Orlait, le lait d'ici
La société Orlait pèse 53 % du marché de la distribution des laits premier prix ou en marque de distributeur en grandes surfaces (ce qui représente 40 % du lait vendu par la grande distribution). Crée en 1994, la société ne compte que 25 collaborateurs et a généré 295 M€ de chiffre d'affaires en 2013. L'informatique de la société reposait sur de nombreux petits logiciels, avec lesquels il devenait impossible de gérer la croissance.
"Notre métier est de vendre du lait et nous le faisons plutôt bien. Par contre, sur la partie technique, de choix d'un ERP et d'optimisation de processus, nous ne sommes pas compétents", constate Céline Houlgatte, directrice des opérations chez Orlait. "Nous nous sommes donc appuyés sur un cabinet de conseil. Celui-ci nous a fait prendre conscience de la singularité de nos processus, nous les a fait coucher sur papier, et avec ces éléments, nous avons consulté le marché". C'est ainsi qu'est née une liste de cinq couples éditeur/intégrateur. "Puis, pour quatre d'entre eux, nous avons fait des jeux d'essai très en amont, que l'équipe projet – 10 personnes sur les 25 que compte l'entreprise – a étudiés".
À l'issue de cette phase, les utilisateurs ont voté pour un intégrateur et une solution : Isatech et Dynamics NAV, dans une version préconfigurée pour l'industrie agroalimentaire et les fournisseurs de la grande distribution, ont été retenus.
À l'issue du projet, un "go-live" de type "Big Bang" devait avoir lieu. "Il était impossible que le jour de la bascule nous ne sachions pas prendre les commandes, les répercuter sur les usines et les facturer aux clients", souligne Céline Houlgatte. "Pour nous préparer, nous avons organisé un 'bac blanc', à 17 jours du 'go-live', c'est-à-dire que nous avons pris deux jours de commandes effectivement servies deux mois auparavant et les avons saisies dans le système pour vérifier que tout se passait bien. À raison de 200 commandes par jour, nous avons comptabilisé le nombre de ces commandes que nous aurions pu servir. Et nous n'en aurions pas servi beaucoup puisque notre note au bac blanc a été 9/20 !".
La société a alors travaillé de concert avec l'intégrateur pour identifier ce qui n'avait pas fonctionné. Orlait a repassé un "bac blanc" une semaine plus tard et obtenu 15/20. "Au final, le go-live a eu lieu le 28 décembre dans un climat d'une sérénité improbable : les gens sont tous partis à 17h ce jour-là. C'était une journée comme une autre", se souvient Céline Houlgatte. Aujourd'hui, les données d'Orlait sont hébergées dans le cloud breton d'Isatech. Quant à la gestion du changement, elle n'a pas posé de problème, l'intégrateur ayant bien compris les besoins et les processus et les utilisateurs ayant choisi eux-mêmes leur solution.
Cutera : le laser médical
TPE de 10 salariés, Cutera France est la filiale française d'une entreprise américaine bien plus importante, implantée dans 40 pays et spécialisée dans le laser médical : ses clients sont essentiellement des dermatologues, des salons d'esthétique, des cliniques privées, etc.
Pour Patrick Charlier, responsable administratif et financier de la filiale française, arrivé en novembre 2013 dans la société, le défi était dès son arrivée, outre de faire la clôture de fin d'année, de "vendre" l'ERP à la maison-mère aux États-Unis et surtout de l'installer pour qu'il soit fonctionnel au 1er janvier 2014. "Nous n'avons fait qu'un seul mois en doublon, c'est-à-dire à la fois sur le logiciel du cabinet comptable dont nous utilisions les services et sur l'ERP de la filiale", explique-t-il.
Il a donc fallu à Cutera trouver un ERP quasiment d'un mois sur l'autre, un ERP disponible à la fois en anglais et en français, pour que le siège puisse également l'utiliser. "J'avais une expérience positive de 11 années d'utilisation de NAV en anglais mais je me suis ouvert aux solutions du marché. Ce sont finalement cette solution et l'intégrateur Jalix qui l'ont emporté", explique Patrick Charlier. Si c'était facile pour lui d'aller vers cette solution et de la vendre aux Américains, il se défend de dire que c'est la société qui s'est adaptée à la solution et non le contraire. "Auparavant, je n'étais qu'utilisateur ; là, je me suis penché vraiment sur le paramétrage. Et en plus, nous sommes passés au cloud", déclare-t-il.
