Le 25 avril 2006, Lawson Software Inc., éditeur de solutions logicielles pour les secteurs de la santé, de la distribution et de l'éducation et Intentia International AB, spécialisé dans les secteurs de l'industrie textile et de la mode, de l'agro-alimentaire, de la distribution professionnelle et de la gestion d'actifs ont fusionné. De cette opération est né Lawson, un éditeur s'étant fixé pour objectif de devenir le plus important fournisseur de solutions logicielles pour les PME-PMI. Lawson communique d'ailleurs beaucoup sur le récent rapport du Aberdeen Group intitulé "The Total Cost of ERP Ownership in Mid-Size Companies", qui fait apparaître une moyenne de 22,9% pour l'amélioration des performances des processus de fabrication chez Lawson contre 13,2% pour Oracle et 15,6% pour SAP dans les mêmes conditions, ce qui vient étayer le propos de notre article TCO ? Mais quel TCO ? Et pour quel ERP ?, paru sur erp-infos le 24 août 2007.
Basé à St Paul, Minnesota, Lawson est présent dans 40 pays au monde au travers de ses filiales et emploie 3600 personnes pour un chiffre d'affaires global d'environ 750 millions de dollars, dont 45% en Europe, et 4000 clients.
Frédéric Champalbert, 47 ans, est Directeur Général de Lawson France depuis un peu plus d'un an et a en plus de cela été nommé VP Sales Europe du Sud en juin 2007. Avant la fusion, il était Directeur Commercial New Business chez Intentia. Il a fait toute sa carrière dans le secteur informatique, dont plus de quatre ans chez SAP où il était Global Account Manager. "J'ai apprécié mon parcours chez SAP, mais ai souhaité rejoindre un éditeur plus opérationnel et une équipe plus restreinte, assez gros cependant pour avoir une stratégie agressive et performante sur le marché, qui ait les moyens de sa stratégie tout en restant à taille humaine" explique-t-il.
"Notre clientèle n'appartient pas au CAC40" poursuit Frédéric Champalbert. "Nos clients vont d'entreprises situées juste en dessous du CAC40 à des sociétés faisant de 20 à 25 M€ de chiffre d'affaires annuel, ce qui représente une fourchette assez large. La démarche de Lawson est sectorielle, l'objectif étant de ne pas faire porter un parc applicatif s'adressant à la banque ou à d'autres secteurs d'activité à une entreprise du secteur de la mode, par exemple.
L'an dernier, j'avais annoncé que sur les secteurs industriels me concernant, à savoir la mode, l'agro-alimentaire, l'industrie discrète et l'industrie de process, je souhaitais signer deux fois plus que mes concurrents SAP et Oracle. Aujourd'hui, nous avons fait mieux que cela puisque nous avons signé 17 nouveaux clients en France sur ce secteur (dont Rossignol Dynastar, par exemple). Sur ces 17 sociétés, la moitié est cotée en bourse. Ces 17 nouveaux comptes représentent de l'ordre de 3000 utilisateurs. Lawson représente donc une réelle alternative à SAP sur ce type de clients et sur ces industries."
Le second objectif français était QuickStep, c'est-à-dire l'implémentation de solutions préconfigurées, censées réduire de 50% les délais de mise en oeuvre et les coûts d'implémentation pour accéder ainsi à un retour sur investissement plus rapide. Cinq projets sont actuellement en cours en France, dont Netcacao. "Grâce à Quickstep, le client a la capacité de passer d'un système d'information en place vers un nouveau système d'information en bénéficiant d'un capital à la fois documentaire et solutions à sa disposition. Il s'inscrit plus rapidement dans le nouveau modèle pour progresser ensuite en termes de système d'information d'entreprise" commente Frédéric Champalbert.
Côté produits
Frédéric Champalbert
Les produits de Lawson sont de deux ordres, essentiellement.
La solution héritée de Lawson est S3. Il s'agit d'un ERP s'adressant au secteur des services : santé, vente au détail, secteur public, éducation, banques et assurances... La solution baptisée M3 est quant à elle celle héritée d'Intentia, et était connue sous le nom de Movex. Sur les quelque 4000 clients de Lawson, plus de 2500 utilisent les produits M3. En France, Lawson était jusqu'à la fusion de 2006 quasi-inexistant sur le marché : ses clients se comptent sur les doigts de deux mains et la plupart sont des filiales de groupes étrangers. Ainsi, ce sont environ 320 clients ex-Movex, actuel M3, qui sont venus grossir les rangs des clients Lawson. Mais ailleurs, l'éditeur est, avec S3, leader sur certains marchés comme celui de la gestion de la logistique des hôpitaux aux États-Unis et compte bien s'imposer en Europe sur les mêmes secteurs.
