Crée en 1992 par Éric Courtin, aujourd'hui encore président du conseil d'administration, Trilogiq développait au départ des systèmes modulaires métalliques pour les industries automobiles, des équipements qui s'adaptent aux changements de rythmes de la production et aux changements de produits (équipements de bord de ligne, chariots, postes de travail, convoyeurs, racks pour le stockage, le rangement et le transport de pièces etc.). Ces équipements se composent essentiellement de deux éléments, des tubes et des connecteurs permettant d'assembler les tubes.
Aujourd'hui, l'entreprise s'est diversifiée et propose trois gammes de produits : la gamme historique, en acier, appelée Leantek, et une gamme à base de matériaux composites (base polyamide avec fibre de verre), lancée en 2014, appelée Graphit, avec deux déclinaisons. La troisième gamme, dont les ventes restent confidentielles, est à base de fibre de carbone. L'acier représente encore de l'ordre de 60 % de la production et le composite 40 %, une production réalisée pour l'essentiel à Cergy-Pontoise. Les quelque 30 personnes présentes à l'atelier peuvent fabriquer jusqu'à 40 000 connecteurs par jour grâce à 25 presses (21 presses bi-matières et 4 mono-matière), mais la vitesse de croisière s'établit plutôt entre 15 et 30 000 pièces/jour.
45 % de la production sont vendus en vrac, c'est-à-dire sous forme de produits non-montés, soit que les clients aient besoin de pièces et/ou sachent comment les utiliser, soit qu'ils veuillent monter leurs modules eux-mêmes. Le reste est livré sous forme montée, que l'on appelle "application" dans le jargon de l'entreprise. Ces applications peuvent être des servantes, des postes de travail, des "flowracks" etc. Pour ces applications, tout est paramétrable, depuis les longueur, largeur et hauteur jusqu'à l'architecture en passant par l'ergonomie et les équipements optionnels. Du vrai sur-mesures. Autour de ces applications, Trilogiq propose aussi une gamme de services, de bureau d'étude, de montage ou encore des stages de conception.
Un échantilon des trois gammes de produits
Pour réaliser ces applications, des éléments supplémentaires aux tubes et connecteurs sont nécessaires. Certains, comme les galets, ou les rails sont également fabriqués en interne, à Cergy-Pontoise. D'autres sont sous-traités ou achetés à l'extérieur, comme par exemple les moteurs et les batteries autour desquelles Trilogiq construit ses AGV (Automated Guided Vehicle), véhicules autonomes guidés par des bandes magnétiques collées au sol.
Cotée en bourse depuis 2006, l'entreprise compte aujourd'hui quelque 350 collaborateurs dans 20 pays différents (la France et 19 filiales), pour 56 M€ de chiffre d'affaires (mars 2016) annuels. Placée sous la houlette de son nouveau directeur général, Nick Tyler, nommé le 27 février 2017, elle réalise 80 % de son chiffre à l'export. À eux seuls, les États-Unis, première filiale à avoir été créée, dès 2000, pèsent 20 % de ce chiffre. D'ailleurs, l'un des derniers clients acquis est Tesla. Airbus, Air France, Dassault Aviation, Faurecia, Décathlon, Valeo ou Mondelez en sont quelques autres, parmi une longue liste.
Le projet ERP
En 2013, alors que la nouvelle gamme Graphit pointait à l'horizon, "nous voulions sortir de notre cloisonnement par métier et mieux maitriser nos délais de livraison client et les réduire", explique Pedro Garcia, directeur des opérations groupe. Le SI de Trilogiq reposait alors essentiellement sur le tableur Excel, avec lequel 300 références étaient gérées. Mais avec l'arrivée de la nouvelle gamme, il aurait fallu gérer 720 références. Il existait aussi une petite application Web de saisie de commandes et un progiciel de gestion de la comptabilité.
"Nous n'avions pas de gammes et ne savions pas calculer un prix de revient", se souvient Pedro Garcia. "Nous voulions aussi mieux connaître nos stocks, surtout ceux présents chez les sous-traitants, et les réduire et savoir gérer les nouvelles gammes de produits à venir. En outre, nous faisions énormément de doubles saisies, sources d'erreurs et de travail inutile".
L'alignement des presses, dans l'atelier
Un cahier des charges a alors été rédigé, avec l'aide d'un consultant extérieur et un appel d'offre a été lancé le 1er novembre 2013. Puis, tout est allé très vite : trois solutions ont été short-listées et des présentations aux huit utilisateurs pilotes organisées à la mi-janvier 2014.
