La multinationale anglo-hollandaise de 171 000 collaborateurs, présente dans plus de 100 pays et sur 21 fuseaux horaires, commercialise ses produits de grande consommation sous plus de 400 marques, parmi lesquelles Dove, Knorr, Lipton, Omo, Rexona, Persil, Miko, Alsa, Maille, Signal, Williams ou encore Amora. Ses principaux concurrents d'envergure similaire se nomment Nestlé et Procter & Gamble, le groupe Danone, pourtant déjà gigantesque, figurant parmi les challengers. L'ambition et la stratégie d'Unilever sont simples : doubler de taille pour arriver à un chiffre d'affaires de 80 milliards d'euros en 2020 (contre 50 à la fin de cette année), tout en réduisant l'impact environnemental de ses produits tout au long de leur cycle de vie.
Les pays émergents constituent un marché particulièrement porteur pour Unilever, qui y est très présent. "Le développement de ces marchés est un facteur de croissance majeur", commente Thomas Benthien, directeur du centre d'excellence ERP – Finance & ES, chez Unilever. À ce titre, Thomas Benthien est responsable de la conception et de l'implémentation des solutions d'informatique financière au niveau mondial. Dans les seuls pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), le nombre des machines à laver devrait croître de 230 % d'ici à 2020, celui des réfrigérateurs de 190 % et des éviers de 115 %. Une manne pour Unilever. "Le marché de la grande consommation évolue très rapidement. Nous avons de nombreux produits différents, qui vont de la crème glacée à la lessive. Par exemple, les prix de revient de la crème glacée sont fonction du marché du cacao. Il convient de tenir compte de ses variations dans le calcul des marges". Dans ce contexte, le décisionnel et les données de planification revêtent une importance toute particulière.
Thomas Benthien, directeur du centre d'excellence ERP – Finance & ES - Unilever (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Une question de vitesse
Unilever est un client SAP de longue date et compte plus de 200 installations SAP de par le monde. "L'ERP se trouve au cœur de notre chaîne de valeur : toutes les données y convergent et en ressortent, qu'elles concernent les fournisseurs, les fabricants, les grossistes, les détaillants ou les clients. Notre ERP traite 30 847 transactions par minute, soit 16 milliards par an", poursuit Thomas Benthien. "Et il va falloir qu'il s'adapte et supporte notre croissance annoncée. Nous avons besoin d'un partenaire comme SAP pour construire et architecturer le système". Un processus de consolidation des installations ERP, initialement nationales dans les années 90, est en cours. L'entreprise est passée à un modèle régional dans les années 2000, à un modèle mondial aujourd'hui et ne compte plus que 4 installations (Amériques, Europe, Inde et Asie/Afrique), auxquelles plus de 250 usines et plus de 440 entrepôts sont connectés. Cette consolidation devrait s'achever en 2015, date à laquelle l'ensemble des opérations devrait s'effectuer sur une plateforme unique.
Pour améliorer et accélérer l'analyse de sa rentabilité et de ses coûts matière, Unilever a adopté les accélérateurs HANA. Ces accélérateurs ont considérablement réduit les délais de calcul, ce qui permet de prendre des décisions plus rapidement : là où auparavant il fallait 3 jours pour clôturer un mois, les opérations ne nécessitent plus qu'un jour. "Les résultats sont disponibles le matin du premier jour du mois, avant même le début de la journée de travail", se félicite Thomas Benthien.
Le projet
"C'est un vrai challenge que d'intégrer une nouvelle technologie comme HANA. C'est pourquoi au départ nous étions un peu sceptiques quant à son intérêt et avons commencé par faire un test (PoC : Proof of Concept) chez SAP à Walldorf avec nos propres données", raconte Thomas Benthien. Les résultats des tests ont été sans appel : alors qu'avec 25 millions d'enregistrements sous BPC 7.5 (SAP BusinessObjects Planning and Consolidation), les analyses de coûts prenaient 420 secondes de traitement, elles sont passées à 29 secondes sous BPC 10.0 et HANA. Avec 200 millions d'enregistrements, les résultats ont été encore plus impressionnants : de 446 secondes on est passé à 30 secondes.
La mise en place de la solution a nécessité 9 mois et le pilote a été lancé en production aux Amériques en août dernier. L'Asie est également passée en production il y a quelques semaines. Les premiers résultats sont conformes aux attentes, avec des bénéfices allant de 32 % de gains de temps pour le plus mauvais à 66 % pour le meilleur. Et ceci sans compter ce qu'il est convenu d'appeler "l'expérience utilisateur", décrite comme s'étant améliorée d'un facteur 10. Unilever a également mis en place des tableaux de bord destinés à ses décideurs financiers (cf. illustration) : utilisables sur iPad, les résultats des requêtes sont fournis en moins de 4 secondes. Les données sont interrogées via les outils BO et les accélérateurs HANA.
Exemple de tableaux de bord des décideurs financiers (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
"Le plus gros défi est l'accès aux données", confie Thomas Benthien. La base de données a nécessité deux jours pour son chargement initial et maintenant, elle est mise à jour au fil de l'eau. Le secret : hiérarchiser les données en fonction de leur "température". On identifie des données "chaudes", qu'il faut maintenir à jour très souvent, des données "tièdes", moins sensibles, d'autres qui seront carrément "froides" voire "glaciales". HANA est essentiellement utilisé pour analyser les données les plus "chaudes", les plus sensibles.
"HANA nous a changé la vie : je l'évoquais encore la semaine dernière à l'occasion d'une réunion des DSI du groupe. Nous avons évoqué l'accélération que cela procure. Mais il ne s'agit là que de la première étape. En effet, HANA nous ouvre de nombreuses autres possibilités, que nous n'envisagions même pas auparavant", poursuit Thomas Benthien. En effet, Unilever n'entend pas s'arrêter en si bon chemin : au 1er janvier 2013, c'est l'Europe qui va commencer à utiliser HANA en production ; toutes les régions deviendront ainsi utilisatrices de la technologie in-memory. Il est d'ores et déjà prévu d'accroître le périmètre fonctionnel d'utilisation de technologies in-memory, en l'élargissant aux analyses des ventes et des opérations. Mais surtout, le vrai défi c'est qu'Unilever envisage de faire fonctionner son ERP avec une base de données HANA dans un avenir relativement proche : Thomas Benthien envisage de se lancer dans la preuve du concept au deuxième semestre 2013. "Les traitements transactionnels avec HANA sont tout récents et Business One with HANA vient tout juste d'être lancé", rappelle Irfan Khan, membre du comité de direction de SAP et responsable de l'innovation, de la technologie et du Big Data. "Il sera possible d'utiliser la Business Suite sous HANA l'année prochaine".
En attendant, Unilever se déclare particulièrement satisfait des résultats obtenus avec cette technologie, que ce soit du point de vue de la rapidité, du traitement de gros volumes de données ou de l'évolution de son fonctionnement, toutes choses qui lui ouvrent de nombreuses possibilités et lui procurent un avantage concurrentiel.
Benoît Herr