Celle-ci réunissait des éditeurs aussi divers qu'Infor, Oracle ou Eurêka Solutions autour d'une même table. S'y ajoutaient Ordirope, Qualiac et Avenue Software. Qualiac n'est pas très connu pour proposer ses solutions en environnement i. Pourtant, depuis quelques années, la solution existe. "Nous avons collaboré avec IBM à Rochester (Minnesota) pendant deux ans pour faire en sorte que notre solution fonctionne dans cet environnement", explique Claude-Emmanuel Chapelan, responsable avant-ventes chez Qualiac. Il est vrai qu'alors l'IBM i représentait quelque 12 à 15 % du marché global des serveurs, sur le segment auquel s'adresse Qualiac, les ETI, ce pourcentage grimpait à 21 %. Difficile pour un éditeur de faire l'impasse sur plus du cinquième de son segment de marché. Aujourd'hui, cet environnement n'est pas majoritaire parmi les clients de Qualiac, mais "nous avons signé un nouveau compte dans cet environnement il y a un mois à peine", se satisfait Claude-Emmanuel Chapelan.
Points de convergence
Premier constat lors de cette table ronde : aucun des produits existants n'a disparu. Ils ont souvent changé de nom, comme Mapics, qui est devenu XA au sein d'Infor, BPCS rebaptisé en LX, ou Movex en M3. D'autres, comme Enterprise One et World Software de JD Edwards, intégrés dans la nébuleuse Oracle, n'ont pas été rebaptisés, ce qui ne les empêche pas de bénéficier des autres technologies d'Oracle et de s'y intégrer, notamment avec Fusion. Oracle a par ailleurs annoncé vouloir supporter les ERP JD Edwards sans limite dans le temps. "Nous réalisons à l'heure actuelle toujours plusieurs centaines de nouvelles installations JD Edwards par an de par le monde", déclare Didier Faure, responsable avant-ventes JD Edwards pour la zone EMEA. Voilà de quoi dissiper les craintes initiales que pouvaient, à juste titre, avoir les entreprises utilisatrices quant à la pérennité de ces applications à l'époque des rachats opérés par ces géants du logiciel.
En revanche, toutes les solutions proposées par les intervenants à la table ronde ont beaucoup évolué, continuent à évoluer, et n'ont plus rien à voir avec le fameux écran vert d'antan, tant stigmatisé par les détracteurs de la plate-forme. Full Web, entièrement graphiques et pour la plupart accessibles depuis n'importe quel terminal, ces solutions ne mettent à profit le système i que pour ce qu'il sait le mieux faire : gérer une base de données et assurer des traitements de gestion.

Autre point de convergence de l'ensemble des intervenants : la fiabilité de la plate-forme i et l'attachement indéfectible que lui vouent ses utilisateurs. Chez Ordirope par exemple, on a, au cours de ces dernières années, œuvré pour rendre l'ERP Minos disponible sur d'autres plates-formes que le système i. L'ERP a été entièrement redéveloppé en Java à l'aide d'un outil de génie logiciel maison. "Mais c'est plus pour donner le choix à nos clients que pour véritablement conquérir d'autres marchés", déclare Pierre Barrat, directeur commercial d'Ordirope. L'essentiel des projets que mène l'éditeur, qui est aussi intégrateur de ses propres produits, se fait en effet toujours en environnement i. Chez AvenueSoftware, on a eu à peu près la même démarche et le produit, lui aussi écrit en Java, est proposé sur plusieurs plates-formes. Mais concrètement, "nous n'avons pas pour l'heure de clients dans d'autres environnements", admet Patrice Castejon, président d'AvenueSoftware, qui se satisfait par ailleurs pleinement des qualités de cette plate-forme.
D'autres, comme Eurêka Solutions, proposent leurs solutions exclusivement en environnement i. Ils ne se posent même pas la question d'une éventuelle migration vers d'autres environnements. Henri Stuckert, le président de cet éditeur alsacien, demeure serein et pleinement confiant à la fois dans les capacités actuelles et à venir de cette machine. "On estime qu'il y a aujourd'hui encore plus de 200 000 systèmes i en service de par le monde", affirme Pascal Plougonven, VP System i pour l'Europe orientale et méridionale chez Infor. "IBM n'est pas près d'abandonner cette plate-forme qui lui assure des revenus substantiels". Et d'ajouter : "selon de nombreuses études, le Power i est la plate-forme la plus fiable et celle qui présente le TCO (Total Cost of Ownership) le moins élevé du marché sur le long terme".
Cloud, SaaS, mobilité, etc.
La prise en compte des nouvelles technologies dans cet environnement ne pose, selon l'ensemble des intervenants à la table ronde, aucun problème. Mais la demande des utilisateurs n'est pas forcément au rendez-vous, surtout dans le monde de l'ERP. Ainsi, Henri Stuckert assure-t-il que chez ses clients, qui sont des PME, il n'y a pas vraiment de demande en matière de cloud. "Nous faisons de l'hébergement depuis fort longtemps, mais les entreprises sont réticentes à confier leurs données à des infrastructures de type cloud", constate-t-il. Chez Infor, "nous n'avons pas pour l'heure de véritable offre en SaaS, c'est-à-dire réellement en multi-tenant", admet Pascal Plougonven. "Mais nous sommes en train de l'élaborer". Même son de cloche du côté d'AvenueSoftware, alors même que son ERP est full Web et bénéficie par là même d'un accès ubiquitaire. Pierre Barrat d'Ordirope, dont l'offre s'adresse majoritairement aux fournisseurs de la grande distribution, confirme également ce constat.
Par contre la situation est bien différente à propos de la mobilité : les besoins sont vastes et très variés, allant de la gestion d'entrepôt via des unités sans fil au travail collaboratif comme la saisie de notes de frais ou la gestion de comptes clients. Rien de très spécifique à la plate-forme. Et tous les éditeurs présents autour de la table proposent dans ce domaine des offres qui s'enrichissent régulièrement.
Au bilan
Le panel des intervenants à cette table ronde réunissait des éditeurs de tailles souvent peu comparables, allant des leaders mondiaux aux éditeurs régionaux, avec des offres éclectiques, s'adressant à des tailles d'entreprises et des secteurs d'activité extrêmement variés. Pourtant, s'agissant de la plate-forme i, ils se rejoignent tous pour dire que non seulement celle-ci fait encore bien partie du paysage, mais qu'elle va y rester encore longtemps en s'adaptant aux évolutions technologiques. Et ils entendent bien continuer à surfer sur ce succès en maintenant et en faisant évoluer leurs offres.
Benoît Herr