Panorama Consulting Solutions (PCS) est un cabinet indépendant de tout éditeur et à ce titre sa vision est intéressante, même si elle passe par le prisme déformant du marché américain. Mais PCS est aussi un cabinet de conseil spécialisé dans l'ERP, ce qui le pousse à prêcher un peu pour sa paroisse. Il convient de tenir compte de ces aspects dans ce qui suit.
1. Une séparation floue entre SaaS et on-premise
Pendant de nombreuses années, on a opposé le SaaS au on-premise, alimentant ainsi la chronique. Aujourd'hui, le débat s'apaise et il semble bien qu'il ne s'est agi que d'une controverse. Les éditeurs d'ERP proposent de plus en plus leurs solutions à la fois en SaaS et en on-premise. Et dans bien des cas, les organisations adoptent les deux. La seule zone d'ombre qui demeure concerne les solutions consistant à héberger des solutions on-premise dans le cloud : Panorama Consulting Solutions constate que de plus en plus, ses clients adaptent cette architecture de manière à bénéficier du meilleur des deux mondes.
2. Poursuite de l'adoption des solutions mobiles et de Business Intelligence
De nombreuses entreprises continuent à décupler leurs efforts pour tirer le maximum de bénéfices de leur ERP Ainsi, elles sont de plus en plus nombreuses à investir dans les solutions de mobilité et de BI. En effet, elles constatent que ce n'est pas parce qu'on a installé un ERP de nouvelle génération que l'on utilise mieux ou plus à propos les informations métier : l'utilisation d'outils d'aide à la décision est donc devenue nécessaire, que ce soit pour les décideurs ou les collaborateurs de base. Les directions générales continuent à être sous pression pour accroître leur chiffre d'affaires, ce qui, par effet domino, se répercute sur les collaborateurs. Ces derniers doivent donc d'autant plus disposer d'outils d'aide à la décision et de tableaux de bord afin de satisfaire aux besoins des dirigeants.
3. L'ERP ne se limite plus à l'ERP
Acteur important du CRM, Salesforce, par exemple, ne se limite plus à son domaine initial. Aujourd'hui en effet, l'écosystème des apps et d'autres technologies prennent en charge ce que le logiciel central ne sait pas faire par lui-même. Salesforce et d'autres éditeurs de solutions dédiées viennent ainsi bouleverser le monde de l'ERP tel que nous l'avons connu. Désormais, plutôt que de se cantonner aux éditeurs d'ERP traditionnels, les entreprises peuvent s'ouvrir et envisager d'adopter uniquement un CRM, un système de gestion financière ou de gestion de stocks tout en conservant la possibilité d'étendre ces solutions à des territoires traditionnellement dévolus à l'ERP.
4. Le come-back des systèmes dédiés
Comme nous venons de le voir, les éditeurs de solutions dédiées nous donnent des raisons convaincantes d'adopter leurs outils et de les intégrer à d'autres afin de construire des solutions d'entreprise cohérentes. Il y a désormais des possibilités plus nombreuses et les entreprises ne sont plus autant pieds et poings liés à un nombre relativement restreint de systèmes ERP monolithiques. C'est une bonne chose du point de vue des possibilités, mais cela ne fera que complexifier le processus de choix d'une solution.
5. Importance croissante de l'intégration et de l'architecture de la solution
La montée en puissance des systèmes dédiés va accentuer la pression qui existe déjà sur les DSI et sur les consultants ERP pour qu'ils améliorent l'intégration entre systèmes et suppriment les silos potentiellement créés par des processus et des données issues du terrain. En conséquence, l'intégration et l'architecture de la solution deviendront des compétences de plus en plus nécessaires à une mise en œuvre efficace d'ERP.
6. Un nouvel acteur majeur ?
D'après PCS, l'an passé, SAP et Oracle ont cédé du terrain sur leurs marchés respectifs au profit d'éditeurs à l'assise moins importante. Le cabinet déclare qu'il ne connaîtra réellement les chiffres de parts de marché qu'après la publication de son rapport annuel, mais annonce d'ores et déjà qu'un nouvel acteur vient jouer dans la même cour : Infor. "Nous observons de plus en plus de dossiers dans lesquels Infor est présent et l'emporte contre SAP, Oracle ou Microsoft, sans même parler de ceux qui constituaient auparavant ses concurrents les plus directs. Considérant les investissements stratégiques et les rachats qu'a opérés l'entreprise, les améliorations de ses produits et l'ampleur de son portefeuille, il semble bien que nous tenions là un nouvel acteur de premier plan, capable de répondre aux besoins de divers secteurs, d'entreprises de toutes tailles et de rivaliser avec les meilleurs", explique Eric Kimberling, président fondateur de PCS.
7. Convergence des interfaces
Depuis quelque 10 ans, on assiste à la prolifération de plates-formes grand public et de médias sociaux comme Facebook, Twitter ou Instagram. Pendant ce temps, les ERP ont continué à proposer une interface différente, plus complexe et moins conviviale. Mais le changement était inéluctable depuis que de plus en plus de jeunes de la génération Y sont entrés dans la vie active et qu'ils demandent plus de cohérence entre leur travail et les médias sociaux. Au bout du compte, cette mutation a donc au lieu. Les interfaces utilisateurs des produits de JD Edwards, Epicor ou Infor ont un nouveau look, ce qui montre que cette année pourrait bien être celle du comblement du fossé existant entre ERP et géants des réseaux sociaux. C'est plutôt une bonne nouvelle pour tous ceux qui sont concernés par la gestion du changement et l'adoption de nouveaux ERP.
8. Les risques liés aux projets ERP demeurent
Malheureusement, les projets avortés vont continuer à faire partie du paysage. Pour Eric Kimberling, "chaque année apporte son lot d'échecs plus ou moins retentissants et nos experts constatent que le phénomène continue à prospérer. Il semble hélas que nous soyons amenés à inscrire ce point de manière récurrente dans nos prévisions annuelles. La mise en place d'un ERP est tout simplement trop complexe et trop risquée pour que toutes les organisations y arrivent, notamment celles qui pèchent par excès de confiance dans leur propre capacité à se passer de l'aide de consultants ERP et/ou d'intégrateurs."
9. Moins de domination des éditeurs et intégrateurs
Les consultants peuvent être responsables de l'échec de certains projets de mise en place d'ERP. "Jusqu'à très récemment, nombreux étaient les consultants qui s'intéressaient plus au montant de leurs factures qu'au succès du projet de leur client. Dans le temps, il fallait choisir son consultant ERP en fonction de sa maîtrise de telle ou telle solution logicielle, ce qui laissait peu de choix aux entreprises et ne favorisait ni la concurrence ni la responsabilité", estime Eric Kimberling. "Désormais, il est possible de faire appel à des consultants indépendants, qui représentent une alternative aux anciens consultants très spécialisés dans un domaine et qui ont construit ce marché."
10. Un fossé plus large entre succès et échec
Comme indiqué plus haut, les échecs vont continuer à faire partie du paysage. Mais il existe aussi de nombreux projets réussis et plutôt bien réussis. Pour PCS, la différence entre les deux extrêmes va continuer à devenir plus apparente. "Les entreprises qui réussissent auront fait tout ce qu'il convient de faire : gestion de projet efficace, BPM (Business Process Reengineering) et gestion du changement, par exemple. Au contraire, les autres vont continuer à ignorer ou à ne pas investir suffisamment dans ces domaines. Et le fossé entre les deux va se creuser", assure Eric Kimberling.
Benoît Herr, d'après Panorama Consulting Group