Inventeur de la première fixation de ski en 1956, Look est aussi et par extension l'inventeur de la pédale automatique pour la route : la première du genre a vu le jour en 1984. L'entreprise est aujourd'hui leader mondial dans ce domaine, qui représente 50 % de son chiffre d'affaires. Ce sont plus de 500 000 paires de pédales qui sont assemblées tous les ans. Elle fabrique par ailleurs des cadres de vélos haut de gamme en carbone (et exclusivement en carbone depuis une dizaine d'années), un domaine dans lequel elle est également leader européen. Look conçoit et fabrique des produits destinés aussi bien aux coureurs professionnels qu'aux passionnés de vélo : le prix de ses engins varie entre 2 000 et 15 000 euros. L'entreprise en fabrique quelque 15 000 par an, dans son installation de Nevers, mais aussi et surtout dans son site de production tunisien, certifié ISO 9002, qui héberge quelque 200 collaborateurs.
Nevers, lieu de naissance de de l'entreprise en 1951, abrite le siège social et 150 personnes, dont le bureau d'études constitué de 13 ingénieurs, la salle de test, où se mesure la résistance des produits, l'atelier de montage des pédales, l'atelier de finition, où les cadres sont peints et décorés et une boutique, où tous les produits sont exposés. Le capital de l'entreprise est 100 % français, 80 % étant détenus par Dominique Bergin et Thierry Fournier (qui ont racheté Look Cycle en 1998 et fondé Look Cycle International SA) et 20 % par les salariés.
Look distribue ses produits dans le monde entier et réalise 75 % de son chiffre d'affaires à l'étranger, principalement en Europe, aux États-Unis et en Asie. En France, au Benelux, aux États-Unis et en Italie, la commercialisation des produits est assurée par ses filiales de distribution : on compte 230 points de vente en France. Ailleurs, un réseau de distributeurs internationaux représente la marque localement.
Une partie du stock de cadres en carbone, équipés d'une puce RFID.
L'innovation et l'excellence font partie des gènes de cette entreprise dont le savoir-faire a souvent été récompensé. Dernière récompense en date : le prix de l'innovation Bourgogne décerné par Oseo et le ministère du Redressement productif, en 2013. 10 % du chiffre d'affaires sont investis dans le sponsoring d'équipes sportives, dont Bretagne Séché environnement sur le Tour de France. "Il est important d'être présent sur le Tour, mais aussi aux jeux olympiques", commente Gilles Cartet, directeur industriel de Look. Mais de nombreuses équipes et athlètes utilisent les vélos Look, dans toutes les disciplines du cyclisme, de la route au VTT en passant par la piste ou le triathlon. La marque est bien implantée dans le haut de gamme.
Gilles Cartet explique que le métier de l'entreprise évolue depuis quelques années : s'il y a 10 ans elle vendait surtout des cadres, "la tendance est inversée depuis. C'est ce qui nous a obligés à mettre en place des réseaux logistiques de montage des vélos et à faire appel à des sous-traitants. C'est aussi cette évolution qui nous a poussés à changer d'ERP". Le métier évolue aussi vers toujours plus de technicité : ainsi Look propose-t-il aujourd'hui des pédales Bluetooth, qui mesurent la puissance développée sur les pédales et la balance gauche/droite. Mais cette application n'est que les prémisses du vélo connecté, qui représente l'avenir. Gilles Cartet refuse toutefois de nous en dire plus, au titre du secret industriel. On peut cependant imaginer de nombreuses applications, liées par exemple à la géolocalisation ou à l'implantation de puces au cœur même du vélo. Ces puces existent d'ailleurs déjà, puisque chaque cadre et chaque fourche sont aujourd'hui déjà pourvus d'une puce RFID qui facilite la gestion des stocks et des flux, notamment avec Sylob 9, mais aussi le suivi et la traçabilité.
Le projet
Gilles Cartet, directeur industriel de Look, en pleine explication.
C'est en 2010 que Look a diffusé son cahier des charges, établi avec l'aide d'un consultant externe : l'objectif était de remplacer la solution existante, mise en place sous l'aire Look Cycles, jugée obsolescente, par une solution qui permettrait de piloter la mutation du métier en cours et offrirait des fonctionnalités supplémentaires, comme le CRM, le MRP, un plan industriel et commercial et surtout un configurateur. Car l'une des composantes de la mutation du métier est le mouvement vers une personnalisation accrue de ces vélos haut de gamme, les acquéreurs souhaitant de plus en plus posséder un exemplaire unique.
En outre, l'entreprise ressentait le besoin de standardiser ses processus de gestion et d'établir des liaisons entre ses différentes entités, mais aussi avec les tiers, fournisseurs, sous-traitants et logisticiens. La solution devait pouvoir être commune à plusieurs sites, facilement accessible à distance et permettre une personnalisation forte du produit en fonction du client.
Le choix s'est fait dans un premier temps en fonction du prix, "mais les trois solutions que nous avons retenues en short-list étaient dans un mouchoir de poche de ce point de vue", se souvient Alain Fluhr, responsable informatique de Look. C'est donc sur des critères fonctionnels comme le fait d'être nativement "full Web" ou sur la pertinence du configurateur intégré que s'est opéré le choix final en faveur de Sylob 9. La spécialisation de l'éditeur dans les sociétés industrielles et sa pérennité ont fini de faire pencher la balance.
Test de résistance des produits. Ici un guidon.
Le contrat a été signé en janvier 2011 et le démarrage est intervenu en mode "Big Bang" en avril 2012. Une grosse partie du projet a concerné la reprise des données (nomenclatures, commandes etc.). Mais le fait que Sylob, tout comme l'ancienne solution, utilisent la base de données Informix a facilité le processus.
Le périmètre fonctionnel concerné est très large et va de le gestion commerciale et du CRM à la conception et au configurateur de produits (le sur mesures représente de l'ordre de 30 % de la production, à l'heure actuelle) en passant par la gestion à l'affaire, les achats, les stocks, la planification et la production, la logistique, la qualité et la traçabilité, le SAV, l'EDI, la gestion documentaire, le workflow et la Business Intelligence. La solution est interfacée avec le site Web et avec une comptabilité Sage. "Le budget global du projet est estimé entre 300 et 600 K€, hors coûts internes", confie Gilles Cartet.
Bilan à trois ans
Look a fait l'acquisition de 100 licences utilisateurs de Sylob 9, pour ses sites français et tunisien. Le configurateur est utilisé de manière intensive : "nous avons une meilleure réactivité pour le sur mesures, une meilleure visibilité sur la production et nous optimisons la gestion de nos stocks", se félicite Alain Fluhr. "En outre, les échanges d'informations sont plus fluides, que ce soit au sein du groupe ou avec les tiers et nous sommes beaucoup plus autonomes qu'auparavant, que ce soit sur l'EDI ou pour les paramétrages (états, reporting, requêtes diverses, scénarios de configuration pour le
sur mesures...".
Si l'entreprise n'a pas véritablement mis en place de KPI pour apprécier son retour sur investissement, celui-ci semble incontestable aux yeux de tous. Et des évolutions de la solution sont encore en projet, comme par exemple dans les échanges avec cet important et incontournable fournisseur japonais qu'est Shimano, afin d'optimiser la mise-à-jour des informations de commandes.
Benoît Herr