Cloud, Watson, Open Source, Bluemix, Java, SQL... tels sont quelques-uns des "buzzwords" qui ont fusé lors des ces deux jours organisés par le constructeur dans son centre clients de Bois-Colombes à la mi-mai, septième édition de cette "Université IBM i" et sans doute la plus couronnée de succès.
Après quelques rappels, notamment sur l'ampleur des ressources de R&D consacrées à cette plate-forme, et une introduction par Jean-Christophe Knoertzer, VP France IBM Systems HW, et Christian Bonnafont, VP France Systems and commercial, Philippe Bourgeois, IBM i IT Specialist, a rappelé les priorités des utilisateurs d'IBM i en s'appuyant sur la désormais traditionnelle étude menée par la société Helpsystems sur le marché de cette plate-forme.
Et tout d'abord un chiffre : 94,6 %. Pour la troisième année consécutive, 94,6 % des entreprises utilisatrices considèrent que l'IBM i permet de bénéficier d'un meilleur retour sur investissement que les autres serveurs. Bon nombre d'entreprises ayant adopté cette plate-forme emploient un nombre réduit d'opérateurs et d'administrateurs, ce qui explique le faible TCO associé. Philippe Bourgeois note la grande stabilité des utilisateurs : bien souvent, les entreprises cherchent à quitter la plate-forme, cédant à des sollicitations diverses et séduites par les sirènes de solutions alternatives. Et bien souvent aussi, elles décident de la conserver voire même d'y revenir. Ce n'est pas une surprise, mais pour une plate-forme que l'on a maintes et maintes fois donnée pour morte, elle survit plutôt bien. Par exemple, la société de gestion des régimes complémentaires de santé et de prévoyance GFP, venue apporter son témoignage, s'était posé la question de son abandon il y a quelques années et a fait le choix de conserver le i.
Évolution et non révolution
L'architecture de l'IBM i est ainsi conçue qu'elle s'adapte à toutes les technologies nouvelles sans nécessiter d'adaptation, grâce notamment à son interface machine indépendante de la technologie. Philippe Hans, product manager, insiste-t-il par exemple sur l'intégration de l'Open Source : "selon l'Observatoire Open Source France d'IDC, 84 % des organisations utilisent l'Open Source et il y a une évolution marquante des ressources attribuées à l'Open Source, en augmentation de 13 %", explique-t-il. Ainsi, Apache, PHP, Python, git, OpenSSL, chroot, node.js ou encore MySQL font-ils désormais partie du vocabulaire et surtout des possibilités de la plate-forme. L'apparition de l'Open Source sur l'IBM i, généralement considéré comme une plate-forme propriétaire, peut surprendre. "Permettant l'ouverture, l'Open Source ouvre de nouvelles possibilités", explique Philippe Bourgeois. "En outre, on trouve beaucoup de compétences sur le marché et le mariage avec l'existant, qu'il s'agisse des données ou des programmes, est facile".

Bluemix est une plateforme cloud basée sur des standards ouverts, permettant de construire, d'exécuter et de gérer des applications Web, mobiles ou encore IoT (Internet of Things) et de consommer des services. En l'utilisant, l'intégration dans les applications i de prévisions météo, de tendances issues des réseaux sociaux, la conversion de documents ou encore la traduction de textes devient très simple. Couplé à Watson, plate-forme technologique utilisant le machine learning pour révéler les idées enfouies dans de grandes quantités de données non structurées, les possibilités deviennent plus vastes encore. Quant au cloud et à la virtualisation, les technologies et middlewares Power permettent de créer des environnements de ce type. L'offre de services managés du constructeur vient compléter le dispositif.
Les possibilités sont telles qu'à ceux qui affirment que la plate-forme reste fermée au monde extérieur on a envie de demander si ce n'est pas plutôt le monde extérieur qui reste fermé au i.
