Un homme s'assied sur un canapé et pianote sur son iPhone : il demande son badge d'accès grâce à une application de reconnaissance faciale. L'accréditation une fois obtenue, l'homme se rend à son travail en voiture. Devant la barrière du garage, il appuie sur une touche et la barrière s'ouvre. Une fois arrivé à l'accueil, il obtient un code de sécurité, toujours grâce à son iPhone. L'hôtesse vérifie et valide le code. Voilà notre homme identifié. Pour accéder à son bureau, il passe son visage devant un poste de reconnaissance de l'iris et la porte s'ouvre. Puis il pose son iPhone à côté de son MacBook Air, qui le reconnaît immédiatement. Pour accéder à une application comme Salesforce.com, il scanne un QR code et l'application s'ouvre. Puis, il s'absente pour prendre un café et le MacBook air se verrouille automatiquement parce qu'il n'est plus à côté (enfin surtout son iPhone). Mais il n'a plus d'argent. Qu'importe : il se rend au distributeur de billets et scanne un autre QR code. La machine le reconnaît et lui fournit la somme désirée. Même scénario pour les transactions d'achat, mais aussi pour les notes de frais (scan de notes de restaurant, etc.). Et ainsi de suite.
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Tel est le monde sans passeport, sans carte de crédit, sans clés, que nous dépeignait Michael J. Saylor et qu'il appelle de ses vœux, lors de la conférence inaugurale de Microstrategy World 2013. Ce monde basé surtout sur des produits Apple et de belles applications Bluetooth et autres protocoles sans fil, s'il peut paraître un peu trop parfait pour être réaliste, n'est pourtant pas si futuriste qu'on pourrait le penser : l'application existe d'ores et déjà chez Microstrategy. Elle se nomme Usher. Son développement a été motivé par un certain nombre de constats, comme celui que les identités physiques peuvent être volées, contrefaites et usurpées. Selon Interpol, 28 millions de passeports volés étaient en circulation en 2011. "Quant aux identités logiques, c'est encore pire", estime Michael Saylor. "À chaque fois que je me connecte à un nouveau site Web, j'utilise le même mot de passe. Si l'un des sites, parmi les dizaines que je fréquente, est violé, c'est l'ensemble de mes espaces personnels qui court un risque. Et si j'utilise un mot de passe plus difficile à retenir, il me faut l'écrire quelque part, ce qui n'est pas sécurisé non plus".
Usher n'est que l'un des quatre piliers de la stratégie de l'éditeur américain : celui du contrôle d'identité (cf. schéma 1). Les autres sont la fidélisation, la mobilité et bien sûr les applications analytiques, qui ont contribué au développement de la société depuis 20 ans et font le lien avec les systèmes d'information de gestion d'entreprise tels que nous les connaissons, le tout dans le cloud. Car comment se passer du cloud lorsque les volumes de données croissent de manière quasiment exponentielle ?
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Par ailleurs, ces nouvelles applications n'existent que grâce et au travers du système d'information sous-jacent. "Nous ne proposons pas une plate-forme logicielle, mais une plate-forme de logiciels d'entreprise", précise le CEO. "Nous devons nous intégrer à vos données, à vos applications, à vos technologies. Nous devons rester ouverts" (cf. schéma 2 – Architecture des plates-formes Microstrategy).
Applications analytiques
"En matière d'analytique, les besoins n'ont pas changé depuis 20 ans que nous évoluons dans cette activité", affirme Michael Saylor. "Mais la demande a considérablement augmenté et il n'est plus possible aujourd'hui de passer des années à développer des applications. Il faut que les équipes les développent en quelques semaines". Microstrategy s'engage à faire en sorte que sa plate-forme reste compatible avec tous les formats, du Web à Office, du PDF à la mobilité, d'iOS à Android. Car d'après Michael Saylor, nous sommes passés à l'ère des applications analytiques agiles.
Mobilité
"950 millions de smartphones vont être fabriqués et vendus cette année", constate Michael Saylor. "On ne peut ignorer près d'un milliard d'unités : il est impératif de les prendre en compte, d'autant que la tendance est à la hausse". La mobilité est au cœur de la stratégie de Microstrategy (son CEO vient d'ailleurs de publier un livre sur le sujet, intitulé "The Mobile Wave" et sous-titré "Comment l'intelligence mobile va tout changer") et son objectif est tout simplement de permettre à ses utilisateurs de développer des applications pour mobiles en un seul clic. Pour cela, l'éditeur propose une infrastructure préconstruite, un framework, qui permet aux entreprises d'éviter de "réinventer la roue" à chaque développement.
Michael Saylor - CEO et chairman de Microstrategy (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Et Michael Saylor de présenter une application développée par Microstrategy baptisée Wisdom Places (disponible sur l'App Store), fonctionnant sur smartphones (ce qui signifie iPhone, chez Microstrategy, même si depuis 2012 Android est également supporté). L'application exploite une base de données de 22 millions de profils en temps réel et permet à l'utilisateur de trouver le restaurant, le bar ou tout autre établissement où il souhaite se rendre. Elle s'intègre à Facebook et Yelp et fournit une foule d'informations, personnalisées en fonction du profil de l'utilisateur. Des applications plus classiques et plus "sérieuses" ont aussi été présentées, comme des analyses de portefeuilles bancaires ou des applications de gestion de ressources humaines. "Ces applications vont véritablement changer la manière dont les professionnels exercent leur métier, depuis le commerce jusqu'aux métiers de la santé", assure Michael Saylor.
Fidélisation
Là encore, pour Michael Saylor, ce sont les smartphones qui sont appelés à remplacer les dizaines de cartes de fidélité que tout un chacun transporte en permanence dans son portefeuille. L'application proposée ici s'appelle Alert : elle peut être utilisée pour réaliser peu ou prou toutes les campagnes marketing imaginables, depuis les promotions jusqu'aux remises individuelles en passant par les parrainages et les conseils personnalisés.
Témoignages
La conférence a été émaillée de nombreux témoignages, dont celui de Facebook, qui fait confiance à l'éditeur pour analyser les 500 To de données quotidiens qu'elle génère, mais aussi de Coca-Cola Europe, d'Adidas, de la Société Générale, de Wells Fargo, Adobe, Cisco, Zurich Assurances... À la Société Générale, la stratégie établie il y a cinq ans déjà est de faire confiance à un seul éditeur pour la BI, en l'occurrence Microstrategy. Et Dominique Suardet, responsable du projet, s'est encore félicitée de cette décision lors de son intervention.
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L'éditeur, tout comme ses confrères, a évolué et ne se cantonne désormais plus à la seule BI. Au travers de la plate-forme complète qu'il propose, il entraîne les entreprises dans son monde, un monde bien plus large et connecté que la réalité actuelle. Toute la question est de savoir si les entreprises suivront.
Benoît Herr