Méthodologie
Comme les années précédentes, l'enquête a été réalisée en ligne via un questionnaire électronique disponible de décembre 2015 à fin février 2016. Le questionnaire était pour ainsi dire identique à celui de l'an passé, puisqu'il s''agit d'un baromètre annuel. Seules quelques questions ont été modifiées. 1 165 réponses ont été acceptées et 747 validées. Elles ont concerné 82 fournisseurs, contre 61 en 2015.
L'étude a ciblé les utilisateurs d'ERP en France, issus d'entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d'activité. Avec 43 % des réponses, les entreprises de moins de 100 salariés sont les plus représentées en nombre ; les entreprises de 100 à 500 salariés sont 27 %, celles de 500 à 5 000 collaborateurs 21 % et les grands comptes 9 %.
Les secteurs d'activité sont assez bien répartis mais comme l'an passé, le secteur de l'industrie ou des biens d'équipements industriels est le plus représenté, avec 14 %. Suit le négoce et la distribution, avec 11% des réponses et l'industrie aéronautique avec 9 %. Dans 55 % des cas, ce sont des membres de la DSI qui ont répondu et dans 19 % des dirigeants. Enfin, comme les années précédentes, dans près des 2/3 des cas, le répondant participe au choix de l'ERP.
Système en place
Sans surprise, les deux modules les plus installés sont les achats (78 %) et la gestion commerciale (70 %) (cf. Schéma 1). Arrivent ensuite la comptabilité (69 %), la gestion financière (48 %) et la GPAO (44 %). Ces chiffres sont légèrement différents de ceux de l'année passée, mais restent en cohérence. Le CRM reste à près du tiers des 739 répondants retenus (32 %) et la gestion de projets le talonne, à 31 %. Dans le bas du tableau on trouve encore les applications de mobilité, à 8 %, malgré tout le tapage actuellement fait autour.
Schéma 1
Plus de la moitié (56 %) des ERP sont encore installés depuis plus de 5 ans (en cohérence avec les années précédentes) et 28 % (contre 29 % l'an passé) le sont depuis plus de 10 ans. 17 % (contre 16 % en 2014) des installations datent de moins de deux ans. Le parc logiciel reste toujours âgé, les évolutions n'étant pas vraiment significatives, même si elles vont dans le bon sens. Les installations restent cependant toujours plutôt à jour, car dans 56 % des cas, la dernière mise-à-jour date de moins d'un an.
En termes d'hébergement, le cloud gagne très légèrement du terrain (un petit 2 %), même si le on-premise demeure très majoritaire, avec 78 % des installations (contre 84 % l'an passé). Seules 14 % des installations résident sur des serveurs distants, en mode cloud, SaaS ou en hébergement dédié et 2 % des répondants (comme l'an passé) ont adopté une solution hybride. Cette partie du questionnaire est grevée d'un nombre d'indécis plus important cette année (5 % de "Ne sait pas" contre 2 % l'an passé).
Projets
Plus de la moitié (54 %) des projets a duré moins d'un an et 26 % moins de 6 mois, ce qui est cohérent avec le profil des entreprises ayant répondu. Petite satisfaction : dans 38 % des cas, les délais prévus ont été respectés et dans 14 % des cas les dépassements de délais n'ont pas excédé 3 mois. 15 % des répondants admettent que si le projet a pris du retard, c'est parce que son périmètre a évolué. Toutefois, 10 % des répondants font état d'un dépassement de délais de plus d'un an, ce qui, à l'heure de DevOps et de la mobilité, ne laisse pas d'étonner.
Toutefois, à la question "À combien évaluez vous la part de développements spécifiques réalisés sur votre logiciel par rapport à l'offre standard proposée par l'éditeur ?", ils sont une écrasante majorité (70 %) à les estimer à moins de 25 %, en stagnation voire en légère baisse par rapport à 2014.
En 2016, les budgets semblent mieux maîtrisés qu'auparavant : pour 35 % des répondants, le budget prévu a été respecté (contre 29 % en 2015) et dans 22 % des cas (contre 9 % en 2015), il ne l'a pas été mais le dépassement est lié à une évolution du périmètre du projet. "À noter toutefois que près du cinquième (18 %) des répondants n'ont pas d'idée de ce budget", souligne Patrick Rahali, analyste ERP au CXP en charge de l'enquête.
Évaluation et perception
Il était demandé aux répondants d'identifier les cinq modules fonctionnels contribuant le plus à la performance de leur entreprise. Cette année, les achats devancent la gestion commerciale, soit le contraire de l'an passé (cf. schéma 2). La comptabilité/finances conserve sa troisième place et la gestion de production reste au pied du podium.
