D'origine japonaise, créé en 1924, le groupe Daikin a son siège à Osaka. L'essentiel de l'activité des plus de 40 000 personnes qui en font partie à travers le monde (88 %) concerne la climatisation et 3 % des activités diverses. Restent 9 %, dévolus à la chimie : c'est le domaine de Daikin Chemical.
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En Europe, Daikin Chemical est implanté à Düsseldorf, en Allemagne, à Oss, aux Pays-Bas et à Pierre Bénite, dans la banlieue de Lyon. Cette unique unité de production européenne se spécialise dans les dérivés fluorés, dont Daikin est le spécialiste mondial. Un marché de niche, donc, mais aux usages très divers : les élastomères fluorés sont très utilisés dans l'industrie automobile, qui les met en œuvre dans la fabrication de diverses pièces du moteur en raison de leur exceptionnelle résistance aux hautes températures et aux agents chimiques et à leurs bonnes propriétés mécaniques. Mais ils servent aussi pour le revêtement antiadhésif des poêles et casseroles, où le dérivé utilisé porte le nom très connu de téflon.
Daikin Chemical France (DCF) est né en 2003 et a réalisé sa première production le 16 Mars 2004. L'usine n'a atteint sa pleine capacité que depuis 2010, avec une moyenne de 50 salariés et une production en continu 7 jours/7 et 24 h/24.
Une PMI avec des besoins de grand groupe
"Même si nous ne sommes qu'une petite entreprise en France, nous faisons partie d'un grand groupe international", note Françoise Coste-Luc, directeur financier de Daikin Chemical France "Et nous avons les mêmes besoins qu'une entreprise de 2 000 ou 3 000 collaborateurs". Au départ, la première mission de cette ancienne informaticienne a été de mettre en place la structure informatique. "J'ai alors fait le choix de l'installation la plus légère possible et adopté un ERP aux fonctionnalités limitées. Nous savions que nous aurions à le remplacer un jour, probablement par SAP R/3 d'ailleurs, puisque le groupe est équipé de la Business Suite de SAP et que la filiale allemande l'a installé il y a 3 ans".
La structure allemande est commerciale et ne produit rien. De taille similaire à DCF, elle compte plus d'utilisateurs de son SI. Pourtant, selon Françoise Coste-Luc, "elle utilise R/3 dans des conditions difficiles, qui ne donnent pas totalement satisfaction". L'expérience allemande la poussait donc à la circonspection. "Le serveur est situé au Japon et les demandes de modification sont lourdes. Et comme il existe des compétences SAP au sein du groupe, la filiale allemande n'a pas pu monter de système autonome", constate-t-elle.
Cependant, Françoise Coste-Luc restait en veille depuis quelque temps et quand, au début de 2011, elle a appris l'existence de Business ByDesign, elle a immédiatement été intéressée. "Qui plus est, cette solution est dans le nuage, ce qui m'intéresse encore plus, car nous ne disposons d'aucune ressource informatique en interne. Et d'ailleurs, l'informatique n'est pas notre métier."
Un choix enthousiaste
Business ByDesign a été retenu par Daikin Chemical France sans véritable consultation du reste du marché, car "ça m'a semblé être le bon compromis entre la petite structure que nous sommes et le nécessaire dialogue avec les installations SAP 'classiques' implantées ailleurs dans le groupe."
Françoise Coste-Luc, directeur financier de Daikin Chemical France (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Mais à l'époque, en 2011, Françoise Coste-Luc n'avait pas assez d'arguments pour convaincre ses collègues de la production qu'un changement de SI devenait nécessaire, d'autant que ceux-ci étaient par ailleurs occupés sur un projet d'augmentation de la production et donc guère disposés à se lancer dans un projet informatique. Elle a donc décidé de procéder par étapes et entrepris dans un premier temps de changer de système de gestion comptable et financière, "car c'était le point faible du système en place".
Elle a alors retrouvé les freins classiques à l'adoption du cloud, en particulier au niveau du groupe, qui émettait des réserves quant à la préservation de la confidentialité des données. Mais Françoise Coste-Luc a su convaincre les Japonais qu'ils étaient dans l'erreur : "les données sont hébergées chez SAP en Allemagne, qui met en œuvre des gros moyens de sauvegarde et la solution est opérationnelle quasiment 100 % du temps. En outre, dans le nuage, on ne connaît pas les inconvénients des montées de versions on-premise, comme une interruption de service de 2 jours au minimum. Et je ne parle même pas d'une panne de serveur, cas dans lequel l'interruption serait au bas mot d'une semaine... Je rappelle que je n'ai pas de spécialiste de l'informatique à ma disposition. Autrement dit, si l'on réfléchit un tant soit peu, on s'aperçoit que le nuage ne présente que des avantages", argumente-t-elle.
