille à 42 % pour Areva et à 58 % pour les clients extérieurs. Tirant parti des compétences acquises dans les projets réalisés pour Areva, la société développe ses activités pour le marché extérieur, dont la part croît régulièrement.
L'activité d'Euriware pour Areva
Euriware intervient pour Areva de trois manières différentes : pour le système d'information du groupe à travers la direction informatique, pour les directions métiers du groupe et en accompagnant Areva dans ses actions externes, aussi bien en France qu'à l'étranger.
Sofia Tiar, directeur de la division intégration de systèmes
Partenaire privilégié de la direction informatique d'Areva, Euriware intervient à hauteur de 40 % pour le SI du groupe. Elle gère par exemple la maintenance du site de La Hague. Ses domaines de compétence sont variés : PLM, GMAO, GPAO, MES, BI, gestion de laboratoire (logiciels LIMS). La SSII a conclu des partenariats avec des éditeurs de divers domaines dont la GMAO. Mais la société laisse de côté certains domaines, comme la GRH et la paie, effectuées par une société tierce. Areva lance des appels d'offres, ce qui a été le cas pour la TMA SAP, contrat remporté par Wipro, Euriware intervenant cependant en coordination avec cette société. "Pour les applications de gestion classiques, Areva fait en général appel à d'autres sociétés. Mais Euriware reste l'intervenant privilégié d'Areva pour son cœur de métier et investit pour pouvoir répondre à ses besoins", constate Sofia Tiar. La société mène des programmes de longue haleine de R&D, en liaison avec la R&D d'Areva.
Euriware travaille aussi pour la division E&P (Engineering & Products) d'Areva dans le domaine des procédés et du contrôle-commande, pour des projets de supervision et de MES, à l'exclusion des capteurs. Les partenaires industriels sont Siemens, Schneider, Emerson. Les projets concernent La Hague mais aussi les unités d'enrichissement et de chimie. C'est l'activité historique d'Euriware, qui a été créé pour réaliser les automates de La Hague. Les situations peuvent être variées, l'interlocuteur étant tantôt l'usine, tantôt la DSI de l'établissement. "Ces deux mondes, industriel et informatique, sont restés longtemps séparés et ne communiquaient guère entre eux, ce qui entraînait des situations conflictuelles", explique Sofia Tiar. "Mais la situation s'est améliorée, et a abouti à une meilleure collaboration entre les deux domaines." Euriware intervient sur un grand nombre des 38 sites industriels d'Areva.
La société accompagne aussi Areva dans ses actions externes, tant en France qu'à l'étranger. Ainsi, elle est impliquée par exemple dans le projet d'une usine MOx vendue par Areva aux États-Unis, dans un projet d'assemblage d'avions pour Airbus en France et pour le métro de Lyon. La société intervient dans un projet de commande pour la sécurité et la protection contre les incendies pour le Ministère de la Défense ; elle est impliquée dans la récupération des données de contrôle-commande des centrales d'EDF et leur remontée vers la supervision.
Les activités d'Euriware pour les autres clients
Dans ses activités pour les autres clients, la société intervient dans la gestion des données, le contrôle-commande et les applications métiers. Ses clients sont principalement des grands comptes et leurs filiales : les 13 premiers clients d'Euriware contribuent pour 92 % du CA.
Le domaine de la gestion des données comprend le PLM, l'ECM, les moteurs de recherche, les liens entre procédés et système d'information. Euriware intervient dans ce domaine pour la SNCF et pour EDF. Une plate-forme d'échange a été expérimentée chez Areva et sera bientôt utilisée chez des clients extérieurs.
Le contrôle-commande fait l'objet de nombreux projets, en particulier au CEA, avec, entre autres, la gestion des déchets à Cadarache et le projet Mégajoule, mais aussi chez Total, à la RATP, chez Alstom, chez Yves Rocher. Actif dans l'aéronautique, les transports, les industries de process, Euriware est également présent dans la pharmacie et les services collectifs (par exemple pour Veolia), qui sont des îlots de croissance permettant de capitaliser sur l'expérience acquise dans les domaines historiques.
Les différents métiers de la division Intégration de systèmes d'Euriware
Les applications métiers comprennent la GPAO, la GMAO, les ERP, la gestion de laboratoires. Un projet a été lancé, en partenariat avec l'éditeur Wonderware, consistant à capturer des données de procédés pour alimenter la GMAO dans un cadre de vision préventive de la maintenance. Des demandes professionnelles précises de mobilité ont conduit à monter une opération pilote pour EDF : il s'agit de supervision de poste liée à la radioactivité. La cybersécurité est un domaine en croissance rapide, pour lequel les clients recherchent des conseils. "Il y a eu une prise de conscience après les attaques Stuxnet", note Sofia Tiar. Une normalisation mondiale de ce domaine est en cours. Chez ses clients extérieurs, Euriware retrouve les barrières existant entre le domaine de la production et le domaine informatique. "Euriware aide à établir un pont entre les deux mondes : c'est un type d'intervention que les clients apprécient", remarque Sofia Tiar.
Du côté des ERP, outre Generix qui avait été très utilisé il y a quelques années et l'est moins aujourd'hui, la société s'appuie sur Microsoft AX et SAP, en se concentrant sur certains modules traitant les processus opérationnels : SAP PM (Plant Maintenance) et BP (Business Process). Pour des raisons de crédibilité vis-à-vis des grands comptes, les éditeurs sélectionnés sont souvent les plus importants, les plus modestes étant défavorisés à cause de leur taille et de leur manque de surface financière.
S'émanciper de la maison mère pour mieux couvrir le marché
L'effectif d'Euriware se compose de 2 030 personnes en France et 150 à l'étranger, essentiellement des expatriés accompagnant les projets des clients à l'international. Mais il n'y a pas d'implantation commerciale en tant que telle hors de France. La société aura recruté 150 personnes en 2012 et prévoit d'en recruter 200 en 2013. Le taux d'attrition est de 8 % "mais les profils adaptés sont difficiles à trouver car ils se situent à l'articulation entre deux mondes", confie Sofia Tiar.
D'octobre 2011 à octobre 2012, le chiffre d'affaires total a augmenté de 2 à 3 %. La croissance hors groupe a été de 27 % tandis que la part du groupe a diminué. En effet, suite à la catastrophe de Fukushima et d'autres événements, l'ambitieux plan de développement d'Areva a subi un coup de frein. La réflexion stratégique d'adaptation des plans tient compte de cette tendance qui perdure : Euriware va surtout se développer en dehors du groupe, profitant de sa reconnaissance sur différents sujets, sans relation avec Areva.
En effet, il existe un potentiel de croissance du côté des grands clients, qui engagent des projets complexes. Par exemple, pour le système documentaire d'EDF (basé sur Documentum), l'un des plus gros au monde, destiné à 20 000 utilisateurs et disponible dans tous les centres, Euriware a réalisé les sites pilotes. Que ce soit à la DCNS (industrie navale, aujourd'hui société privée) avec un projet mondial de gestion de données ou chez Renault avec un projet de renouvellement du PLM, Euriware accompagne ses clients historiques.
René Beretz