Décidément, SAP martèle son message cloud et toutes les occasions sont bonnes pour le faire : après Bill McDermott qui, lors de son récent passage à Paris, n'a eu que du cloud dans son discours (cf. Pour Bill McDermott, en dehors du cloud point de salut), voilà que Franck Cohen, président de SAP EMEA, profite de la traditionnelle annonce des résultats trimestriels du groupe pour enfoncer le clou.
"Nous sommes la bonne voie pour devenir L'ENTREPRISE cloud, propulsée par la technologie HANA, grâce à notre croissance rapide dans le cloud et la large adoption de HANA en tant que plate-forme de gestion en temps réel". C'est ainsi que Bill McDermott et Jim Hagemann Snabe, co-CEO de SAP, commentent l'annonce des résultats trimestriels de la firme dans leur communiqué.
Le paradoxe, c'est que le cloud ne représente "que" 1,1 milliard d'euros par an, ce qui en soit est déjà conséquent, mais doit être mis en perspective avec les 16,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires global réalisés en 2013. Ce chiffre est obtenu en extrapolant sur l'année les 221 millions d'euros d'abonnements et de support cloud enregistrés au premier trimestre. Les activités traditionnelles ont donc encore de beaux jours devant elles (les activités de support ont connu une croissance de 9 % sur le trimestre), d'autant que SAP clame à qui veut l'entendre que le client continue à avoir le choix du mode d'utilisation de sa solution. "Mais notre préconisation est de la mettre dans le cloud", ajoute Bill McDermott. Sur la partie e-achats, la communauté Web d'Ariba-SAP est la plus grande du monde. En effet, selon Franck Cohen, "elle gère un demi 'trillion' (le terme est ici employé dans son acception anglo-saxonne : pour les anglo-saxons, un trillion correspond à ce que nous appelons un billion, soit mille milliards NdlR) de dollars de chiffre d'affaires par an, réparti dans quelque 1,5 million d'entreprises connectées".
Les activités cloud sont en effet stratégiques et les abonnements aux différentes offres ont connu une croissance de 38 %, en devises constantes, entre les premiers trimestres de 2013 et de 2014. Le nombre total d'abonnés aux applications cloud de SAP dépasse désormais le chiffre vertigineux de 36 millions, le plus important du monde entier, selon SAP. Le Bureau Veritas, par exemple, a choisi de gérer ses 65 000 collaborateurs dans 140 pays avec les solutions de gestion des ressources humaines dans le cloud de SuccessFactors-SAP. La partie paye est déjà déployée dans 27 pays et devrait l'être dans 50 pays d'ici la fin de l'année. "Il est prévu que l'ensemble des modules RH basculent dans le cloud à terme", précise Franck Cohen.
"L'ensemble de la Business Suite est désormais disponible dans le cloud", déclare encore Franck Cohen. Elle met à profit l'incontournable plate-forme in-memory HANA. En France et en Europe, l'organisation commerciale a été modifiée début janvier 2014 et toutes les ressources cloud réintégrées dans l'organisation générale, alors que depuis l'acquisition de SuccessFactors et d'Ariba ces structures étaient distinctes. "Il n'y a donc plus qu'une seule équipe sur le terrain", se satisfait Franck Cohen.
Et les résultats ?
La transition vers le cloud nous ferait presque oublier la publication des résultats : comme d'habitude, pourrait-on dire, ils sont bons, même s'ils peuvent toujours être encore meilleurs, pour la bourse notamment. Le chiffre d'affaires global a été de 3,701 milliards d'euros sur le trimestre, en croissance de 6 % en devise constantes par rapport à 2013. Franck Cohen est particulièrement satisfait de la croissance réalisée par les pays du sud de l'Europe, dont fait partie la France : "la croissance enregistrée par la filiale française est à 2 chiffres sur le 1er trimestre 2014. Si l'on intègre à ces résultats l'énorme contrat conclu avec l'armateur marseillais CMA CGM en fin d'année dernière, elle passe même à 3 chiffres", explique-t-il.
S'agissant des produits cloud, la France fait une croissance à 3 chiffres (tout comme l'Italie et l'Espagne). "Cette croissance est significative et non liée à un contrat unique. Mais il est vrai que la base de départ était modeste", avoue Franck Cohen. "L'engouement pour le cloud est passé des pays nordiques vers le sud de l'Europe". En Europe, les résultats liés au cloud ont crû de 39 % sur le trimestre.
Sur HANA, qui demeure le fer de lance de la firme allemande, "le malade se porte mieux", commente-t-il en parlant de la France. On se souvient en effet que les entreprises françaises adoptaient la solution in-memory de SAP moins rapidement que les autres pays européens. Et Franck Cohen de citer quelques exemples de contrats français récemment signés : L'Oréal, qui va en équiper sa filiale américaine, les jardineries Truffaut ou encore Cofely-Ineo, filiale du groupe GDF Suez. La France rattrape donc son retard.
Au total dans le monde, ce sont près de 1 000 clients qui ont adopté la Business Suite sous HANA à ce jour, alors que cette solution a été lancée il y a un an à peine. Plus généralement, HANA a enregistré une adoption rapide au cours du premier trimestre : SAP revendique plus de 3 200 clients de cette base de données en mémoire depuis son lancement en juin 2011. Plus de 1 200 start-up dans 57 pays développent aujourd'hui des applications avec HANA. Parmi celles-ci, plus de 60 disposent déjà de produits distribués sur le marché.
Benoît Herr