Syndicat professionnel de l'écosystème numérique français, Syntec Numérique regroupe trois types de sociétés : des ESN (Entreprises de Services du Numérique), des sociétés de conseil en technologie et des éditeurs de logiciels, ces derniers représentant 50 % de ses 1 200 membres. Lors de sa conférence semestrielle de fin novembre, le syndicat a présenté le bilan 2013, les perspectives 2014 ainsi qu'une analyse des données sociales du secteur.
Économie : les éditeurs tirent leur épingle du jeu
En 2013, le chiffre d'affaires du secteur en France a globalement été en décroissance, de -0,3 %, par rapport à 2012. Il se monte à 66,7 milliards d’euros (sous-traitance comprise) pour une valeur ajoutée de 33,9 milliards. Mais Syntec Numérique veut rester optimiste et pronostique un retour à la croissance en 2014, croissance qu'il évalue à +1 % : "le premier semestre 2013 a été difficile pour de nombreux acteurs du secteur, mais le deuxième semestre a vu des opportunités de marché plus nombreuses et plus conséquentes", explique Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique.
Lorsqu'on s'intéresse aux différents types de sociétés qui composent Syntec Numérique, on voit que le conseil et les services baissent de 0,3 % et que le conseil en technologies plonge de 2 %. Les éditeurs de logiciels en revanche, tirent leur épingle du jeu avec +1,4 %. On est loin des croissances à deux chiffres qu'on a pu observer par le passé, mais dans la morosité ambiante, ce chiffre peut apparaître comme presque bon.
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Il s'explique en partie par une amélioration du chiffre d'affaires récurrent de 65 % des éditeurs, par une bonne stabilité des carnets de commandes et par un regain de dynamisme, selon 33 % des éditeurs interrogés dans le cadre de cette étude Syntec Numérique – IDC menée en octobre 2013.
Pour 2014, l'optimisme est de mise : 44 % des éditeurs anticipent une progression de leurs commandes à partir du 3ème trimestre de l'an prochain. Il faut dire que, selon l'enquête de conjoncture Syntec Numérique – IDC également réalisée en octobre 2013, les DSI envisagent d'investir dans le déploiement d'applications de mobilité, de middleware et de sécurité, mais aussi et plus généralement dans les logiciels en SaaS, les solutions analytiques et de nouveaux modules applicatifs. IDC estime que les ventes de logiciels applicatifs vont croître de 1,7 % l'an prochain, celles des logiciels d'infrastructure de 2,3 % et les logiciels embarqués de 2,4 %.
En revanche, les ESN ont beaucoup souffert en 2013, avec une amplification de la guerre des prix et de certaines pratiques inappropriées des clients, si l'on en croit une large majorité des acteurs interrogés dans l'étude citée ci-dessus. Près d'une ESN sur deux anticipe cependant une progression des commandes pour 2014 : elles devraient donc elles aussi renouer avec une croissance modérée l'an prochain.
Social : un secteur toujours en pointe
Avec 390 000 salariés dont 270 000 informaticiens (chiffres issus de la statistique publique exploitée par le BIPE), les logiciels et services demeurent l'un des secteurs dominants du marché : par comparaison, ses effectifs ont crû près de six fois plus vite que ceux du secteur marchand non agricole en 2011. Soulignons que ces chiffres ne tiennent pas compte d'un certain nombre de grandes entreprises, dont Google, Microsoft ou Bull, référencées sous d'autres codes NAF.
On est plutôt bien payé, dans le secteur informatique, puisque la rémunération annuelle brute moyenne s'y établit à 46,5 k€ alors qu'elle se situe à 32 k€ pour l'ensemble de l'économie. On y est recruté en CDI dans 93,4 % des cas, contre 86,6 % pour les salariés du secteur privé. Le secteur reste créateur d'emplois, puisqu'en 2012 il a généré 7 000 nouveaux emplois, ce qui est inférieur à la moyenne observée depuis 20 ans, qui est de 10 000 créations nettes par an, mais demeure assez satisfaisant. La progression nette est de 1,8 %, à comparer à un recul de 0,5 % pour l'ensemble du secteur privé. "Ce chiffre sera sans doute moins bon en 2013", pronostique Guy Mamou-Mani.
45 % des éditeurs de logiciels et 40 % des ESN ont augmenté leurs effectifs en 2013. Mais lorsqu'on entre dans le détail, ce sont les grandes sociétés qui créent de l'emploi tandis que les entreprises de taille moyenne sont en situation stable. Selon l'APEC, alors que l'ensemble du marché des offres d'emploi connaît une baisse de 1 % sur un an, les offres publiées dans le secteur informatique ont connu une croissance de 5 % au cours de la même période. Mais l'écart entre l'offre et la demande est plus fort que dans les autres secteurs : il n'y a que 23 candidatures par offre, contre 40 sur l'ensemble des secteurs et certaines offres génèrent très peu voire aucune candidature. De ce fait, les entreprises sont plus nombreuses, dans la récente enquête de suivi des offres d'octobre 2013 réalisée par l'APEC, à éprouver des difficultés à trouver des candidats adaptés au poste : 83 % d'entre elles sont dans ce cas, contre 69 % dans l'ensemble des secteurs.
Les femmes sont encore largement sous-représentées dans l'informatique : elles ne représentent que 27,4 %, contre 46,5 % pour l'ensemble de l'économie. En revanche, les cadres sont en surnombre, à 67 % contre 15 % pour l'ensemble de l'économie. Et si 27,5 % des travailleurs du secteur ont moins de 30 ans (contre 21,8 % pour l'ensemble de l'économie), on y trouve aussi des personnes de plus de 45 ans, contrairement aux idées reçues et au jeunisme ambiant : certes, elles ne sont que 22,4 % contre 38,8 % pour l'ensemble de l'économie, mais cela représente tout de même près d'un quart des effectifs.
Guy Mamou-Mani résume ainsi ce bilan en demi-teinte : "si l'année 2013 a globalement été morose, il existe toujours des gisements de croissance importants et un retour à la croissance est à prévoir en 2014. Le numérique est un levier essentiel pour soutenir la croissance des entreprises".
Benoît Herr