i-expo salon a une longue histoire : dès 1974, le congrès national français sur l'information et la documentation est organisé, à l'initiative de l'ADBS (Association française des Documentalistes et des Bibliothécaires Spécialisés) et de l'ANRT (Association Nationale de la Recherche Technique), sous l'égide du BNIST (Bureau National de l'Information Scientifique et Technique). En 1981, il est rebaptisé IDT (Information, Documentation, Télématique) et s'oriente vers les "marchés et industries de l'information". En 1993, IDT devient une manifestation annuelle rassemblant l'ensemble des professionnels de l'information et le suffixe "NET" lui est rajouté pour rappeler l'importance de l'Internet. En 2003 naît "i-expo", le salon de l'information numérique, produit et organisé par la société SPAT.
En 2013, le salon a 30 ans et l'ADBS fête son jubilé ! Et début 2014, SPAT et Infopromotions se rapprochent avec comme objectif de donner à i-expo les moyens de nouvelles ambitions. D'emblée et pour la première fois, i-expo a obtenu le parrainage conjoint du ministère des PME, de l’innovation et de l’économie numérique et de son ministère de tutelle, le ministère du redressement productif.
Un créneau précis
i-expo est un salon-congrès dédié à l'information stratégique, à la veille, à l'intelligence économique et à la gestion de la connaissance. Il aborde des thématiques diverses, des réseaux sociaux d’entreprises à l’intelligence économique en passant par la gestion de l’information, l’information juridique, le marketing, la mobilité, la gestion des connaissances. En 2014, sur deux jours, il a réuni, malgré la grève, 69 exposants pour 2085 visiteurs professionnels et 2152 auditeurs aux conférences, ateliers et formations.
Des conférences de haut niveau
S'agissant des conférences, le comité de pilotage réunit des personnalités du domaine, dont Anne-Marie Libmann et Véronique Mesguich, co-présidentes de l'ADBS, et Serge Chambaud, directeur au CNAM et directeur du musée des Arts et Métiers.
Le programme comprenait deux plénières et une demi-douzaine de tables rondes, réunissant un public très fourni et intéressé. Consacrée à l'"iconomie", un néologisme destiné à caractériser l'économie numérique, la première plénière réunissait entre autres Michel Volle, économiste et consultant, Alain Marbach, président-fondateur de l'Elée, société dédiée à l'assistance managériale, administrative et opérationnelle des responsables des systèmes d'information et Jean-François Pépin, délégué général du CIGREF.
(cliquez sur la photo pour l'agrandir)
La seconde posait la question "Avez-vous les 'bonnes' compétences dans le monde numérique ?" aux professionnels de l'information. Animée par Anne Marie Libmann et Véronique Mesguich, elle réunissait Nicolas Dubuc, Head of Technology Intelligence & Knowledge Management de Michelin, Benoit Maille, chef de projet intelligence économique à la CCI Paris IDF, Gilles Balmisse, partenaire chez Knowledge Consult et auteur de l'enquête "Contenus et données à l'heure de la transformation numérique", menée en partenariat avec l'EBD (Ecole des Bibliothécaires Documentalistes), représentée autour de la table par sa directrice, Florence Gicquel. S'y ajoutaient Ghislaine Chartron, directrice et professeur à l'INTD et Ismail Timimi, enseignant à l'université de Lille 3.
Les résultats de l'enquête ont été restitués en avant-première lors de cette plénière par Gilles Balmisse, qui estime que "depuis 15 ans, la transformation numérique s'est accélérée, les contenus et les données étant au cœur de cette transformation. Les données, notamment issues des ERP, sont de plus en plus volumineuses".
Il en ressort que les entreprises ne sont pas forcément matures : les fonctions ne sont pas gérées de manière centralisée dans 89 % des cas et 80 % des organisations interrogées disent qu'elles n'ont pas défini de règles de gestion de l'information. Pour les 20 % restants, il s'agit de règles globales de gestion de contenu et cette démarche ne concerne que les grandes entreprises.
Très remarqué et intéressant, le témoignage de Nicolas Dubuc, de Michelin, qui a d'abord confirmé qu'il confirmait sur le terrain les conclusions de l'enquête Knowledge Consult/EBD. "On ne peut conduire le changement que si nous-mêmes pratiquons les nouveaux outils : pour être crédibles, il est nécessaire d'essaimer les pratiques", a-t-il ensuite commenté. "Lorsque je suis arrivé chez Michelin, il y a 3 ans, il n'y avait pas de PC dans les salles de réunion. La transformation numérique a commencé par des choses simples, comme utiliser des PC portables plutôt que des postes fixes. Mon équipe (16 personnes) était dans un mode "guichet", c'est-à-dire en mode réactif. Il a fallu faire évoluer tout cela".
Pour lui, les compétences nécessaires à une transformation numérique réussie passent par un apport de vraie valeur ajoutée, qu'on obtient en se confrontant aux managers. "Il faut des gens capables de leadership, ayant une vision, à même de montrer, d'expliquer, de faire preuve de pédagogie", estime-t-il. Il recherche donc en priorité des profils ayant "une capacité de synthèse, sachant traiter divers sujets, ayant une forte culture générale et désirant toujours apprendre et découvrir de nouveaux sujets. S'y ajoutent la capacité à communiquer, le leadership et la capacité à intégrer la gestion du changement".
Benoît Herr