Pour SAP, une entreprise est une PME si elle réalise moins d'un milliard de chiffre d'affaires et compte moins de 1 500 employés. On est déjà sur de la belle PME : rappelons la définition de l'Union européenne, pour qui une PME est une entreprise employant moins de 250 personnes et générant soit un chiffre d'affaires inférieur ou égal à 50 millions d'euros, soit un total du bilan inférieur ou égal à 43 millions d'euros (recommandation 2003/361/CE du 6 mai 2003). La définition élargie de SAP permet à Christophe Ceze, responsable des SME (Small and Medium Enterprises) et membre de l'équipe de direction française de SAP de marteler "80 % des clients de SAP sont sur ce segment, qui génère également 80 % des nouveaux clients". Un état de fait qui se conçoit aisément, puisque le géant allemand a depuis longtemps épuisé le segment des grands comptes, qui non seulement sont tous peu ou prou équipés de SAP, mais ne croissent pas beaucoup en termes de nombre. Rappelons que l'organisation SME de l'éditeur avait justement été créée pour mieux accompagner les PME.
Des solutions plus adaptées aux petites structures sont désormais disponibles, avec Business ByDesign et surtout Business One. "Nous avons plus de 50 000 clients Business One dans le monde", affirme Christophe Ceze. "Quant à S/4HANA, il s'adresse plutôt au haut du segment SME, via All In One", précise-t-il. "Les solutions sont désormais souvent packagées par secteur, pour que leur coût soit plus adapté aux PME", ajoute Cathy Daum, responsable "SME business and channel business", EMEA. Pour elle, "la transformation numérique commence par le cœur, c'est à dire l'ERP". Rappelons que la part de l'ERP dans l'activité globale de SAP est aujourd'hui tombée à 40 %.
Le segment SME est également très orienté partenaires : "70 % des clients font appel à un partenaire pour leur implémentation et pour leur accompagnement", constate Christophe Ceze. "Sur le bas du segment, nous sommes à 85 % en indirect et sur le haut du segment à 60 %".
Le cas Picwic
Pour illustrer leurs dires par un cas réel et concret, les SAPiens étaient venus accompagnés d'un client PME à leur récente conférence de presse : Pierre-Etienne Semelyn, en charge de la DSI et des travaux et membre du comité directeur de la société Picwic est venu faire part de son expérience.
De G à D : Cathy Daum, responsable "SME business and channel business", EMEA, SAP, Pierre-Etienne Semelyn, DSI de Picwic et Christophe Ceze, responsable des SME (Small and Medium Enterprises), SAP France
Picwic est une société de distribution spécialisée dans le jeu et le jouet. Créée en 1977 par Stéphane Mulliez, elle fait partie du groupe du même nom et compte aujourd'hui 24 magasins de 800 à 4 000 m2. Bien que ne communiquant pas sur son chiffre d'affaires, Pierre-Etienne Semelyn déclare que l'entreprise se situe dans la fourchette 100 à 200 M€, pour un effectif global de 450 personnes, mais pouvant aller jusqu'à 900 en période de pointe, comme aux alentours de Noël.
Concurrent direct de Toy'sR'Us et autres chaînes spécialisées, Picwic cherche à se différencier sur le marché en étant proche du client au travers de nombreuses animations, comme des goûters etc. "La notion de conseil et d'animation est importante : les acheteurs n'ont pas forcément connaissance de ce que peut apporter un jouet de tel ou tel type", ajoute le DSI. La concurrence est évidemment de plus en plus rude dans le numérique, même si Picwic se concentre sur le jeu traditionnel. Un Amazon, par exemple, "sait vendre du produit et du prix, mais ne sait pas donner du sens au cadeau qu'on va offrir", estime Pierre-Etienne Semelyn.
L'entreprise a initié sa "transformation numérique" il y a deux ans, en lançant une démarche collaborative avec les métiers, pour redéfinir les enjeux de mobilité, d'innovation, de 3D et d'intégration des nouvelles générations. "Tout ceci a des impacts au niveau des métiers, mais aussi et surtout au niveau de la DSI. Je travaille avec l'ensemble de mes équipes (8 personnes à la DSI NdlR) à la réorganisation, en adoptant une nouvelle approche, agile, des projets, une livraison des évolutions plus rapide, un accompagnement des équipes de la DSI pour les rendre plus autonomes et plus responsables", explique le dirigeant. "Nous avons une vision pragmatique, à la recherche d'efficacité, un cycle de décision court, mais peu de ressources, comme la plupart des PME".
Concernant SAP, Picwic l'a adopté en 2000. "Aujourd'hui, nous devons nous adapter à l'omnicanal et nous démarquer de la concurrence. C'est le véritable enjeu du projet de BI que nous menons. Pour ce faire, il nous faut négocier, trouver des compromis avec l'éditeur...", poursuit le DSI. Ainsi, après avoir consulté le marché, Picwic a décidé de poursuivre avec les outils proposés par SAP, en installant notamment Lumira dans ses magasins, car l'outil est simple. Les premiers tableaux de bord sont générés ces jours-ci, à l'approche de Noël, les collaborateurs en magasin concernés étant équipés de smartphones endurcis.
Pour la partie Web et vidéo, c'est Fiori qui a été retenu. "L'outil est réactif et permet d'attaquer toutes les données hébergées sur HANA. Le gros intérêt de Fiori et de HANA sera de mettre l'ERP sur des smartphones pour ainsi libérer du temps à la DSI et rendre un meilleur service à l'utilisateur final", précise Pierre-Etienne Semelyn. En ce qui concerne HANA, l'entreprise a négocié la partie BI (BW 7.4) et les négociations sont encore en cours sur la partie ERP, car il faudra passer d'une ancienne version 46C à ECC 6.0, un passage d'autant plus indiqué que la 46C n'est plus maintenue.
L'infrastructure sera hébergée sur des serveurs dédiés chez Oxya, qui assurera également la TMA (Tierce Maintenance Applicative). "L'infrastructure importe peu : ce que nous voyons, c'est un service et un coût associé", commente le DSI. Étonnamment, la saisonnalité n'a pas beaucoup d'incidence sur la charge des serveurs SAP centraux, ce qui justifie ce choix de serveurs dédiés et non du cloud, plus flexible. "En revanche, elle influe beaucoup sur les TPV en magasins", ajoute Pierre-Etienne Semelyn. Picwic fait appel à des intégrateurs pour l'accompagner dans ses projets, en l'occurrence Delaware Consulting pour la partie BI et Viveris pour la partie ERP.
Le projet BI s'est étalé sur six mois, y compris la partie technique chez Oxya et la partie alimentation de données. Elle se termine ces jours-ci. Quant à la partie ERP, il est également prévu qu'elle dure six mois, pour une fin prévue à l'été 2017. Interrogé sur le coût de ces projets, Pierre-Etienne Semelyn ne dévoile pas de chiffres mais s'en déclare satisfait, "sans quoi nous ne serions pas restés chez SAP. Nous avons consulté le marché et au final ce sont les utilisateurs qui ont choisi leur solution".
Benoît Herr