Le questionnaire demandait aussi de noter différents critères relatifs à la solution logicielle sur une échelle de 0 à 10. Tout comme l'an passé, la fiabilité du progiciel arrive en tête, avec une note de 7,00 (très similaire au 7,01 de l'édition 2015) talonnée par la richesse fonctionnelle, à 6,87. La possibilité d'utiliser le progiciel en mobilité décroche 5,21, en très légère hausse également.
Schéma 2
L'ergonomie des logiciels laisse encore à désirer, même si la note sur l'ergonomie au global s'améliore légèrement, à 6,31 contre 6,25 l'an passé. La meilleure note est obtenue par la facilité d'utilisation, avec 6,59 et la moins bonne par la possibilité de créer de nouveaux états, avec 5,61.
L'intégrateur
Dans près de la moitié des cas (46 %), c'est l'éditeur lui-même qui a installé le logiciel. Pour le reste, l'intégrateur a été présenté à l'organisation par l'éditeur dans 30 % des cas et choisi directement par l'entreprise dans 24 % des cas.
Comme les années précédentes, une liste de points permettant d'évaluer l'intégrateur a été proposée, avec une notation sur 10. C'est toujours au niveau de maitrise du logiciel par les consultants que la note est la plus forte (6,74), en recul toutefois par rapport à 2015. Suivent la connaissance métier des consultants (6,55) et le respect du cahier des charges lors de la mise en œuvre du logiciel. En queue de peloton, on trouve une nouvelle fois l'assurance qualité (5,69). Les autres réponses possibles, dont les notes s'établissent dans la fourchette ci-dessus, concernaient la méthodologie, la réactivité de l'intégrateur, la capacité de l'intégrateur à s'adapter aux besoins de l'entreprise, la prise en compte des contraintes de l'entreprise et le suivi commercial. La satisfaction globale s'établit à 6,29.
Bilan et perspectives
Les trois quarts des répondants conserveraient le même éditeur s'ils devaient choisir un nouveau progiciel. Et lorsqu'on leur demande "Avez-vous confiance en votre éditeur?", ils sont 77 % à être soit tout à fait d'accord, soit plutôt d'accord.
Les répondants estiment également que "leur logiciel améliore la productivité des salariés de l'entreprise" et que "leur logiciel améliore la collaboration interne et externe" (cf. schéma 3).
Schéma 3
Quant au ROI, les améliorations constatées concernent en priorité le quarté de tête "organisation de l'entreprise", "satisfaction clients", "relation avec les tiers" et "gestion financière". En queue de peloton, on retrouve "la baisse du budget informatique" et la "motivation des salariés de l'entreprise". Ces constats paraissent à la fois logiques compte-tenu du peu d'indicateurs de performances mis en place par les entreprises et rassurants car les entreprises enregistrent de vrais bénéfices.
Plus de la moitié des répondants (54 %) déclarent avoir des projets d'évolution dans les douze prochains mois. Ces évolutions concernent surtout des changements de version (52 %)et des évolutions de la solution en place (57 %). Mais, avec 24 %, la mobilité gagne du terrain. Il en va de même des outils collaboratifs et de la BI, notamment l'analyse prédictive. Quant à évoluer vers des solutions SaaS/cloud, c'est une nouvelle fois le CRM qui emporte les faveurs des répondants, avec 37 %. Mais ils ne seraient pas contre non plus mettre leur gestion des ressources humaines (27 %) ou leur comptabilité (24 %) dans le cloud. Suivent la paie, les achats ou encore la BI. Ces réponses ont tendance à conforter l'idée selon laquelle le mouvement vers le cloud se fera notamment à la faveur d'un changement de solution, ce qui, selon les résultats de cette enquête, n'est pour le moins pas fréquent. Le passage au cloud se fait aussi module par module, ce qui plaide en faveur d'un retour au best-of-breed.
Au bilan, les résultats de cette troisième enquête viennent conforter les éléments qui ressortaient des études de 2015 et 2014 : un parc logiciel ancien mais qui donne toujours satisfaction, une adoption des solutions ERP en SaaS/cloud en retrait par rapport au marché, des projets hélas encore souvent en dépassement de budget, une relation de confiance avec l'éditeur et avec l'intégrateur. Quant aux outils comme la mobilité ou le cloud, ils ont encore du chemin à faire dans le paysage français des ERP.
Benoît Herr