Près de 1 000 personnes, dont 150 entreprises utilisatrices, s'étaient donné rendez-vous les 14 et 15 mai derniers à Lisbonne pour la conférence annuelle organisée par Sage autour de son ERP X3. Ce fut l'occasion pour l'éditeur de lancer officiellement et de présenter la nouvelle version 7 de sa solution pour les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire), une solution entièrement repensée pour mieux répondre aux besoins actuels des entreprises. La V7 arrive un an et demi après la précédente (V 6.5) et sera disponible sur le marché dès juin 2014. Pour étayer cette annonce, Christophe Letellier, CEO de Sage Mid-market, s'est entouré de nombreux collaborateurs, mais surtout d'utilisateurs précoces de cette version. Car la V7 est censée répondre avant tout aux principaux besoins que sont l'acquisition de nouveaux clients, la réduction des coûts d'exploitation et le développement du chiffre d'affaires. Pour illustrer la démarche, le dirigeant s'appuie sur une récente étude indépendante d'envergure européenne réalisée par Redshift Research Crowdology et commanditée par Sage (cf. encadré).
Les clients témoignent (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
"Notre étude montre qu'aujourd'hui il existe une discordance entre les solutions achetées et les besoins des entreprises. Les décideurs n'écoutent pas assez les utilisateurs et essaient de trouver des solutions universelles au lieu de produits centrés sur les attentes réelles de l'utilisateur", constate Christophe Letellier. "Nous avons écouté nos clients et le marché pour remodeler notre solution et mieux répondre aux besoins et aux défis auxquels font face les entreprises du mid-market".
X3 dans le cloud ?
Grande nouveauté : l'ERP X3 sera désormais disponible dans le cloud ! Oh pas tout à fait, les tenants du on-premise peuvent se rassurer. Et sûrement pas dans un cloud public. Il faut dire que Sage vient de loin en la matière : d'abord réfractaire à toute approche SaaS et/ou cloud, l'éditeur a ensuite innové en créant diverses approches hybrides (cf. L'ERP hybride pour toutes les entreprises ?).
En proposant son ERP X3 avec un accès full Web, il fait donc un grand pas en avant tout en demeurant fidèle à cette approche hybride. "Le cloud est moteur et capital", estime Christophe Letellier tout en assurant que les clients n'ont cure de la technologie. "Comme vous avez pu le voir, toute la démo d'hier a été faite en ligne et donc dans le cloud. X3 est donc dès aujourd'hui dans le cloud. Et vous entendrez parler de nous à ce sujet en temps voulu. C'est une question de mois", a-t-il précisé lors de la conférence de Presse de Lisbonne. Il y a cependant encore loin de la coupe aux lèvres : ce sont les partenaires de l'éditeur qui prendront en charge l'infrastructure d'hébergement.
Les nouveautés
Ce qui frappe avant tout, c'est bien sûr l'interface utilisateur entièrement repensée et rajeunie : désormais accessible via de nombreux navigateurs Web, elle permet de naviguer de manière beaucoup plus visuelle et intuitive. En outre, le poste client devient agnostique grâce à l'utilisation du HTML5, ce qui rend l'application accessible en mobilité à partir de n'importe quel smartphone ou tablette. La navigation est plus intuitive et repose pour l'essentiel sur la définition de "favoris" destinés à remplacer les menus. "Les seules circonstances dans lesquelles j'utilise un menu, c'est au restaurant", ironisait Himanshu Palsule, CTO et directeur de la stratégie de Sage Amérique du Nord, qui assurait la démonstration en duo avec Denis Cohen Salmon, directeur du centre d'excellence et des activités avant-vente. "Tout le monde préfère utiliser les favoris".
Himanshu Palsule, CTO et directeur de la stratégie de Sage Amérique du Nord (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
L'orientation globale de X3 est collaborative : pour cela, Sage met en place des outils comme une intégration poussée avec les documents Microsoft Office, par simple glisser/déposer, et des fonctions de recherche de type "Google". Développé en interne, le moteur de recherche utilisé est puissant et ne déroutera pas un utilisateur aguerri du Web. "Le réflexe n'est plus aujourd'hui de rechercher son document dans une arborescence complexe pour que, une fois arrivé, on ait oublié jusqu'au document qu'on recherchait", poursuivait Himanshu Palsule. "On va sur Google, on tape quelques mots-clés et on accède à ce qu'on recherche. Et bien dans Sage ERP X3, c'est désormais exactement la même chose".
La V7 comporte également de nombreux apports fonctionnels. Parmi ceux-ci, on retiendra la traçabilité étendue, du devis à l'encaissement, de la commande au règlement, la personnalisation des documents commerciaux ou encore la définition ajustable des kits de vente, en termes d'options et de variantes. La gestion des coûts d'achats permet désormais de suivre les importations, le contrôle des flux inter-sociétés a été renforcé et le paramétrage rendu plus flexible en fonction de la législation.
Des utilisateurs évidemment satisfaits
La V7 a fait l'objet d'un programme d'adoption précoce incluant une quinzaine de sociétés partenaires et clientes. Trois d'entre elles, dont deux d'Amérique du Nord, sont venues apporter leur témoignage lors de la plénière de lancement : Sunblest Commodities (USA), Vacuum Engineering & Materials (VEM, Canada) et SMEG (Monaco).
