Pendant la conférence de presse d'annonce des résultats 2013 de Cegid, les discussions ont beaucoup plus tourné autour du SaaS, du cloud et de la mobilité que des résultats financiers à proprement parler. Il faut dire que Jean-Michel Aulas et Patrick Bertrand, respectivement président et directeur général, se satisfont certes de leurs résultats mais encore plus de ce qu'ils traduisent, c'est-à-dire, selon eux, la pertinence de la stratégie qui a transformé leur entreprise.
Les faits
Avec un chiffre d'affaires de 259,9 M€ en 2013, Cegid affiche une croissance de 0,7 % par rapport à 2012. Ce chiffre ne justifie a priori pas que l'on qualifie 2013, comme l'a fait Jean-Michel Aulas, de "meilleure année historique de tous les temps". Pourtant, le chiffre d'affaires global cache des disparités importantes en fonction des activités : en particulier, le chiffre d'affaires total est impacté négativement par l'évolution des activités non stratégiques de distribution, en forte baisse (- 17,1 %), à 26,3 M€ contre 31,7 M€ en 2012.
Jean-Michel Aulas, président de Cegid
En revanche, à 178,0 M€, le chiffre d'affaires "édition", qui regroupe les activités SaaS, les ventes de licences et les revenus récurrents issus des contrats de maintenance, enregistre une hausse de 7,1 %. Et lorsqu'on zoome sur le chiffre d'affaires SaaS, qui s'établit à 38,0 M€, soit environ 15 % du chiffre d'affaires global, il a crû de 41,6 % d'une année sur l'autre.
C'est bien de là que provient toute la satisfaction des dirigeants de l'entreprise : "en 30 ans, la start-up Cegid est devenue une ETI et a réussi la transformation de son business model vers le SaaS", commente Jean-Michel Aulas. Cette transformation impacte donc le chiffre d'affaires, qui ne croît pas fortement, certains pans d'activité étant volontairement délaissés ; en revanche, le cash-flow opérationnel croît de 31,1 %, à 62,8 M€, un cash-flow qui va permettre de financer la R&D, de verser des dividendes aux actionnaires et de financer une éventuelle croissance externe. De fait, s'élevant à 18,8 M€, le résultat net est lui aussi en forte croissance, de 48,9 %. Le conseil d'administration a décidé de proposer à l'assemblée générale le versement d'un dividende de 1,10 € par action au titre de 2013 (contre 1,05 € au titre de 2012), soit un montant total distribué de l'ordre de 9,6 M€ sur la base du nombre d'actions au 3 mars 2014, déduction faite du nombre d'actions auto détenues.
Signalons que le chiffre d'affaires récurrent, qui assure la stabilité financière, se monte à 148,6 M€ : celui-ci inclut les contrats de maintenance logiciels et matériels et le SaaS. En augmentation de 7,3 %, il représente 57 % du chiffre d'affaires total.
Succès du SaaS
Pour Patrick Bertrand, "le moteur de cette croissance est clairement le SaaS. Les entreprises qui ont fait ce choix sont sur le bon créneau car cette décision ne change pas seulement le modèle financier mais impacte aussi toute l'entreprise, des équipes de développement au support. Et les moteurs des opérations en bourse sont le SaaS, le SaaS et le SaaS ! Les acteurs de ce marché doivent démontrer qu'ils ont bien changé de modèle, ce qui est notre cas>".
Patrick Bertrand, directeur général de Cegid
Parmi les 110 000 clients de Cegid, les dirigeants constatent que la profession comptable est vraiment passée au modèle SaaS ; la distribution a également amorcé le mouvement, même si elle n'a pas encore entièrement basculé. "Nous aurons très probablement encore très longtemps des environnements hybrides", estime Patrick Bertrand. Et Jean-Michel Aulas de préciser que "les entreprises prennent conscience progressivement du caractère sécurisé du SaaS, que ce soit pour les accès ou la protection des données". Cependant, l'ERP en SaaS reste encore en retrait ; même si Patrick Bertrand affirme que "la suite ERP de Cegid en SaaS est bien reçue dans les PME", il concède "qu'un grand groupe préférera probablement un cloud interne". Jean-Michel Aulas estime de son côté que "l'une des fonctions importantes de l'ERP, c'est la paye. Et dans ce domaine, l'adoption du SaaS est massive".
Les offres en mode SaaS vont donc continuer à se multiplier dans le portefeuille de Cegid, notamment dans le domaine des RH avec la gestion des talents et l'offre packagée PME (CBRH On Demand), ainsi que le contrôle de la gestion sociale et de la mobilité. Les solutions métiers seront aussi concernées, notamment la production (Manufacturing), la gestion de la fiscalité (Yourcegid Etafi Start). L'éditeur prévoit également un nouvel environnement de travail pour les petites collectivités du secteur public (Channel).
Benoît Herr