Face à la transformation numérique qui s’appuie sur quatre leviers aujourd’hui bien identifiés (la mobilité, les analyses s’appuyant sur le Big Data, l’opérabilité du système d’information en mode cloud et les réseaux sociaux professionnels), toutes les fonctions de l’entreprise ont l’obligation de se réinventer et de repenser leurs outils informatiques, y compris le département financier. Comme l’a rappelé Guillaume des Rotours, associé chez KPMG, "son rôle est de fournir des informations financières sur l’état présent des entreprises ainsi que des analyses prédictives, de garantir un suivi de la valeur de l’entreprise et d’assurer une mission de contrôle et de sécurisation. Ce sont les financiers de l’entreprise qui valident les plans d’investissements : il est indispensable qu’ils connaissent mieux les enjeux de la transformation numérique pour garantir son succès et doivent également s’assurer de la sécurité de l’information à l’heure des analyses et du Big Data".
27 business models ont déjà disparu (pagers, GPS, appareils photos, etc.)
Est-ce le tour du vôtre ? Les conférences sur la transformation numérique sont parfois un peu angoissantes : on y parle toujours beaucoup de survie conditionnelle et de la mort annoncée des entreprises trop lentes à s’adapter. L’Oracle Finance Day a, par exemple, été l’occasion de rappeler une prévision d’IDC : d’ici 2018, un tiers des vingt plus grandes entreprises mondiales seront mises en concurrence par de nouveaux arrivants issus d’une plateforme numérique.
Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique, est venu prêcher la bonne parole de la transformation numérique heureuse. Si l’industrie numérique qu’il représente est très implantée en France, avec 500 000 employés et 50 milliards de chiffre d’affaires, il regrette que sa croissance n’ait été que de 1 % en 2014, avec une prévision autour de 2 % pour 2015. Comment expliquer cette atonie ? "87 % du marché numérique, dont les services de maintenance ou les help-desk, sont en décroissance. Mais sur les 13 % restants, autour des SMACS (Social, Mobile, Analyses, Cloud et Sécurité), la croissance est de 18 % !" a-t-il expliqué. Le président de Syntec Numérique a donc annoncé la disparition des SSII à l’ancienne. "À l’heure où 40 % du budget informatique n’est plus aux mains des DSI, les Entreprises de Services Numériques (ESN) doivent apprendre à discuter et servir d’autres services que la direction informatique".
Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique
Comment expliquer le retard des entreprises par rapport aux comportements numériques des particuliers, soulignés par tous ? Selon Guy Mamou-Mani, les administrations publiques comme les entreprises ne veulent pas assumer les conséquences directes de la transformation numérique sur l’emploi et prendre à charge les problèmes d’accompagnement du changement. "Le pays le plus avancé sur la banque mobile est le Kenya, avec 13 millions d’utilisateurs, ce qui démontre qu’il est finalement plus rapide et facile de créer directement une banque mobile pour une population qui n’avait jusqu’ici ni banque ni mobile, que de gérer la transformation d’un réseau d’agences".
Autre exemple : le calendrier d’obligation de facturation électronique pour les fournisseurs de l’État (étalé de 2017 pour les grands groupes à 2020 pour les TPE) suscite autant de crispation de la part de l’État, qui refuse de parler des conséquences sur l’organisation au sein des ministères, que des syndicats patronaux, qui assurent que les entreprises ne seront pas prêtes.
La transformation numérique n’est pas une question technologique mais doit être portée par les métiers
Les différents intervenants ont souligné que l’angle de la finance n’est pas assez abordé quand on parle de transformation numérique alors qu’elle est concernée au plus haut point. Selon Karine Picard, EMEA application senior director ERP EPM Oracle, "les investisseurs sont aujourd’hui prêts à financer davantage les entreprises dont les modèles économiques soulignent l’importance des actifs incorporels : brevets, propriété industrielle, qualité des employés... ". Les directions financières doivent donc être prêtes à jouer un rôle unique dans la nouvelle ère numérique : celui d’agents de la valeur de l’entreprise et de catalyseurs des changements de modèles économiques.
"Nous assistons à une mue du rôle de la finance moderne, de la gestion et du contrôle vers le conseil" poursuit Karine Picard, "Les nouvelles solutions et les nouveaux processus vont créer des liens beaucoup plus forts entre la finance et les autres services de l’entreprise, qui vont être de plus en plus en demande d’analyses financières proactives et prédictives des projets et d’aide à la prise de décision en temps réel".
La simple tenue de cette conférence semble indiquer que les inquiétudes autour de la sécurité du cloud se sont en grande partie dissipée : les financiers ont été les derniers à être convertis, du fait du caractère critique et même confidentielle des données qu’ils ont à traiter, mais Oracle croit savoir que les départements financiers sont eux-aussi aujourd’hui prêts à sauter le pas.
Deux retours d’expérience sur Oracle ERP Cloud
Deux clients d’Oracle ont livré leur témoignage sur la transformation numérique qu’ils ont entamée. Cleversys, cabinet de conseil, d'intégration et d'externalisation de systèmes, a choisi Oracle ERP cloud pour optimiser la gestion de son activité, depuis l’élaboration d’un contrat jusqu’à sa facturation. Bertrand Jauffret, président de Cleversys, concède que "les équipes Cleversys étaient parties au départ comme sur un projet classique. Or, il est indispensable de changer ses réflexes et de considérer l’outil cloud comme un support au changement. Les utilisateurs ne doivent plus attendre qu’on torde le cou au produit et doivent apprendre à être autonomes".
Bertrand Jauffret remarque qu’en passant des "upgrades", dont l’opportunité était envisagée, débattue et planifiée longtemps à l’avance, à des "updates permanents", une relation plus étroite et constante doit se construire entre l’éditeur et ses clients : "Au début d’un projet cloud, on peut avoir l’impression d’être vraiment dans un nuage. Il faut s’habituer à moins maîtriser l’informatique tout en ayant accès à plus de fonctionnalités, car les outils SaaS sont tout sauf des solutions au rabais".
Alexandre Hennel, CFO de Bioprojet Pharma, société pharmaceutique réalisant 80 millions de chiffre d’affaire, a de son côté choisi Oracle planning cloud service. "Dans nos gênes, en tant que société de recherche, nous sous-traitons tout ce qui n’est pas essentiel à notre activité : la logistique, les forces de vente, pourquoi pas notre outil de planning ? Le temps le plus long fut celui de la signature du contrat ! Un mois et demi après la signature, la solution était en place". La principale différence entre ce projet cloud et les projets précédents est son évolution permanente : "La feuille de route s’écrit au fur et à mesure, les utilisateurs s’appropriant l’outil et découvrant de nouveaux besoins".
Hervé Baconnet