Cette volonté avait déjà été affichée en 2014, lorsque le PDG américain du champion européen du logiciel avait pour la première fois rencontré Emmanuel Macron (cf. Pour Bill McDermott, en dehors du cloud point de salut), alors secrétaire général adjoint de la présidence de la République, en charge de la politique économique. Mais le co-CEO de SAP d'alors, Jim Hagemann Snabe, avait également contribué à jeter les bases de la collaboration entre SAP et l'État Français, ayant été reçu à trois reprises à l'Elysée, dont deux fois par François Hollande.
La semaine dernière, c'est un Emmanuel Macron ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique que Bill McDermott a rencontré, ainsi que le président Hollande. Les discussions ont porté sur les enjeux du numérique pour la croissance et la création d'emploi en France. Et cette fois, il en est sorti un chiffre : 100 millions d'euros d'investissements. Mais à l'échelle de l'Union Européenne et sur 5 ans. "Nous nous sommes assigné la mission d'améliorer la vie des gens", a déclaré le dirigeant de SAP. "Et nous sommes heureux de notre partenariat avec la France", un partenariat qui fait suite à celui de Cisco en février et de Nokia il y a quelques jours. Il a donc proposé d'intensifier les investissements de SAP dans les entreprises innovantes de l'Internet industriel en France et en Europe et le déploiement des programmes de formation de SAP, pour soutenir la politique de formation française sur les technologies d'avenir.
Bill McDermott - CEO de SAP
Ainsi, Bill McDermott a confirmé l'engagement de SAP au service de l'agenda numérique de la France et sa volonté de contribuer activement à la mise en œuvre d'une initiative franco-allemande sur les thèmes de l'industrie du futur, des entreprises connectées, du support aux start-up et de l'accélération de la numérisation des PME. Franck Cohen, président de SAP EMEA & MEE, précise que "400 organisations publiques font d'ores et déjà confiance à SAP en France". Il a aussi souligné l'importance de la France pour SAP, dont c'est le cinquième marché au monde.
Inauguration du siège français
C'est le 16 avril que le nouveau siège de SAP France a été inauguré officiellement, en présence du même Bill McDermott et de nombreux capitaines d'industrie français. Seules absences remarquées, celle d'Axelle Lemaire, secrétaire d'État au numérique (représentée par Muriel Pénicaud, ambassadrice déléguée aux investissements internationaux et CEO de Business France), et du directeur général de la filiale française, Henri van der Vaeren, remplacé par Marc Genevois, directeur des opérations de SAP France. L'événement a rassemblé les principaux clients et partenaires de SAP en France, ainsi que de nombreux décideurs publics.
Le nouveau siège occupe l'intégralité des 19 étages de la tour So Ouest, située à Levallois-Perret, pour quelque 30 000 m2. Depuis quelques jours, ce sont 1 700 personnes qui sont basées dans cette tour et il est prévu d'y en héberger 2 000 à terme : les effectifs de BusinessObjects, actuellement basés au pont de Levallois, y seront notamment rapatriés. Lors de son allocution, Muriel Pénicaud a insisté sur les discussions extrêmement actives entre SAP et le gouvernement pour renforcer le partenariat et souligné la dimension emblématique de cette inauguration, symbole d'un investissement durable et de l'attractivité de la France. "On ne le sait pas assez, mais la France est le premier pays en Europe pour les investissements dans l'industrie", a-t-elle ajouté.
Autour de Bill McDermott (au centre de la photo) et de Marc Genevois (à l'extrême gauche), étaient réunis (de G à D) Claude Molly-Mitton (président de l'USF), Pascal Buffard (président du CIGREF), Christian Nibourel (président d'Accenture France), Jérôme Siméon (Capgemini France), caché sur la photo par Jean-Marie Simon (directeur d'Atos France) pour une table ronde certes très formatée, mais au cours de laquelle chacun a eu l'occasion de poser des questions au patron de SAP. Peut-être pas si formatées que cela, puisque lorsque la question du rachat de Dailymotion lui a été posée, Bill McDermott a répondu "Daily quoi ?".
Cette table ronde était placée sous le double thème de l'économie connectée et de la confiance en l'environnement numérique. Au-delà de cette dernière, la confiance au sens large était au centre des discussions, qu'il s'agisse de celle des clients en l'éditeur ou de celle des partenaires dans l'éditeur, ou encore, plus généralement, celle de l'Homme en l'Homme. "La confiance est la meilleure des monnaies humaines ; l'individu doit être la première des priorités", a lancé Pascal Buffard.
La simplification aussi, était à l'ordre du jour, avec la nouvelle devise de SAP, depuis le lancement de S4HANA, "Run Simple", que n'a pas manqué de marteler Bill McDermott. Sauf que... "SAP n'a jamais été un modèle de simplicité", relevait Jérôme Siméon lors de la table ronde. "C'est vrai", a convenu Bill McDermott. "Et les choses de l'IT ont tendance à se complexifier, ces temps derniers. Mais au-delà de la technologie, notre rôle est de faciliter l'expérience utilisateur, car nous sommes désormais dans une économie tirée par le client, essentiellement du fait de l'émergence des smartphones". Autrement dit, il faut masquer la complexité à l'utilisateur final.
Le cloud...
Franck Cohen a rappelé qu'en Europe, l'activité ERP, traditionnelle pour SAP, n'a représenté en 2014 que 20 % du chiffre d'affaires. En revanche, le géant allemand s’enorgueillit de ses quelque 70 millions d'utilisateurs de cloud dans le monde et du réseau de plus d'un million d'entreprises qui effectuent quotidiennement des transactions par ce biais.
"Depuis 27 ans que je m'occupe d'applications de gestion, je n'ai jamais connu autant d'innovations et de nouveautés simultanées", a constaté Franck Cohen. "Il ne faut pas se le cacher : le cloud augmente les risques sécuritaires. Mais SAP met tout en œuvre pour garantir la sécurité des données et des traitements de ses clients". "Nous n'avons jamais connaissance des données de nos clients, même dans le cloud", a précisé Bill McDermott en réponse à une question de Jérôme Siméon. "C'est aussi le rôle de SAP que d'encourager la prospérité et la croissance économique de ses clients", a ajouté le CEO.
… et une couche de HANA
Bien sûr, HANA a été en toile de fond tout au long de la soirée, dès l'introduction, lorsque Franck Cohen a évoqué S4HANA. Car en dehors de HANA, point de simplification possible. "J'étais ce matin avec les représentants de 15 grandes entreprises françaises et ce qu'elles disent est que leur business est très complexe. L'essentiel de leurs données sont stockées dans des bases de données traditionnelles, datant du 20ème siècle. 98 % de ces données ne sont jamais analysées", a répondu Bill McDermott à une question lors de la table ronde. Sous-entendu que non seulement les bases de données en mémoire comme HANA permettent d'analyser les données, mais elles le font beaucoup plus rapidement et beaucoup plus simplement. "C'est pour cela que nous croyons en HANA".
Benoît Herr