Christophe Vanackère avait succédé à Bertrand Boulet au poste de "Managing Director" de la filiale française en janvier 2016. Bertrand Boulet avait, trois ans auparavant, fusionné les opérations Agresso (Unit4 Business World) et Coda (Unit4 Financials) au sein de la filiale et posé les bases de la croissance de l'éditeur dans l'hexagone.
Ne voila-t-il pas que dès le mois d'août dernier, Christophe Vanackère a à son tour quitté le champion de l'ERP "self-driving", soit sept mois à peine après son arrivée ? Certes, on lui a proposé un poste alléchant, en l'occurence celui de CEO de Trace One(1) alors que chez Unit4 il n'était "que" directeur de filiale. C'est en tout cas l'explication officielle à ce petit jeu de chaises musicales. Une explication qui ne semble pas convaincre les communicants eux-mêmes, puisque l'agence de RP de Unit4 s'est sentie obligée de nous proposer un entretien de mise au point en présence des deux dirigeants, l'ancien, Christophe Vanackère, donc, et le nouveau, Jérôme Froment-Curtil, qui a accédé à ce poste l'été dernier.
Au vu de cette offre d'interview intéressante et originale, votre serviteur a bien entendu sauté à pieds joints sur l'occasion et accepté cette offre. C'est ainsi qu'il est arrivé par un frais matin dans une tour aseptisée du quartier de la Défense, accueilli par un Jérôme Froment-Curtil tout sourire. Mais de Christophe Vanackère point. L'entretien s'est déroulé de façon assez classique et routinière quand, lorsqu'au bout d'une demi heure il n'y avait toujours pas de Christophe Vanackère à l'horizon. Là, j'ai fait part de mon étonnement à mon interlocuteur. "Il n'a jamais été question de la présence de Christophe Vanackère à cet entretien", s'étonne-t-il à son tour.
Quoi ? On m'aurait menti ? Cherchez l'erreur...
Bref, force est de s'en tenir à la version officielle, donc : une opportunité a motivé le départ du dirigeant précédent pour des cieux apparemment plus cléments. Il ne nous a pas été loisible de nous entretenir avec Christophe Vanackère avant la rédaction de ces lignes.
24/10/2016 : Depuis, des échanges avec Christophe Vanackère ont pu avoir lieu et confirment cette version.
À lire ici.
Au niveau corporate
L'étonnement quant à cette valse des dirigeants vient de celle des dirigeants corporate, particulièrement intense depuis 2014 : en effet, on se souvient que quelques jours seulement après avoir brillamment animé la réunion internationale Connect de début 2016 (cf. World on !) le CEO Jose Duarte a quitté l'entreprise pour d'autres horizons, même pas trois ans après l'avoir intégrée. Il a été remplacé par Stephan Sieber, qui, s'il occupe encore ce poste, présente la particularité d'avoir rejoint l'entreprise en 2014, au poste de directeur de la stratégie et du développement. Mais il n'est pas le seul à être "un peu jeune" dans l'entreprise : il en va de même de Yann Leca, CFO, entré en 2016, de Will Blench, Chief Sales Officer, également entré en 2016, tout comme Christophe Haugen, EVP en charge de la stratégie et des opérations, encore entré en 2016. Gonçalo Leitão, EVP en charge des services, bénéficie de plus d'ancienneté, puisqu'il est entré en 2014, tout comme Ivo Totev, aujourd'hui CPO (Chief Product Officer), et... Jérôme Froment-Curtil. Mais Erik Tiden, CTO, qui a la lourde charge de toute la stratégie produits, est entré en 2015, tout comme Kara Walsh, DRH.
Léo Apotheker, ex-PDG de Hewlett-Packard, limogé de ce poste en 2011, est plus connu chez erp-infos pour avoir été, entre 2008 et 2010, le PDG de SAP, et auparavant le patron de la filiale française du géant de Waldorf. Aujourd'hui, il est membre du conseil d'administration de nombreuses entreprises, dont Unit4. Il est même le président de son conseil d'administration depuis cette année, mais l'a intégré en 2014.
Ceci explique-t-il cela ?
Toujours est-il qu'il y a une constante chez presque tous les dirigeants de Unit4 : ce sont des anciens de SAP, à commencer par Stephan Sieber, l'actuel CEO, et José Duarte, le précédent, mais aussi le nouveau directeur de la filiale française, Jérôme Froment-Curtil, qui, avant de rejoindre Unit4, à passé 6 ans chez SAP, dont 4 et demi au niveau de l'Europe sur les ventes, avec un rôle de définition de la stratégie de services. Mais ce ne sont pas les seuls : c'est aussi le cas de Gonçalo Leitão, Erik Tiden, Ivo Totev, Kara Walsh... la coïncidence est troublante. "Nous avons cependant aussi d'autres profils", se défend Jérôme Froment-Curtil. "Ce n'est pas une vocation, même si Léo Apotheker est président du conseil d'administration". Peut-être, mais ça doit aider un peu tout de même...
Une stratégie bien définie
Jérôme Froment-Curtil estime que cette valse des dirigeants, que ce soit au niveau corporate ou français, n'a aucune incidence sur la stratégie de l'entreprise, qui a, elle aussi, été définie en 2014, autour de la croissance, de l'innovation et de la "scalabilité". "Il faut aller chercher les talents à un instant t. Nous vivons dans un monde de transformation, mais la stratégie de l'entreprise ne change pas. Et mon rôle aujourd'hui est d'accélérer ce qu'a fait son prédécesseur", commente le dirigeant.
Jérôme Froment-Curtil, "Managing Director" de la filiale française de Unit4
En France en particulier, "nous souhaitons capitaliser sur les investissements réalisés pour croître et jusqu'ici cette stratégie est payante puisque nous sommes sur une croissance à deux chiffres", poursuit Jérôme Froment-Curtil. "D'ailleurs, l'une de mes priorités est de recruter les nouveaux talents pour assurer notre croissance. Notre deuxième objectif et d'accélérer l'approche verticale, dans trois secteurs que sont l'organisation des services professionnels, l'éducation et la stratégie best in class dans le monde des SRP (Service Resource Planning). Nous redoublons d'efforts sur ce pan d'activité". La France est attendue pour sa croissance, car sa part de marché demeure insuffisante : le dirigeant estime qu'aujourd'hui, Unit4 pèse 4 à 5 % du marché. "Nous pouvons croître beaucoup, notamment grâce à l'agilité que procure l'architecture de nos solutions, en phase avec ce que recherchent nos clients en matière de time to value. Ils sont à la recherche de solutions agiles".
Benoît Herr
(1) Fondé en 2001, Trace One a modernisé le secteur de la MDD en lançant une plateforme collaborative en mode SaaS pour la gestion des produits à marque de distributeur. Trace One est aujourd'hui plus qu'une plateforme : un réseau mondial comptant plus de 20 000 entreprises connectées.