Bien que les problématiques soient différentes pour les trois entreprises, elles se rejoignent pour dire que X3 résout leurs principaux challenges. Pour Anisha Virani, présidente de Sunblest Commodities, le plus grand défi était la maîtrise des stocks. "Avec la V7, nous serons en mesure de gérer nos mouvements tout en gardant un œil sur les coûts", estime-t-elle. Pour VEM, "le challenge était d'accéder aux données depuis n'importe où, à n'importe quel moment", se souvient Stephanie McConnell, directrice financière. Chez SMEG, entité issue de divers rapprochements, "il s'agissait surtout de remplacer une dizaine de systèmes hérités hétéroclites et parfois obsolètes par un système unique", commente Jean-Charles Harlé, DSI. "X3 nous permet d'être plus performants et plus proactifs. En un mot plus efficaces".
Les attentes de Sage
L'éditeur place de grands espoirs dans cette nouvelle version, notamment en termes de nombre d'utilisateurs. De 219 000 aujourd'hui, Jayne Archbold, directeur de la stratégie et de la communication, estime réaliste de prévoir une croissance à deux chiffres de ce nombre pour atteindre 10 (dix !) fois ce chiffre d'ici trois ans. "Dans un premier temps, il est réaliste d'envisager de quintupler ce chiffre dans les 12 mois qui viennent", insiste-t-elle. Elle explique cet accroissement fulgurant par la montée en puissance de la mobilité : "tout un chacun pourra accéder à l'information en mobilité et nous allons définir des licences spécifiques à ce genre d'utilisateurs, qui n'accèdent pas à l'ensemble de l'ERP mais à quelques fonctions seulement. La mobilité va améliorer de manière significative la productivité et sera capitale, surtout pour les ETI, qui disposent de ressources limitées".
Le nouveau look de X3 (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
De son côté, Christophe Letellier admet que les abonnements sont loin de constituer – c'est un euphémisme – la majorité des droits d'utilisation acquis par ses clients : seul un très faible pourcentage opte pour le mode abonnement, l'essentiel restant en mode licence. "Pour l'instant, nos clients disposant des liquidités nécessaires à l'achat de licences, ils préfèrent encore cette possibilité. Mais ils opteront plutôt pour le mode abonnement lorsqu'il apportera de la valeur, notamment en termes de flexibilité.", explique-t-il. À noter que Sage propose ses produits, qu'ils soient utilisés on-premise ou on-line, dans les deux modes, licence et abonnement.
En termes de migration des installations X3 antérieures, le modèle de données n'ayant pas été impacté par cette version, elle devrait ne nécessiter que quelques semaines. "Une installation standard, sans développements spécifiques, pourra même être migrée de la version 6 à la 7 en une semaine", avance Christophe Letellier. Mais les dirigeants de Sage ne cachent pas que leur objectif avec la V7 est avant tout la recherche de nouveaux clients pour élargir la part de marché.
Benoît Herr
9,6 milliards d'euros gaspillés tous les ans !
Une étude indépendante d'envergure européenne réalisée par Redshift Research Crowdology, commanditée par Sage, montre que les organisations européennes dilapident chaque année 9,6 milliards d'euros en logiciels de gestion dont elles n'ont pas l'usage, ce qui représente 43 000 euros par entreprise si l'on se base sur les estimations de l'UE, qui considère que les entreprises de 250 à 1 000 personnes sont 222 628 dans l'Union.
Réalisée en avril 2014 auprès de 600 décideurs informatiques seniors dans des entreprises du Royaume-Uni, de France, d'Allemagne, du Portugal, d'Espagne, de Belgique, de Roumanie et des Pays-Bas, cette étude montre aussi que 88 % des organisations n'exploitent pas pleinement leurs investissements technologiques.
Les raisons de ce gaspillage varient d'un pays à l'autre : l'Allemagne déplore un double emploi avec d'autres logiciels (35 %) alors qu'au Royaume-Uni, un peu plus d'un quart (26 %) des répondants attribuent cette sous-utilisation à un manque de demande de la part des utilisateurs. Parmi les raisons le plus souvent avancées figurent aussi une trop grande richesse fonctionnelle par rapport aux besoins réels de l'entreprise (36 %) et le manque de formation des utilisateurs (25 %).
L'efficacité semble être le plus gros défi qu'aient à relever les logiciels : pour 63% des répondants, il s'agit de leur principale exigence. Mais il est aussi intéressant de noter que seul un tiers environ (35 %) considère les logiciels comme le moyen de développer leur activité.
Par ailleurs, les décideurs informatiques se laissent de plus en plus influencer par les utilisateurs. Les médias sociaux, par exemple, apparaissent comme un domaine en pleine expansion et 64 % des entreprises soulignent l'importance des fonctionnalités associées.
Pour Klaus-Michael Vogelberg, CTO du groupe Sage, "ce que ces résultats mettent en lumière, c'est la progression ininterrompue de tendances comme l'ERP social, véritables moteurs de changement dans le monde des affaires. Les entreprises doivent se poser la question de savoir comment les réseaux sociaux et d'autres tendances affectent leurs utilisateurs et leurs clients". De son côté Christophe Letellier, CEO de Sage Mid-Market, considère que cette étude "vient corroborer la vision de Sage sur de nombreux points". Mais il admet que "l'aspect réseaux sociaux est beaucoup plus présent dans la tête des gens que nous le pensions". C'est précisément à établir ce genre de constats que sert de commanditer une telle étude.
BH