Un verdict peut-être hâtif, injuste diront certains, mais rappelons que l'ambition d'un ERP n'est pas des moindres : il s'agit de couvrir l'ensemble des processus de gestion d'une société, de A à Z et que ceux-ci soient orchestrés par un seul et même outil. Exercice d'autant plus délicat lorsque l'on sait que chaque société possède son propre modèle de gestion et que chaque environnement édité doit donc être réinventé pour se fondre sur l'infrastructure spécifique du client.
Sous le joug de SAP, une grande majorité d'éditeurs ont jusqu'à récemment adopté la même stratégie de déploiement laborieuse, mobilisant des escadrons de consultants au cours d'interminables séances de conception avec les clients. À l'issue de ces sempiternelles réunions sont délivrés des dossiers de spécifications fonctionnelles alambiqués, véritables casse tête pour les équipes de développeurs. La note est proportionnellement salée, sans parler des plannings à rallonge qui caractérisent ces projets de longue haleine. De quoi décourager plus d'une entreprise, mais pas redorer le blason de l'ERP.
Le nerf de la guerre se trouve pourtant ailleurs et c'est ce qu'ont finalement compris des équipes d'intégrateurs visionnaires et décidés à en découdre avec des méthodes de travail obsolètes et chronophages. Leur volonté est partie d'un constat simple : lorsqu'on demande à des intégrateurs combien de temps il leur faudrait pour recréer de toute pièce un environnement détruit la veille du Go Live!, les réponses varient de 5 jours à 2 semaines tout au plus. Un cap, une péninsule même par rapport aux 15 à 24 mois de projet annoncés pour un projet global d'ERP. L'obstacle n'est donc pas technique mais bien conceptuel et se situe en amont du processus de déploiement lors de la constitution du cahier des charges.
Tout d'abord, ces pionniers ont privilégié des logiciels "caméléons", autrement dit des modèles d'environnements pré-paramétrés et flexibles, utilisables quelque soit les processus de gestion du client. Ainsi, nul besoin de repartir de zéro à chaque nouveau déploiement : les éditeurs déclinent un template déjà existant en l'adaptant à une terminologie métier ou en rajoutant des fonctionnalités manquantes. Le SaaS d'autre part, a permis de révolutionner ce petit monde, grâce à des solutions disponibles sur Internet et en abonnement locatif. Le temps des bataillons de consultants en déplacement est révolu : la conception fonctionnelle, le déploiement ainsi que toute la batterie des tests sont effectués à distance par les équipes techniques et commerciales, sous la supervision du client grâce à des outils de web-conférence gratuits. Non seulement ces nouveaux ERP en SaaS sont mis sur les rails dans des délais records, mais ils restent accessibles en permanence pour des mises à jours et montées de nouvelles versions même une fois le déploiement passé.
Sans surprise, le SaaS a eu un impact considérable sur l'évolution des mentalités et représente un gage de bonne presse pour les éditeurs dont les solutions toujours plus évolutives augurent de beaux projets à venir.
Laurent Salsé, dirigeant fondateur de Fitnet Manager