"Nous avons également signé un contrat en France sur Ordway, notre nouvelle solution de gestion des ressources humaines" précise Frédéric Champalbert. "Le projet pilote européen est donc en France. Ordway s'intègre bien entendu avec M3 et S3, mais constitue aussi une alternative à des HR-Access et autres Peoplesoft.
"Nous sommes dans un marché de renouvellement, ce n'est pas un scoop. Aujourd'hui, soit les entreprises changent toute la maison, soit elles rénovent pièce par pièce. Dans le premier cas elles changent tout : le SCM, la gestion commerciale, la finance, la production, dans le second cas on essaie de s'intégrer dans l'existant et là notre 7.1 Tech permet de s'inscrire dans des parcs applicatifs existants. De ce fait, nous côtoyons des gens comme Infor ou d'autres éditeurs concurrents. Mais lorsqu'il s'agit d'implémenter un ERP complet, sur le new-business donc, nos concurrents s'appellent plutôt Oracle et SAP.
Coté partenaires
"La politique de partenariats de Lawson est une politique sélective" explique Frédéric Champalbert. "Nous avons sélectionné trois partenaires clés en France (IBM, Unilog CMG et Euriware) et nous avons des implantations avec chacun d'eux en France. Ce point est important, car en dehors de leur sélectivité intrinsèque, ils disposent tous de lignes de services, d'équipes et de projets en cours. Exemple : c'est Euriware qui s'occupe du projet Rossignol Dynastar. Avec IBM, nous avons 12 implémentations à notre actif, 2 avec Unilog et 2 avec Euriware."
Cette manière de fonctionner représente une évolution importante par rapport à celle de l'ex-Intentia, qui avait pour habitude de tout prendre en charge (matériel, progiciel et mise en oeuvre). Aujourd'hui 30% des projets Lawson sont réalisée avec des partenaires ; en France, il y a de l'ordre de 200 personnes chez les partenaires travaillant sur des solutions Lawson.
"La version Java de M3 fonctionne très bien" annonce tout de go Frédéric Champalbert. "Sur les nouveaux clients, c'est simple, nous ne faisons plus que des installations Java, et ce depuis quatre ans maintenant. Il y a un intérêt pour les utilisateurs en moyenne entreprise d'aller sur des solutions de type Java, même sur des installations partielles. En effet, tout le monde n'est pas en mesure de faire évoluer ses compétences traditionnelles vers des outils de type Java et nous offrons à ces entreprises la possibilité de le faire. Aujourd'hui, notre parc doit compter quelque 40% d'installations Java."
Ces installations fonctionnent sur plate-formes IBM i5/Microsoft Windows et sous Sun Solaris. En revanche, la version Linux n'est pas encore opérationnelle. Lawson a une roadmap Linux, mais il n'y a pas encore de certification Linux. Cela dit, avec la 7.1, les plate-formes d'exécution des produits Lawson devraient connaître des évolutions.
Le paradoxe Lawson
Alors même que l'éditeur affirme avoir 40% de ses installations en Java, il ne semble pas y avoir de volonté de mouvement vers l'Open Source et le monde du libre. "Notre démarche est d'amener une sécurité forte sur les plate-formes d'exécution. À partir du moment où nous certifions M3 sur une plate-forme, sur une technologie, cela nous engage dans la continuité et c'est pour cela que nous demeurons très sélectifs sur le sujet. Nous avons tous connaissance d'exemples malheureux d'éditeurs ayant voulu aller trop vite. Nous cherchons à éviter cet écueil" précise Frédéric Champalbert.
"Concernant l'Open Source, dans l'industrie et les secteurs que nous visons, nous ne voyons pas de réel mouvement vers l'Open Source. Nous ne visons pas vraiment les administrations, où ce modèle est sans doute plus répandu."
Enfin, concernant le SaaS (Software as a Service), Lawson l'envisage pour certaines briques applicatives uniquement. "Nous constatons que dans certains domaines comme les ressources humaines, les entreprises souhaitent de plus en plus une disponibilité de leur applicatif pour l'ensemble des employés en 24/24, avec une sécurité associée très forte. Sur cette brique là nous avons fait ce choix" commente Frédéric Champalbert. "Mais sur des projets ERP traditionnels, nous avons des réflexions en cours mais je ne sens pas de besoin à l'heure actuelle en France. Lorsque le marché sera là nous nous y positionnerons, bien sûr. En fait, il faut adapter l'ERP au besoin métier du client et toute cette dimension là n'est pas simple dans un monde SaaS, pour lequel le mode économique du Saas n'est pas forcément adapté".
Frédéric Champalbert conclut en affirmant que "L'ERP traditionnel a finalement encore un bel avenir devant lui, à condition toutefois d'être capable de faire du global ou du partiel, ce qui n'est pas le cas de tous les ERP." Ne reste plus à Lawson à faire rimer l'ERP traditionnel et ses formes évolutives avec son slogan : Simpler is Better (Plus c'est simple, mieux c'est).
Benoît Herr