Cyril Gollain, PDG et co-fondateur de Brainwave, décrit ainsi la mission de son entreprise : "nous aidons nos clients à identifier des risques liés à tous leurs actifs numériques et plus particulièrement à leurs ERP, de façon à s'assurer que seules les bonnes personnes y ont accès et qu'elles en font un bon usage". L'entreprise a été créée en 2010 à partir d'un triple constat, qui a convaincu les trois co-fondateurs d'un manque dans l'offre logicielle disponible : hétérogénéité des systèmes, multiplicité des risques et nécessité d'abandonner la surveillance en silos.
Tout d'abord, les actifs numériques des entreprises sont très hétérogènes, "avec certes des systèmes construits autour d'un ou plusieurs ERP mais auxquels s'ajoutent mainframe, legacy, applications développées en interne et, de plus en plus, le cloud computing", explique Cyril Gollain. Brainwave Identity GRC a donc été conçue dans le but de décloisonner l'ensemble de ces solutions et de gérer l'hétérogénéité à partir d'une solution unique : "Dans la même instance, la vision Brainwave à 360° des actifs numériques englobe l'informatique vieille de quarante ans (AS/400, mainframes), celle d'aujourd'hui (Salesforce, Google) et entre ces deux extrêmes, les ERP et les applications Microsoft".
Etude Euler Jermes - DFGC 2016
Le 2ème constat sur lequel est basée Brainwave est qu'une approche purement orientée cyber-sécurité n'est plus suffisante : la gestion des droits et des accès doit être complétée par l'évaluation des risques liés à la fraude financière, internes ou externes, et ceux liés aux vols de données. "En termes de méthodes employées (par les hackers ou les fraudeurs) et d'impacts internes ou externes en termes de réputation, nous sommes sur des familles de risques qui se ressemblent de plus en plus et qu'on doit traiter avec un outil homogène", estime Cyril Gollain.
Une analyse trans-systèmes
Enfin, la solution Brainwave a été conçue sur l'idée que les risques ne peuvent être bien analysés par une approche en silo : "nous avons par exemple des clients qui ont du SAP pour la partie supply chain et un autre progiciel pour le règlement bancaire. Une personne peut faire des choses tout à fait 'normales' dans chacun des systèmes" et donc passer sous d'éventuels radars mis en place dans chacune des solutions, "mais si on prend du recul, on se rend compte que la personne valide une commande d'un côté et le paiement de l'autre, alors que ce processus devrait être effectué à quatre mains". Brainwave permet donc de mener une analyse trans-systèmes des processus métiers "pour mettre en évidence des scénarios sophistiqués de risques potentiels liés aux habilitations". Elle permet également de révéler "des brèches avérées de séparation des tâches", autrement dit "des combinaisons toxiques de droits ayant été effectivement utilisées par quelqu'un pour circonvenir des contrôles à quatre mains".
Cyril Gollain, PDG de Brainwave
Brainwave Identity GRC est une solution on-premise, "la plupart de nos clients demandant expressément que les données ne sortent pas de l'entreprise", proposée sur un modèle de souscription, "dont la clé principale est liée à la taille de l'entreprise et au nombre de personnes auditées sur les systèmes". L'interface est un portail Web affichant les tableaux de bord nécessaires à la prise de décision, le système Brainwave n'écrivant jamais dans les systèmes des clients. Cette architecture client léger, ne nécessitant pas d'installation sur les postes, a par exemple permis "de mener récemment pour un client un déploiement dans 40 pays à partir d'une instance unique hébergée en France".
Inventaire, automatisation et résolution
Au sein de ce portail, trois grandes familles de fonctionnalités sont proposées : tout d'abord l'inventaire, incluant un état des lieux des accès aux solutions et aux données, une gestion du turn-over et le suivi des prestataires. Ensuite, les clients peuvent mettre en place une automatisation des contrôles pour s'assurer que les politiques de sécurité et de conformité sont bien respectées, et "rendre ces contrôles à la fois exhaustifs et continus, pour remplacer les méthodes d'échantillonnage souvent pratiquées par les auditeurs faute de moyens techniques". La dernière famille de fonctionnalités concerne la revue et le pilotage des écarts : "si l'automatisation des contrôles révèle un problème, la solution donne toutes les informations aux utilisateurs métiers pour une prise de décision : est-ce justifié ? Est-ce une anomalie qui doit déboucher sur une correction du système ? Faut-il mettre en place un exception et jusqu'à quand"
Capture d'écran de Brainwave Identity GRC
L'entreprise compte une quarantaine de clients grands comptes, dont Airbus, Engie, Crédit Agricole, Generali ou Radio Canada. Une part importante de ses clients est issue du monde de la finance, "très régulé et réglementé et donc plus mature vis-à-vis de ces problématiques" selon le PDG de Brainwave. Cependant, "le marché a évolué avec principalement maintenant des ventes dans l'industrie ou la grande distribution, qui n'ont pourtant pas de réglementation spécifique ou d'appétit pour la cyber-sécurité, ce qui démontre que la sensibilité générale aux risques s'est accrue". Il semblerait que la pression externe ait également augmenté, "les commissaires aux comptes exigeant maintenant des entreprises auditées qu'elles démontrent qu'elles ont mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour protéger leurs actifs financiers", souligne Cyril Gollain. Brainwave compte d'ailleurs, parmi ses clients, l'un des quatre grands cabinets d'audit, qui utilise Brainwave pour détecter les problèmes de mauvaise gestion des droits utilisateurs chez les clients audités.
Le PDG de Brainwave reconnaît que "les discours de prévention ne fonctionnent pas toujours et que l'entreprise qui rencontre un problème devient tout de suite beaucoup plus réceptive". La vague de transformation numérique, qui impacte bien sûr les technologies informatiques mais aussi grandement l'organisation des entreprises, constitue également une opportunité pour les solutions de GRC (Governance, Risk management, and Compliance) : "Cette perturbation provoque de nouvelles expositions ou prises de risques mais est aussi une occasion de rationaliser les actifs informatiques et de 'faire le ménage'".
Quand la sécurisation ouvre des services potentiels
Pour Cyril Gollain, sa technologie de sécurité et de lutte contre la fraude a même pu démontrer, sur un cas d'usage, un retour sur investissement positif : un client de Brainwave, dans la domaine de l'assurance, a mené à la fois une réorganisation interne et un changement d'interface vis-à-vis des clients finaux. "Brainwave a d'une part aidé à sécuriser cette phase de transition interne et d'autre part, en cassant les silos et en consolidant les bases clients, a permis d'offrir au client final une vision globale de son portefeuille de produits d'assurance, en son nom propre ou au travers de mutuelles d'entreprise".
Brainwave compte aujourd'hui une quarantaine de collaborateurs. L'entreprise est présente en Europe (Suisse, Luxembourg, Belgique, Royaume-Uni), au Maghreb et compte depuis cette année une filiale américaine basée à Toronto avec des clients au Canada et aux États-Unis. Son chiffre d'affaires annuel est de l'ordre de 4 millions d'euros, avec une croissance qui dépasse les 30 % par an. Les axes majeurs de développement de l'entreprise sont les marchés américains et européens, avec l'objectif de s'implanter en Allemagne en 2017.
Hervé Baconnet.