Chiffre d'affaires global en hausse de 5,8 %, à 282,1 M€, Excédent Brut d'Exploitation (EBE) en hausse de 6,8 % à 76,8 M€, soit 27,2 % du chiffre d'affaires, chiffre d'affaires SaaS à 62,8 M€, en hausse de 31,8 %, Résultat Opérationnel Courant (ROC) à 39,1 M€, en hausse de 11,6 % et résultat net à 23,2 M€, en hausse de 4,8 %, Jean-Michel Aulas, président, et Patrick Bertrand, directeur général, avaient de quoi être satisfaits à l'occasion de la conférence de presse de ce matin. Ils signaient là leur troisième année consécutive de croissance des résultats du groupe Cegid.
Pour Patrick Bertrand, au-delà de ces résultats purement financiers, le nerf de la guerre, c'est ce qu'il appelle le "stock", c'est-à-dire la valeur des contrats SaaS signés, mais qui n'ont pas encore généré de chiffre d'affaires : au 1er janvier 2016, elle était de près de 196 M€ (contre 116 M€ au 1er janvier 2015, soit une hausse de 68 % à périmètre courant par rapport et de 29 % à périmètre constant). Cette évolution tient en effet compte non seulement d'un taux d'attrition de moins de 5 % évalué au 31 décembre 2015 mais aussi d'une valeur de 47 M€ des contrats issus des croissances externes réalisées courant 2015 (Altaven et Technomedia).
Pour Jean-Michel Aulas, "Cegid arrive à la maturité du modèle et est passée de celui de développeur de logiciels à celui d'usine à cloud".
Toujours plus de SaaS
Sur les 400 000 utilisateurs des solutions Cegid, 150 000 le sont désormais en SaaS, soit le double de 2012. "Le SaaS est le driver du marché", estime Patrick Bertrand, qui cite les analystes, pour qui lorsque le marché du cloud croît de 20 à 25 % annuellement, celui de on-premise croît de 2 à 4 %. "Et notre croissance dans le cloud dépasse ces prévisions", précise-t-il. Dans les collectivités territoriales, par exemple, les nouvelles ventes se répartissent à 50/50 entre solutions SaaS et on-premise.
Selon le classement des éditeurs SaaS B2B en France établi par PAC en février 2016, ses 62,8 M€ de chiffre d'affaires SaaS (soit près du tiers du chiffre d'affaires "édition", qui se monte à 197,7 M€) font de Cegid le premier acteur français des solutions de gestion en SaaS. En effet, placé en sixième position, seul Cap Gemini, avec 148 M€, fait mieux, mais ce chiffre est essentiellement lié à l'activité Prosodie, qui n'est pas à proprement parler de la gestion. Quant aux quatre autres acteurs listés (Salesforce, Microsoft, Google et Adobe), ils sont américains (cf. schéma).
Les solutions SaaS de Cegid répondent aux trois premiers piliers du cloud que sont le paiement à l'usage, les ressources en libre service et l'ouverture. Mais qu'en est-il de la mutualisation, à laquelle tant d'entreprises sont encore réticentes ? "Les utilisations mutualisées, c'est-à-dire en multi-tenant, sont largement majoritaires", se satisfait Patrick Bertrand. "Mais certains clients préfèrent utiliser leur propre occurrence du logiciel. Dans ce cas, nous leur installons une machine virtuelle dédiée", avoue-t-il.
Plus d'international
Depuis quelques années, Cegid a fait de son développement à l'international un axe stratégique : présent aux États-Unis, au Brésil, dans les principaux pays européens, en Russie et en Asie, le groupe fait aujourd'hui un focus sur l'Afrique (qui compte 1 250 clients) avec la création d'une entité MEA (Dubai, Abidjan, Casablanca) et le recrutement intensif de partenaires (23 en 2015).
En 2015, le chiffre d'affaires à l'international était de 24,5 M€, en progression de plus de 25 % par rapport à l'exercice précédent, après prise en compte de l'intégration de JDS Solutions Corporation au 1er juin 2015 et de Technomedia à compter du 1er décembre 2015 (cf. infra). À périmètre constant, la progression est de 13 % pour un chiffre d'affaires de 22,1 M€. Avec ces acquisitions, le volume global de ventes proforma sur une période de douze mois peut être estimé à 35 M€, soit quelque 12 % du chiffre d'affaires global. "Nous visons 20 %,. Le plus vite possible...", confie Jean-Michel Aulas.
Plus de croissance externe
En 2015, Cegid a effectué un certain nombre d'opérations de croissance externe pour renforcer sa présence dans ses domaines de compétence en France et à l'international. Ainsi, dans le domaine des ressources humaines, l'éditeur a acquis 100 % du capital de Technomedia (cf. Cegid reprend Technomedia) et conclu un accord de partenariat avec Novigotech, complété d'une prise de participation de l'ordre de 12 % du capital, avec la perspective de détenir 100 % à moyen terme. Cette start-up édite un portail pour la gestion quotidienne des ressources humaines des TPE/PME en mode collaboratif avec la profession comptable.
Jean-Michel Aulas, président (à G), et Patrick Bertrand, directeur général de Cegid
Dans le domaine de la fiscalité, ce fut l'acquisition de 100 % du capital de la société Altaven, éditeur d'une plateforme de solutions de gestion fiscale à destination des grandes entreprises et des groupes. Enfin, dans le domaine de la distribution, après JDS Solutions Corporation aux États-Unis (cf. Croissance externe de Cegid en 2015 : c'est parti), Cegid a acquis 100 % du capital de la société Magelia, éditeur d'une plate-forme de e-commerce B2C et de multi-boutiques en mode SaaS.
En 2016, cette stratégie de croissance externe devrait se poursuivre, "notamment dans les domaines de la fiscalité, des RH et des collectivités territoriales, où nous n'avons pas encore atteint la taille critique", commente Jean-Michel Aulas, qui nous prédit des nouvelles "d'ici quelques semaines". Affaire à suivre, donc.
Sauf exceptions, ce sont les gros qui rachètent les petits. Et on est toujours le petit de quelqu'un, même lorsqu'on s'appelle Cegid. À la question d'un éventuel rachat, Jean-Michel Aulas répond, confiant, "qu'il n'y a pas en France de structure assez importante pour racheter Cegid". Mais... il n'y a pas que la France, dans le monde...
Pour conclure, les dirigeants sont revenus sur le SaaS et le cloud, en dehors duquel point de salut, selon eux : "Le SaaS ne représentera jamais 100 % de l'activité et le mode on-premise va continuer à faire partie du paysage. Mais aujourd'hui, celui qui reste en mode licence on-premise est mort à terme", estime Patrick Bertrand. Jean-Michel Aulas explique les choses différemment : "Dans notre activité, les cycles sont longs, de l'ordre de 10 ans. Et dans 10 ans, le modèle va s'inverser".
Benoît Herr