Le savon de Marseille serait-il un produit typiquement Nantais ? Sans aller jusque là, Yvan Cavelier, patron de la Savonnerie De l'Atlantique (SDA), située à Rezé, près de Nantes, défend l'idée selon laquelle "un chimiste est aussi bon à Nantes qu'à Marseille ; on ne peut imaginer privatiser une formule chimique. On fait du savon de Marseille à Nantes depuis 1830. La recette est la même à Marseille que partout ailleurs. Une origine marseillaise n'apporte aucune valeur ajoutée".
De fait, le savon et Nantes ont une longue histoire commune : il y a eu jusqu'à 30 savonneries à Nantes, notamment les savonneries Bernard, qui étaient propriétaires de la marque Persavon, une marque qui appartient désormais à la société Alliance.
Yvan Cavelier, président de SDA (à D) et Pascal Marchal, directeur qualité et développement, devant la toute nouvelle chaîne de conditionnement de Viais
"Une savonnerie est un lieu où les huiles sont transformées en savon", affirme Yvan Cavelier, que le fait que deux associations marseillaises demandent une IGP (Indication Géographique Protégée) pour le savon de Marseille "énerve un peu". "De nombreuses savonneries se situent en Malaisie ou en Indonésie, où l'huile de palme est transformée en base-savon, un produit semi-fini qu'utilisent de nombreuses unités de conditionnement en Europe et ailleurs. Nous, chez SDA, nous transformons les huiles en savon", s'enorgueillit-il.
Partir sur de nouvelles bases
La savonnerie de Rezé a été construite en 1947 ; elle se spécialise dans la fabrication de savons solides selon le procédé du savon de Marseille. Appartenant à la famille Bernard et suite à un certain nombre d'avatars, elle a été mise en cessation de paiement et a fait l'objet d'un plan de cession total des actifs au bénéfice de SDA. Ex-responsable des achats et de l'export de la savonnerie Bernard, Yvan Cavelier en a pris les rênes avec deux de ses anciens collègues, Pascal Marchal et Patrick Dailly, le 1er février 2006.
L'entreprise a redémarré avec 22 personnes (alors que les savonneries Bernard comptaient 125 collaborateurs) et 4 clients dans la grande distribution. SDA a repositionné alors son activité sur le cœur de métier historique du site, la fabrication et la réalisation de savon dit dur, savon traditionnel, du savon de Marseille au savon dermatologique. L'entreprise s'est aussi positionnée sur la commercialisation de base-savon sous forme de "bondillons" conditionnés en sacs ou en big bags et destinés à des unités industrielles qui ne font que du conditionnement de savon.
Aujourd'hui, SDA s'inscrit dans l’héritage des savonneries nantaises et reste la seule savonnerie de capacité industrielle en France. Elle compte 47 personnes pour un chiffre d'affaires de 11 millions d'euros. 32 % de ce chiffre d'affaires sont réalisés à l'export et 50 % en MDD. En octobre 2008, l'entreprise a aussi lancé ses propres marques : La Cigale, Superclair, Kened Breizh et la Cigale Bio. Elle bénéficie du label "Origine France Garantie".
Depuis 2006, SDA a connu une croissance moyenne de 15 % par an de son chiffre d'affaires. Les 6 000 m2 de l'usine de Rezé sont toujours exploités ; à ceux-ci s'ajoutent désormais 3 300 m2 (extensibles à 10 000) d'une toute nouvelle entité basée à Viais (sur la commune de Pont-Saint-Martin), qui répond à diverses exigences, notamment des pouvoirs publics et des clients, pour l'obtention de la certification IFS (International Food Standard) et dans laquelle seront installées à terme trois chaînes de conditionnement. Au total, SDA a une capacité de production de 20 000 tonnes par an, mais n'en produit pour l'heure que 8 000. Il reste donc une belle marge de progression.
Un ERP surdimensionné
Les savonneries Bernard avaient adopté la solution Movex en 2000. Lors de la reprise par SDA en 2006, les effectifs étant tombés de 125 à 22 personnes, l'utilisation de cette solution devenait difficile et complexe. En outre, avec la réduction d'effectifs, de nombreuses compétences internes sur Movex ont également disparu, ce qui importe d'autant plus que de nombreux développements spécifiques avaient été réalisés et rendaient la maintenance de l'outil difficile.
Par ailleurs, la version installée ne permettait pas de calculer les prix de revient, pourtant essentiels compte-tenu des marges extrêmement réduites dans le métier de la savonnerie, produit de première nécessité, bon marché et appelé à le rester. La rentabilité dépend directement des coûts des huiles, notamment de palme, de palmiste et de coprah. Enfin, le manque de flexibilité de la solution a favorisé l'émergence d'outils parallèles, de bases de données multiples et donc de nécessaires ressaisies.
De la réflexion aux bénéfices
La réflexion sur le remplacement de Movex par une solution applicative ouverte, pérenne et évolutive et administrable par l'entreprise (qui ne compte aucun informaticien dans ses effectifs, même aujourd'hui) a démarré en 2011, à l'occasion du salon Solutions ERP. S'en sont suivies des rencontres d'intégrateurs et de cabinets de conseil pour, en mars 2012, se faire accompagner par la société de conseil Cardinem pour la définition du besoin.
Tony Pineau, responsable du projet ERP
En août 2012, le cahier des charges ainsi établi a été diffusé à 15 éditeurs et/ou intégrateurs, qui y ont pour la plupart répondu, en s'appuyant sur de nombreuses solutions ayant pignon sur rue. Au final, c'est Sylob9 qui a été retenu. "De nombreuses raisons ont motivé ce choix", commente Tony Pineau, responsable du projet ERP chez SDA. "Outre l'adéquation entre nos besoins et la réponse de Sylob, ainsi que la riche couverture fonctionnelle de Sylob9, le fait qu'il s'agisse d'un produit récent, flexible et évolutif a également joué". D'autres éléments, comme la taille de l'entreprise, le fait qu'elle soit à la fois éditeur et intégrateur, la qualité de la démonstration et des jeux d'essai et le fait que la solution soit "Full Web" sont également entrés en compte. Enfin, le rapport fonctionnalités/prix n'a pas été neutre.
Le projet et le paramétrage de la solution ont démarré dès septembre 2013, mais le démarrage du site de Rezé n'est intervenu qu'en novembre 2014, car SDA a voulu attendre la sortie de la V2 de Sylob9, qui comportait certaines fonctionnalités souhaitées en standard, pour démarrer.
Et en mai 2015, ce fut au tour du nouveau site de Pont-St-Martin d'adopter la solution. Au total SDA possède 14 licences d'utilisation. "En y ajoutant le matériel nécessaire et les prestations, mais sans compter les ressources internes, notre nouvel outil nous aura coûté 120 000 euros", précise Pascal Marchal, directeur qualité et développement de SDA.
Aujourd'hui, après 18 mois d'utilisation de son nouvel outil, SDA fait le bilan : "D'un point de vue global, nous ne nous sommes pas trompés dans nos choix, qu'il s'agisse du produit
ou de l'équipe projet", affirme Tony Pineau, qui se satisfait par ailleurs d'avoir retrouvé une base de données unique pour tous les services de l'entreprise. "Nous avons aussi retrouvé la maîtrise de notre système, que ce soit du point de vue de son administration, de son paramétrage, des scénarios de saisie ou du reporting", ajoute-t-il.
Benoît Herr