"Leur choix a été sans appel : c'est Sylob9 qui est sorti du lot de la tête et des épaules. La solution couvrait 100 % de notre cahier de charges et son ergonomie a fait l'unanimité parmi les utilisateurs", poursuit Pedro Garcia. "Quant au prix, même si on souhaiterait toujours que ce soit moins élevé, il présentait le meilleur rapport 'investissement/fonctionnalités recherchées'. Et puis un projet de ce type est aussi une affaire d'hommes. Nous avons trouvé une équipe disponible et à notre écoute, ayant une vraie vision". Le 27 janvier 2014, le projet est signé.
Le mode d'implémentation retenu a été celui d'une mise en place progressive "pour éviter le Big Bang", avec en premier lieu la partie achats. L'objectif était de réaliser les achats avec Sylob à partir du 1er avril 2014. Sachant que le projet a véritablement démarré le 13 février 2014, il ne restait que six semaines : il a fallu être performant. Mais ce fut fait.
Puis, ce fut le tour des expéditions en France, le 1er juillet 2014. et de la planification et du suivi de production le 1er octobre 2014, ainsi que de la gestion de stocks et des expéditions vers les filiales. Enfin, dernière étape le 1er février 2015 avec la comptabilité et la facturation faits à partir de Sylob.
Pedro Garcia, directeur des opérations du groupe Trilogiq
Lors de notre visite des locaux de Trilogiq, nous avons pu nous étonner de l'absence d'écrans Sylob dans l'atelier de production. "En effet", a admis Pedro Garcia. "Mais il devrait bientôt y en avoir". Car le système est en évolution permanente. Aujourd'hui, Sylob est utilisé par 30 personnes en tout. Certaines fonctionnalités du progiciel ont été explorées mais non encore mises en œuvre, comme la qualité, la traçabilité ou la maintenance. Cela fait partie des projets que de les utiliser.
Au cours du projet, il n'y a eu qu'un seul développement spécifique, pour calculer les marges. "Mais en fait, nous ne l'utilisons pas. Et donc nous l'avons débranché et sommes aujourd'hui 100 % en standard", note Arnaud Lefrançois, responsable de la force commerciale chez Trilogiq. Certes, l'entreprise a dû revoir certains process pour s'adapter au standard, "mais très peu en fin de compte", se satisfait Arnaud Lefrançois.
Bilan
Après 18 mois d'utilisation de "tout Sylob", l'entreprise ne tarit pas d'éloges tellement elle se déclare satisfaite. Il faut dire qu'elle venait de loin avec son SI pour le moins rudimentaire.
"Aujourd'hui, nous partageons les informations de stocks, de production, de dates d'expédition etc. et ça nous a littéralement changé la vie", constate Pedro Garcia. Au niveau des délais de livraison, l'entreprise est passée en flux tiré et non plus en flux poussé, comme auparavant, des délais tombés à moins de 2 semaines contre 3 à 4 semaines auparavant.
La gestion du catalogue de 720 références se fait sans problème et les stocks ont été réduits de 400 000 euros. "En termes de productivité, l'ERP nous a fait gagner 3 260 heures annuelles, soit deux équivalents temps plein, que nous avons pu affecter à d'autres tâches", ajoute Pedro Garcia. Le système a aussi introduit beaucoup de souplesse : ainsi, lorsqu'une personne part en congés de maternité, il est possible de ne pas la remplacer et de dispatcher ses tâches de manière transparente.
Enfin, l'entreprise a aussi gagné en productivité sur ses achats, "20 % sur les pièces Leantek sous-traitées, car nous sommes désormais capables d'acheter nous-mêmes alors qu'auparavant c'était le sous-traitant qui le faisait", précise Pedro Garcia.
Et déjà des projets
Trilogiq n'entend pas en rester là, bien entendu : cherchant à devenir un acteur incontournable des structures tubulaires sur le marché mondial, elle va s'appuyer sur son nouvel outil pour cela et envisage de nouveaux chantiers, comme la refonte des prix de revient et la mise en place de l'EDI. Une connexion avec le configurateur en ligne, qui devrait voir le jour d'ici la fin de l'année, est également dans les cartons, "Sylob est devenu la référence : 'si ce n'est pas dans Sylob, c'est nulle part'", conclut Pedro Garcia.
Benoît Herr