Les priorités
Helpsystems constate que les préoccupations des utilisateurs de i en matière de sécurité informatique sont deux fois plus nombreuses que dans les précédentes éditions de son étude, soit 71,3 % contre 33,1 % l'année passée. C'est la première des priorités. En la matière, Philippe Bourgeois a détaillé les nouveautés du système d'exploitation, notamment le contrôle d'accès niveau ligne et colonne (RCAC) et a peu ou prou dispensé les mêmes conseils que Frédéric Saulet, directeur régional Europe du Sud de LogPoint, dans sa tribune que nous avons récemment publiée ici.
Suit la haute disponibilité, qui préoccupe de plus en plus d'organisations (Seuls 48,8 % des utilisateurs ont mis en place une solution de haute disponibilité), puis la sempiternelle modernisation des applications et l'accès aux compétences spécifiques de la plate-forme. Ce n'est qu'après que l'on retrouve des préoccupations plus classiques des DSI, comme la croissance des données ou la réduction des dépenses.
Quels outils de développement sur i ?
Le RPG (ou GAP), langage historique et propriétaire, demeure largement majoritaire sur la plate-forme (88,3 %). Mais, avec 75,6 % des entreprises qui l'utilisent, le SQL passe devant le CL (langage de contrôle – 46 %). Viennent ensuite Java (43 %), .Net (24,2 %), PHP (20,7 %), COBOL (15,6 %) et C++ (13,6 %). Beaucoup d'outils très à la mode, donc. Et puis il y a RPG et RPG : le RPG d'antan est dépassé et progressivement abandonné. Aujourd'hui on code en RPG Full Free avec l'éditeur RDi (Rational Developer for i).
Chez GFP, par exemple, en 2012 les applications étaient encore développées à l'ancienne (RPG III, RPG IV etc.), la base de données n'était pas normalisée ni ouverte, ce qui ne permettait pas d'exposer les applications en mode SaaS et manquait d'agilité. Depuis, les choses ont évolué et aujourd'hui la base de données est en cours de modernisation, les développeurs font du SQL RPG du RPG Free, du PHP et du Java. En outre, l'entreprise utilise des services Web, RDi et le développement agile. Elle recrute de jeunes diplômés et stagiaires et les forme soit en interne soit en externe (chez OCSI – voir infra – ou IBM).
De nombreux progiciels – plus qu'on croit – ERP en particulier, comme M3 (ex-Movex) d'Infor ou des systèmes franco-français comme Minos Business Suite d'Ordirope (groupe Gfi) tournent encore et toujours en environnement i. Mais il semble que l'on développe aussi beaucoup, dans cet environnement. Si l'on en croit l'étude réalisée par PAC, le CXP et Fraunhofer pour la Commission européenne dont nous nous sommes fait l'écho récemment (cf. Quel rôle pour les logiciels et services en Europe) le montant des dépenses liées au développement de logiciels en interne représente 20,3 % de l'en semble des dépenses consacrées aux logiciels et services IT, c'est-à-dire une part significative et le i y apporte une bonne contribution.
Du sang neuf
À l'époque de l'AS/400 déjà, l'un des principaux soucis de la plate-forme était le renouvellement des compétences. En effet, aucune école d'ingénieur ou presque n'enseigne le RPG ou le CL, leur préférant des langages plus en vogue et largement répandus, variables en fonction des époques. Pour se former, hormis le constructeur et quelques organismes spécialisés, il n'existait guère de solution.

Mais aujourd'hui, à l'initiative de l'ESN OCSI (Organisation et Conseil en Système d'Information) et plus particulièrement de son entité spécialisée, baptisée Fori, une pépinière IBM i été lancée, plan pédagogique à l'appui. Le cursus des jeunes ingénieurs s'articule autour de deux axes : les principaux langages de programmation de la plate-forme et la modernisation, avec les outils Open Source et les architectures SOA/WOA. Depuis la création de cette pépinière, 40 personnes ont été formées et la promotion sortante compte 12 personnes (voir photo).
Loin d'être sur le déclin et malgré des coups de boutoir assénés de toute part, l'IBM i non seulement résiste, mais s'adapte aux nouveautés technologies et suscite des vocations.
Benoît Herr