La filiale française dispose aujourd'hui de trois licences de Dynamics NAV, l'une pour Patrick Charlier, l'autre pour le responsable commercial (ADV, facturation, etc.) et la troisième pour la supérieure hiérarchique de Patrick Charlier, contrôleur financier basé à San Francisco.
Le cloud a très vite été accepté, y compris aux États-Unis : "pour eux, il était préférable de ne pas avoir d'installation physique en France, forcément toujours assortie d'un contrat de maintenance etc. et donc de complexité", précise Patrick Charlier. "Le siège voulait avoir la garantie et a vérifié que les données sur le cloud étaient bien sauvegardées sur deux sites, l'un en France et l'autre dans une localisation qui reste confidentielle. Mais nous sommes allés plus loin : suite à l'implémentation de Dynamics NAV, le serveur bureautique local étant un peu obsolète, il est également passé dans le cloud".
Sous les toits d'Onduline
Société créée dans les années 1940, Onduline a été pionnière des toitures et sous-toitures légères en matériaux composites. Avec quelque 1 600 collaborateurs et 300 M€ de chiffre d'affaires en 2013, Onduline est une ETI aujourd'hui leader mondial de son secteur. Elle est présente dans une centaine de pays et surtout connue en Amérique du Sud, en Russie ou encore en Turquie.
"L'objectif initial de notre engagement avec l'intégrateur Absys Cyborg et les solutions ERP de Microsoft dans le cloud était de reporter toutes les problématiques d'intégration technique sur une entité et de gagner en agilité et en rapidité", explique Gwendal Meledo, DSI d'Onduline. "C'est ce que nous faisons à l'heure actuelle en déployant Dynamics NAV sur l'infrastructure Azure dans l'ensemble des pays de l'Est. Dans le contexte économique et géopolitique actuel, cela permet de répondre au besoin de réactivité et d'accompagner nos partenaires business sur un rythme proche du leur, sans commune mesure avec ce qu'on a pu connaître dans le passé et qui serait véritablement irréaliste pour les enjeux économiques actuels de la société".
Onduline a pris le parti de rentrer assez vite dans l'opérationnel et a pour cela développé deux modèles métier dans son ERP, le premier pour la production, le second pour la distribution. "Il me semblait important de ne pas partir d'une page blanche", commente Gwendal Meledo. "J'ai donc recherché un couple éditeur/intégrateur ; l'éditeur se devait d'être présent sur l'ensemble des géographies et l'intégrateur devait comprendre notre environnement et notre niveau de maturité. Absys Cyborg s'est détaché, nous a proposé les solutions de Microsoft, qui me paraissaient adaptées puisque nous en avions déjà deux, et une approche projet par prototypage". La démarche de choix de la solution a été assez similaire à celle d'Orlait : prototypage et implication des utilisateurs.
Pour Gwendal Meledo, "le choix d'une solution ERP n'est pas une question de taille d'entreprise. Les vraies questions sont 'Quel est mon métier ?', 'Quel est mon degré d'intégration ?', 'Quelle est ma chaîne de valeur ?'. Onduline n'étant pas dans une industrie de process, je peux me contenter de NAV pour gérer mes processus industriels".
La solution a permis de formaliser de nombreuses choses dans la société, qui reste familiale et a grandi par croissance organique. "Les quelques sueurs froides que nous avons pu avoir viennent surtout de la gestion du changement, mais aussi de la reprise des historiques et des contraintes fiscales locales dans les différents pays. Mais la communication est très importante pour la réussite d'un tel projet. Il faut vraiment anticiper. La lisibilité et la transparence représentent 50 % du travail du projet", note le DSI d'Onduline. Il précise qu'il ne faut pas non plus tester la solution de manière "militaire" et se placer dans des scénarios de tests réels. "Toute la problématique est de libérer suffisamment de temps des utilisateurs pour qu'ils puissent s'impliquer réellement dans le test de la solution".
Pour Valérie Deleuze, directrice Dynamics ERP chez Microsoft France, les solutions ERP étant adoptées pour 10 ans voire plus, elles ont vocation à grandir avec les entreprises utilisatrices et à prendre en charge toute l'innovation, les produits à venir et la croissance nationale et internationale. "Le bon fonctionnement du triptyque utilisateur/éditeur/intégrateur est essentiel et la bonne compréhension du métier est clé", conclut-elle.
Benoît Herr