Pourtant, dans la réalité, vous êtes plutôt en classe affaire, assis sur le siège du milieu, loin du hublot, attendant fébrilement l'arrivée du plateau repas à la teneur sans doute un peu insipide. Le défi numérique est probablement sous-évalué, la raison est simple : il vient tout juste de commencer.
En fait, personne ne sait vraiment où placer l'ERP sur une carte
Aujourd'hui, les pays européens utilisent seulement 12 % du potentiel digital contre 18 % outre-Atlantique [1]. Sachant que nous n'utilisons que 5 % de nos capacités intellectuelles, rien d'étonnant, en somme... Pourtant, en toute objectivité, cela représente un point de croissance additionnel tous les ans sur la prochaine décennie ou un bonus de 2 500 milliards d'euros pour le PIB européen d'ici 2025. Alors oui, les dirigeants vont devoir s'y faire, le chemin est encore long.
Pendant un temps, les ERP ont permis d'accompagner ce changement. Ce n'est plus totalement le cas. De nouveaux usages se généralisent, de nouveaux modèles de rupture – disruptifs – apparaissent. Parallèlement, le travail devient ubiquitaire. Les solutions d'entreprises doivent donc s'adapter, passer d'une industrialisation des processus métiers à un recentrage sur l'humain. En résumé, la qualité de votre voyage en avion repose-t-elle uniquement sur celle du service à bord ? Oui, mais pas seulement.
Et si les détours permettaient d'arriver plus vite à bon port ?
Satya Nadella, CEO de Microsoft, a dévoilé son ambition dans une tribune publiée en juillet 2016 [2] : réinventer la raison d'être de l'entreprise. Son mantra est simple : la valeur ajoutée d'une solution d'entreprise ne réside plus seulement dans ses compétences technologiques mais dans son empathie, sa capacité à comprendre chaque métier, chaque situation, chaque environnement technologique. C'est désormais l'utilisateur qui a pris les commandes pendant que le pilote profite tranquillement du repas des premières classes. L'ERP doit se transformer en assistant personnel intelligent, capable de libérer dirigeants et collaborateurs des tâches répétitives pour leur permettre de se concentrer sur leurs tâches et leur laisser aussi le temps de l'innovation.
Pour atteindre cette ambition, la maîtrise des technologies de rupture est primordiale. Avec plus de 200 milliards d'objets connectés en 2020, dont 40,2 % réservés aux entreprises [3], les dirigeants vont devoir réinventer leur modèle d'affaire, repenser l'organisation de leurs Business Units ou créer une nouvelle architecture réseau.
Le BIM (Building Information Modeling), apparu il y a plus de 20 ans, est une rupture technologique qui a fait naître de nouveaux usages métiers. Les équipes de la maîtrise d'ouvrage opèrent dans une logique d'efficacité collective, pour une conception partagée où chaque acteur du projet agit en simultané, dans une cohérence globale en garantissant la montée en compétences de chacun. Un modèle à suivre ?
Mettre l'emphase sur l'utilisateur en mettant à sa disposition des technologies performantes, agiles et intuitives est un leitmotiv cohérent pour tout entrepreneur. Néanmoins, c'est un voyage difficile, qui vous mènera souvent en territoire inconnu. Alors oui, Philippe Pollet-Villard a sans doute raison quand il disait en substance : "ce n'est pas la destination qui compte mais toujours le chemin parcouru, et les détours surtout".
Devenir digital plutôt que de maîtriser ses outils ?
Comme l'expliquait Denis Meignan, directeur associé de KnowledgeConsult, dans un article récent [4] "Au final, il s'agit de permettre aux collaborateurs de faire évoluer leur manière de faire, comme de penser, pour les adapter au déploiement de la transformation digitale nécessaire pour leur organisation". La transformation numérique vient d'abord des employés et des managers qui les pilotent. Une prise de conscience importante qui doit partir de la direction générale, sans quoi il y aura toujours des turbulences vers l'entreprise réorganisée. Par ailleurs, il ne faut pas ignorer que cette prise de conscience doit être accompagnée d'un saut technologique vers des solutions adaptées aux réactions organiques de l'entreprise face au changement.
Comprendre les enjeux psychologiques, technologiques et organisationnels de la transformation numérique est une compétence clé pour maintenir un haut niveau de développement. Pour les acteurs de l'IT comme Prodware l'enjeu est double. Avant de faire comprendre ces enjeux à leurs partenaires, construire leur légitimité, ils devront d'abord s'auto-analyser.
Décoller vers la prochaine destination tout en anticipant la suivante...
Qui peut aujourd'hui mesurer la vague du digital, son amplitude et sa vitesse ? Pourquoi dépasse-t-elle même nos repères actuels ?
- Le mouvement continu des marchés globaux oblige les entreprises à s'adapter, voire à se transformer ;
- L'interconnectivité, entre les sociétés, les humains et les objets, adossée à une innovation toujours plus disruptive, réinventent les modèles économiques les plus robustes : Uber, Airbnb, Netflix, Blablacar, impression 3D... ;
- Mais bien plus encore, c'est la formidable capacité d'adoption de ces nouveaux usages qui démultiplie ce phénomène.
Devant ce paradigme majeur, le système d'information des entreprises ne doit plus être perçu comme une réponse à un état donné mais comme un vecteur d'adaptation des opérations de l'entreprise. Il doit donc être pensé et mis en place avec cette unique vocation.
Alain Conrard, CEO de Prodware Group
[1]Source: http://www.mckinsey.com/business-functions/digital-mckinsey/our-insights/digital-europe-realizing-the-continents-potential
[2] Source : https://www.linkedin.com/pulse/reinventing-business-processes-satya-nadella
[3] Source : http://www.intel.com/content/www/us/en/internet-of-things/infographics/guide-to-iot.html
[4] Source : http://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2016/06/11347-transformation-digitale-la-culture-dentreprise-doit-elle-aussi-evoluer/