Satisfecit côté logiciel, déception côté service
DCF s'est naturellement tourné vers SAP pour son installation : après acceptation de la proposition, le module financier de Business ByDesign a été implanté avec l'aide de consultants de SAP France. Le projet s'est déroulé entre juin 2012 et janvier 2013, une installation qui a également servi de laboratoire pour le groupe, avec dans l'idée d'étendre l'expérience à d'autres filiales dans le monde en cas de succès. Le démarrage en production est intervenu le 1er avril 2013, date de début de l'exercice comptable 2013/2014.
Mais si le logiciel est très riche et complet et donne pleine satisfaction à l'entreprise, "nous avons connu pas mal de déboires avec les consultants qui, s'ils connaissaient bien Business ByDesign, ne connaissaient pas notre métier", se souvient Françoise Coste-Luc. C'est pourquoi pour la suite du projet, elle est retournée voir SAP pour changer de partenaire.
Un projet encore en cours
La logistique, la gestion de production, les achats, la gestion de la qualité sont autant de pans fonctionnels que DCF est en train de mettre en œuvre. Pour l'intégration, SAP a dirigé l'entreprise vers Ubister, un partenaire certifié, spécialisé dans la mise en œuvre des solutions SaaS de SAP, basé à Rostrenen, dans les Côtes d'Armor.
"SAP nous avait proposé un choix de 2 ou 3 partenaires, pas plus. Ubister est clairement sorti du lot", poursuit Françoise Coste-Luc. "Tous les intervenants que nous avons eus chez Ubister connaissaient non seulement Business ByDesign mais aussi, et au moins aussi bien, le domaine fonctionnel sur lequel ils intervenaient". Le prestataire a dépêché une équipe pluridisciplinaire sur le projet, pour une efficacité plus grande.
Le site de Pierre-Bénite (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Le projet est encore en cours : cette deuxième tranche a commencé fin juillet 2013 et l'objectif est de démarrer les 4 pans fonctionnels cités plus haut le 1er avril 2014. DCF est actuellement en phase de tests et la phase de paramétrage est terminée. "C'est une tâche lourde et difficile, car Business ByDesign est très riche fonctionnellement. Le travail de rapprochement de ses possibilités avec les besoins de l'entreprise est important et les échanges à ce sujet avec les consultants ont été intenses", commente Françoise Coste-Luc.
Au bilan
Les délais auront été tenus – de justesse – et le budget est en léger dépassement, d'une dizaine de pour-cent par rapport aux estimations initiales. "6 à 8 mois sont bel et bien nécessaires : je ne me suis jamais leurrée là-dessus, quoi qu'on puisse entendre ici ou là. Et en termes de budget, le léger dépassement n'a rien d'extraordinaire et reste en tout état de cause largement inférieur à celui de l'installation de R/3 en Allemagne. On est dans un rapport de 1 à 10 ! Économiquement parlant, c'est une bonne affaire : le nuage est plutôt moins cher qu'une installation on-premise", se satisfait notre interlocutrice.
Parmi les bénéfices qu'apporte Business ByDesign, Françoise Coste-Luc relève la création facile de rapports d'activité et de tableaux de bord, accessibles depuis un poste fixe mais aussi depuis une tablette. Et déjà s'esquissent les suites du projet : les demandes en matière de mobilité ne manquent pas parmi les utilisateurs de DCF et la Business Intelligence devrait faire partie des prochains modules mis en œuvre.
Quant au recentrage des développements Business ByDesign par SAP vers le cloud et le passage du produit sous HANA (cf. Arrêt des développements Business ByDesign : SAP dément), cela n'inquiète pas outre mesure notre interlocutrice, qui estime que "SAP a besoin de ce produit parce que les grands groupes sont tous équipés. Je leur fais confiance pour que ça fonctionne. Quant à un éventuel ralentissement des évolutions fonctionnelles, il n'est pas impossible que ce soit le cas, mais à l'échelle de temps de l'entreprise et de son évolution, ce n'est pas très important s'il faut attendre six mois de plus pour bénéficier de telle ou telle fonctionnalité. C'est d'autant moins important que nous ne sommes pas encore prêts à évoluer".
Benoît Herr