Jusqu'ici, lors de ses États Généraux, Eurocloud, association d'offreurs du cloud, abordait avant tout des sujets spécifiques à ce métier en plus des thèmes d'intérêt général. Cette année, les DSI font leur entrée dans le programme avec une conférence de clôture de Régis Delayat, DSI de SCOR et administrateur du CIGREF, sur le thème "pour une vision commune du cloud entre clients et fournisseurs". Cette conférence sera précédée de la table ronde "ce que les DSI attendent de leurs partenaires cloud". Les DSI ont longtemps été perçus comme les adversaires du cloud, mais sont en train de changer d'attitude.

Pour Henry-Michel Rozenblum, "les choses évoluent dans le bon sens. Un grand nombre de DSI ont évolué dans leur approche du cloud computing et les réticences tendent à disparaître. Le dialogue et l'échange sont devenus possibles". Il est vrai qu'aujourd'hui la question n'est plus de savoir s'il faut intégrer des solutions cloud au SI de son entreprise mais comment et quand le faire. Les DSI avaient cependant des raisons de s'inquiéter, non seulement pour des raisons de perte de maîtrise potentielle, mais aussi parce que le passage au cloud n'est pas neutre et implique de former les gens et de changer de culture. "Le volet social est un vrai sujet, sur lequel Eurocloud est en discussion avec la CGPME. Globalement, l'atmosphère est bonne et les DSI sont positifs : ils se réapproprient la problématique. Si les métiers sont à l'avant-garde de l'adoption du cloud, il faut ensuite intégrer ces applications au SI, notamment via des API". Jean-Michel Bérard, président du directoire d'Esker, éditeur ayant négocié avec succès son virage vers le SaaS, confirme cette tendance et ne voit pas pourquoi les DSI s'inquiéteraient : "le SaaS et le cloud représentent une légère mutation du métier de DSI, mais ne le remettent pas en cause. L'entreprise adopte certes une solution extérieure, mais la DSI continue à piloter le projet. Les craintes sont donc infondées, car la valeur ajoutée d'une DSI est de mener des projets, pas de faire des développements. Et ceci reste valable même si le choix initial de la solution a été fait par une direction métier".
Les vrais chiffres ?
Henry-Michel Rozenblum explique que l'association a été quelque peu irritée par cette étude du cabinet Forrester relayée par le JDN selon laquelle la France serait le pays du monde qui croit le moins au SaaS. Il ne croit pas en la validité de cette étude, "menée par un statisticien et qui porte sur 1000 entreprises, dont combien en France ? Sans doute moins de 100", estime-t-il. "Or, cet échantillon est trop faible pour pouvoir établir des statistiques. On se base donc sur des données extrêmement fragiles".
Notre interlocuteur se targue d'être en mesure de fournir les vrais chiffres du cloud et du SaaS en France lors des États Généraux, à l'occasion de la conférence plénière "Le Cloud en France, les vrais chiffres". Celle-ci verra notamment Sylvie Chauvin, présidente du cabinet Markess International, présenter la 7ème édition de son "baromètre des prestataires du cloud computing", qui servira de base aux discussions. "Nous allons challenger les intervenants à cette table ronde à ce sujet", promet Henry-Michel Rozenblum. Aux côtés de Mathieu Poujol, de PAC et d'Emmanuelle Olivié-Paul, de Markess International, interviendront des acteurs du terrain, en l'occurrence Alexandre Morel d'OVH et Stéphanie Ortéga, associée chez KPMG.
Le cloud et l'État
C'est Jacques Marzin, directeur de la DISIC (Direction Interministérielle des Systèmes d’Information et de Communication), à qui reviendra d'ouvrir la journée, sur le thème de l'adoption du cloud par l'état français. Homme de "parler vrai", on se souvient notamment du rôle majeur joué par Jacques Marzin dans la conduite du projet Chorus, qui a fait couler tant d'encre, alors qu'il était directeur de l'AIFE (Agence pour l’Informatique Financière de l'État). L'intervention promet d'être d'un grand intérêt.
Créée en février 2011, la DISIC fait partie intégrante de la politique de modernisation de l’action publique. Elle organise et pilote la conception et la mise en œuvre d’opérations de mutualisation de systèmes d’information et de communication entre les différentes administrations de l’État et autres autorités administratives. L'État compte plus de 120 centres informatiques, répartis sur tout le territoire national. Parmi ses missions, la DISIC est notamment chargée de conduire les opérations de mutualisation et de piloter la rationalisation et la transformation de l’outil de production. Dans ce cadre, Jacques Marzin présentera la démarche en préparation pour la mise en œuvre d'un cloud privé orienté services. "Il sera intéressant de voir comment l'État aborde le sujet du cloud, car les secteurs parapublic et même privé s'inspirent fortement de ce qu'il fait. Nous allons bénéficier ici de la vision d'un haut fonctionnaire chargé d'importantes responsabilités", assure Henry-Michel Rozenblum.
Autres temps forts
Parmi les autres temps forts de cette journée, on peut citer la conférence sur le financement des acteurs du SaaS, qui verra notamment intervenir Paul-François Fournier, directeur du pôle innovation et membre du comité exécutif de la BPI (Banque Publique d’Investissement). À cette occasion seront présentées les conclusions du livre blanc produit par la commission financement d'Eurocloud sur le sujet.
Les API (Application Program Interface) et leur enjeu feront l'objet d'un atelier animé par Mathieu Hug, cofondateur de RunMyProcess, belle réussite française, qui vient d'être revendue à Fujitsu. À l'heure où l'intégration des applications SaaS dans les SI de l'entreprise est un sujet chaud, les API sont la pierre angulaire des écosystèmes numériques actuels et à venir.

Sujet encore jamais abordé dans le cadre des États Généraux, l'atelier "les commerciaux pour vendre du cloud" sera suivi avec intérêt. Les intervenants y répondront à des questions de fond dont la moindre n'est pas celle de la mesure des performances et de la rémunération des commerciaux. Les acteurs du domaine marchent en effet sur des œufs en la matière : la prudence est de mise, car comme le dit Jean-Michel Bérard, "le passage au SaaS est une bombe thermonucléaire, car le chiffre d'affaires décroît immédiatement". Cet atelier verra notamment intervenir Jacques Froissant, CEO de la société de conseil en recrutement Altaïde.
Dernier temps fort important, la cérémonie de remise des trophées Eurocloud 2013 : les candidatures sont closes depuis quelques jours et 107 dossiers au total ont été enregistrés dans les 6 catégories proposées (meilleure start-up française, meilleure offre du cloud, meilleur cas client du secteur privé, meilleur cas client du secteur public, meilleure performance financière et responsabilité sociétale des entreprises). "Nous testons cette année un nouveau trophée, celui de la responsabilité sociétale des entreprises", précise Henry-Michel Rozenblum. "Les dossiers intéressants sont nombreux, ce qui rend la sélection d'autant plus difficile. Il y a un vrai intérêt des acteurs pour cette distinction".
Succès attendu
En prévision d'une fréquentation largement à la hausse, l'association a changé de lieu pour sa manifestation. "Nous espérons dépasser les 500 entreprises présentes (entreprises et non personnes), ce qui dépasse de loin le nombre des adhérents à l'association", explique Henry-Michel Rozenblum. C'est pour cela qu'Eurocloud a réservé le centre de conférences de l'ancien hôtel Nikko, aujourd'hui appelé Novotel Tour Eiffel, pour l'occasion. Les conférences plénières se dérouleront dans l’amphithéâtre, d'une capacité de 400 personnes.
Benoît Herr