Finalement, avec 49,2 milliards de chiffre d'affaires en 2013 selon IDC, le secteur du numérique en France aura connu une décroissance de 0,2 % et non 0,3 %, comme annoncé en fin d'année dernière par la chambre syndicale (cf. Syntec Numérique prévoit une légère éclaircie pour 2014). En revanche, Syntec Numérique a également légèrement revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2014, qu'il évalue à 1,1 % (contre 1% fin 2013).
Trois secteurs
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Lorsqu'on descend dans le détail de ces prévisions, ce sont les entreprises de conseil en technologies qui souffrent toujours le plus : leurs revenus ont décru de 1,5 % en 2013 et elles devraient continuer à tirer le chiffre de la croissance globale du secteur vers le bas en 2014, avec -0,5 %. Alors que les ESN (Entreprises de Services du Numérique) ont elles aussi connu une décroissance en 2013, à -0,5 %, elles devraient renouer avec la croissance en 2014, à +1,2 %. C'est le secteur de l'édition de logiciel qui tire le mieux son épingle du jeu, puisque de +1,7 % en 2013 il devrait passer à +2,2 % en 2014.
Côté emploi et formation
Guy Mamou-Mani attend plus de 35 000 recrutements dans le secteur en 2014. Ce sont en tout cas les chiffres de l'APEC (Association Pour l'Emploi des Cadres), sur lesquels s'appuie Syntec Numérique. 35 000, ce serait quelque 3 500 de plus que lors de la morose année 2013, mais toujours 1 800 de moins qu'en 2012. Mais ce serait tout de même une inversion de la courbe.
40 % des ESN ont créé de l'emploi en 2013 et 69 % prévoient d'en créer en 2014. Quant aux éditeurs, 45 % anticipent une progression de la création nette d'emplois en 2014.
La pyramide des âges du secteur demeure assez déséquilibrée en faveur des jeunes : 27,1 % ont moins de 30 ans, mais la population vieillit petit à petit : 23,6 % des travailleurs du secteur ont plus de 45 ans, alors qu'ils n'étaient que 22,4 % il y a six mois encore. "On taxe encore trop souvent le secteur de jeunisme. Mais contrairement aux idées reçues, les seniors y sont bien représentés : 60 % des collaborateurs ont entre 30 et 50 ans", assure Guy Mamou-Mani.
En revanche, la chambre syndicale fait toujours état de difficultés à recruter, en particulier dans certains domaines comme la sécurité ou l'architecture de systèmes pour les jeunes diplômés ou le décisionnel et les systèmes embarqués pour les profils expérimentés. S'agissant de jeunes moins qualifiés ou des personnes en recherche d'emploi, Guy Mamou-Mani compte beaucoup sur l'OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agréé) FAFIEC pour combler les lacunes et assurer une formation "à 360°, pour que la croissance ne soit pas bridée par le manque de bras". Il annonce par ailleurs un événement prévu le 4 juin 2014 à la Maison de la Mutualité à Paris en direction des jeunes. "Nous y attendons 1 200 personnes", prédit-il sans dévoiler plus de détails sur cette manifestation.
La percée des SMACs
"Lorsque j'ai pris mes fonctions, il y a trois ans et demi, l'activité SaaS représentait 400 M€ de chiffre d'affaires. Aujourd'hui, elle représente 15 % de l'activité logicielle des éditeurs, soit 1,5 milliard d'euros", se satisfait Bruno Vanryb, président du collège éditeurs. Une belle progression, donc : 34 % des nouvelles affaires sont aujourd'hui signées en SaaS, contre 28 % il y a seulement 6 mois.
Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Le concept de SMACs est plus large et englobe le social, la mobilité, les "analytics", le cloud et la sécurité. Alors que les autres marchés ont décru de 1,8 % en 2013, celui des SMACs a connu une embellie de 20 %, selon IDC. En 2014, cette tendance devrait s'intensifier et le marché des SMACs croître encore de 22 % pour représenter 4,9 milliards d'euros. Le cloud connaît une croissance continue. Selon l'enquête de conjoncture Syntec Numérique / IDC menée en mars 2014, le trio de tête des tendances prévues pour les 12 prochains mois est la location de logiciels en SaaS (47 % des personnes interrogées), l'intégration du SaaS avec le SI historique (42 %) et l'achat de ressources informatiques dans le cloud (31 %).
Dans une étude de mars 2014, IDC estime que 45 % des éditeurs proposent aujourd'hui des solutions en mode SaaS et que 80 % des acteurs anticipent une progression du chiffre d'affaires lié au SaaS en 2014. Parmi les grandes entreprises, 87 % ont déjà investi dans des solutions en mode SaaS.
Quelle représentativité ?
Le périmètre de Syntec Numérique s'est lui aussi élargi depuis novembre 2013 en accueillant 50 nouveaux adhérents. Au total, il compte aujourd'hui 1 250 entreprises adhérentes, dont 25 groupes internationaux, 75 ETI, 850 PME et 300 "jeunes pousses", soit 85 % de PME. 40 % des adhérents sont situés en régions, où les activités sont relayées par 8 délégations régionales.
Pour Véronique Torner, cofondatrice et président d'Alter Way, récemment élue au conseil d'administration de Syntec Numérique en tant que présidente de la commission PME, "la situation économique est plus dégradée dans les PME : seuls 70 % des PME éditrices de logiciels anticipent une croissance de leur CA, contre 85 % pour la moyenne du collège". Elle constate en outre des pratiques d'achats qu'elle juge "inappropriées", avec notamment des demandes de remises rétroactives et des exigences unilatérales. "On constate également des difficultés dans la sous-traitance, qui génèrent des pratiques inappropriées comme des paiements différés ou la pression sur les prix", ajoute-t-elle.
Pour tenter de remédier à cette situation, Véronique Torner envisage différentes actions comme le développement de partenariats avec le CIGREF, le pôle Systematic ou encore FrenchTech. Elle veut aussi aller porter la voix des PME auprès du MEDEF et des médiations nationales pour développer les bonnes pratiques en matière de sous-traitance.
Benoît Herr